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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 13:59
Vous l'attendiez depuis fort longtemps, il faut bien reconnaître que sous la pression de vos mails, textos et appels en tout genre, je me trouve contrains de rendre les armes. Vous avez gagné, voici :

L'AMT , les yeux dans la course, 1ère partie..


 

ANNAPURNA BASE CAMP (Alt 4 130 m) - TADAPANI (Alt 2 620 m), 42 km, Jeudi 17 Avril, 13h50,

Cette première étape est enfin terminée mais que ce fût dur et éprouvant. Tout avait pourtant bien commencé en ce tôt matin du 17 Avril. Lever à 4h, départ une heure plus tard pour affronter les rigueurs du froid mais qu'importe, quelle pureté, quelle beauté, nous étions tous fascinés par cette atmosphère et cette grandeur. L'excitation était à son comble quand à 7h pétante le départ de cette 8ème Annapurna Mandala Trail fût donné. Le groupe de 50 "foureurs" se laissant d'ailleurs gagné par une euphorie galopante et son ténor aussi, puisque Phu, le bien nommé, se broya la cheville au prix d'un départ canon  et s'effondra aux pieds d'escaliers rendus trop glissants. S'en était donc déjà fini, après une toute petite poignée de secondes pour ce merveilleux Népalais, archi favori de cette course. Aussi, subitement, étonnamment, la cinquantaine de foureurs semblèrent retrouver un peu de raison et pactisèrent pour un début d'épreuve plus modéré. La descente vers CHHOMRONG (Alt 2 010 m) se deroula de fort belle façon pour les 7 réunionnais qui trouvaient ici leur terrain de jeu favori : pierres, branches, racines, rochers glissants, tout était réuni pour faire de cette première étape une belle réussite sportive...
















Les trois premières heures me procurèrent à titre personnel un plaisir intense, les jambes répondaient "présentes" et les sensations étaient bonnes. Je suivais l'excellent tempo donné par dalon Yan, tout se passait à merveille, les paysages s'enchaînaient en nous innondant de bonheur... Somptueux, merveilleux, grandiose... jusqu'à ... CHHOMRONG et ses terribles escaliers (pas glissants ceux là) qu'on comptait par centaine. Yan commencait alors à tourner les jambes plus vite, haussait le ton tandis que je sentais mes épaules s'alourdir et se rapprocher peu à peu du sol... Il faut dire que l'écrasante chaleur n'arrangeait pas les choses ! Je choisis alors de me faire distancer (je devrais plutôt parler de non choix !) et de gérer la fin de course à ma guise.
Au sommet du village, j'optais pour une descente "à l'économie", conservant en point de mire, le grand Stef, le petit Yan, et les 2 adorables coureuses népalaises, Lapka et Nigma. Le mercure continuait de grimper à mesure que je descendais vers la rivière (TIBUJE KHOLA). Le moral lui remontait d'un demi cran jusqu'à ces maudits 800 m de denivelé positif que j'avais occulté. Il faut dire que le sage et expérimenté Pascal Sherpa nous avait prévenu lors du brief d'avant course : "gardez en sous le capot, les amis, cette dernière ascension est redoutable pour celui qui a présumé de ses forces"... tiens, on parle de moi, là, celui qui a présumé du machin, c'est bien moi ! Mon calvaire allait durer de longues et interminables minutes. Couché, debout, à quatre pattes, en avant, en arrière, avec bâton, bouteille de coca dans la main droite puis la gauche, sur la tête, rien n'y faisait. C'est épuisé, sans énergie, vidé, lavé, rincé mais pas ébroué que je regagnais TADAPANI après 6h40 de course. La joie de retrouver le groupe et le sourire carnassier de Yan me réconcilièrent avec l'AMT, pas déçu au final de terminer 10ème avec d'aussi belles images dans la tête et pas que...

























TADAPANI (Alt 2 620 m), DANA (Alt 1 450 m), 37 km, Vendredi 18 Avril, 13h10,

Oui, vous l'aurez remarqué, j'écris ces quelques lignes assez tôt dans l'après-midi, c'est donc plutôt bon signe... Je suis AUX ANGES. Cette deuxième étape fût extraordinaire de plaisir, de bonheur, de "facilité". En course à pied, il y a des moments où sans trop savoir pourquoi, on s'envole. Et bien moi, c'était ce jour là (je ne le savais pas encore, mais il n'y en aura pas d'autres !). Je regrette de n'avoir pu à cet instant précis, gratter un millionnaire, tirer 7 numéros au hazard ou placer mes modestes économies dans les mains expertes d'un courtier en bourse. Qu'importe, le bonheur est ailleurs, et ce jour là, il était dans la montagne (à défaut de pré).
La première montée de l'après petit déjeuner fût pourtant difficile mais immédiatement les choses s'arrangèrent : la majestueuse chaîne Himalayènne nous faisait face ainsi que les impressionnants sommets qui ne manquaient pas de nous narguer en nous prenant de haut. Et puis y avait Bruno qui à coup de " bouges toi, bordel, t'es qu'une larve, avances putain mec, allez, secoues toi, YEAHHH, OUCCHHH, MUUUM"... coupez, la suite ne serait plus convenable. Remarquable coureur ce Bruno P. (qui préfère conserver l'anonymat), un battant, un pur, un dur, comme on n'en trouve plus beaucoup de nos jours et qui n'hésite pas à s'invectiver de manière peu courtoise... C'est donc à trois (puisque Dalon Yan n'est jamais trop loin) que nous décidions d'unir nos forces pour nous lancer à l'assaut de POON HILL (Alt 3 210 m) et de son formidable panorama. Moments sympas puisqu'en redescendant de la colline, nous pûmes croiser les poursuivants et échanger quelques mots de sympathie, mots un peu crispés de Stéf le grand, Pascal, Stéf le militaire et Sylvain qui avaient opté pour un itinéraire plus sinueux et donc forcément plus long... C'est alors que "regonflés", stimulés par cette option payante, nous nous lancions à batons rompus dans cette interminable descente qui nous emmenaient 2 000 m plus bas vers TATOPANI (Alt 1 190 m).















L'arrivée n'était plus très loin et malgré la chaleur, je parvenais à hausser le rythme. Bruno P.  semblait dans un état de grâce, grâce qui était très loin de m'atteindre, je savourais malgré tout l'instant présent en adressant des euphoriques "Namasté"  à tout bout de champ (tiens on se rapproche du pré), des sourires remplis de reconnaissance... merci, merci infiniment de nous accueillir d'aussi belle façon. Les Népalais sont des gens merveilleux que je vous invite à rencontrer, c'est garanti, plaisir assuré. Où en étais-je ? oui... DANA la belle nous tendait les bras et son superbe lodge avec . S'en était donc terminée de cette formidable deuxième étape qui restera longtemps gravé dan mes neurones. 4h57 pour boucler la boucle qui n'en était pas vraiment une, demandez d'ailleurs à Deepak, l'autre favori de la course ce qu'il en pense, lui qui a ommis d'aller prendre l'air à Poon Hill et hérité de 2 h de pénalités (décidemment, il ne fait pas bon d'être favori sur cette AMT...). Ainsi est fait le réglement. Pour ma part, je prenais une inespérée 5ème place, à 20 petites minutes du vainqueur, sa sainteté Sonam 1er.

  

DANA (Alt 1 450 m) - MARPHA (Alt 2 650 m), 34 km, Samedi 19 Avril, 18h20,

Vous l'aurez compris, il est 18h20... cette étape s'est très mal passée. D'abord, le parcours, de longs et CHI... faux plats. De la poussière, du soleil, de la monotonie, on se serait crû sur le Marathon des Sables. Je suis bien plus à l'aise en milieu montagneux et cette étape au milieu des cailloux et au dénivelé sans saveur (un petit 2 200 m) me restera longtemps coincé en travers du gosier. Bon, soyons honnête, ce qui m'aura le plus handicapé aura été le "je vous laisse choisir votre intinéraire, plusieurs sont possibles, à vous de trouver le bon" de Bruno P lors du briefing de la veille... Mouais, et évidemment, à ce jeu là, je ne suis plus grâcieux du tout. Jambes lourdes, esprit embrumé et faux rythme m'ont emmené tout droit vers le mur, et pas du son, ce coup ci ! Vous rajoutez une pincée de piste en plus et vous obtenez un très mauvais crumble. Dans les choux le Seb mais bon, il faut accepter les coups de "moins bien" pour encore mieux apprécier les belles perf. J'ai pas été mauvais sur tout les tableaux, mon canon a décoché des superbes flèches, alors profitez en...






Allons, restons sport et reconnaissons tout de même que cette étape fût également très belle malgré mon modeste 15ème temps en un peu plus de 5h de galère. Je ne bouderais finalement pas au plaisir de déambuler dans les formidables ruelles de MARPHA (Alt 2 650 m) et de m'arrêter en compagnie de Yan, Cédric, Flore et Stef (le notre cette fois-ci) pour savourer un merveilleux crumble accompagné d'un thé tibétain aux arômes exquis. Tourisme vous avez dit tourisme...

  

MARPHA (Alt 2 650 m) - MUKTINATH (Alt 3 800 m), 24 km, Dimanche 20 Avril, 16h00,

Du lourd, du très lourd cette 4ème étape qui devait nous faire décoller à près de 4 000 m d'altitude. Tout a bien commencé ce matin depuis MARPHA où notre pilote préféré pointait le doit vers le haut en nous répétant de façon à peine audible "courez vers le ciel", ou quelque chose dans le genre. Ouais, avant de prendre de la hauteur, fallait d'abord passer par JOMSON (Alt 2 760 m) où j'appercevais fébrilement la piste d'envol... 400m de long, petit tremplin oppotunément érigé en fin de tarmac et adroitement positionné à l'aplomb d'un énorme effondrement ! Notre retour en avion à la fin du séjour s'annonce musclé. Bref, je me reconcentre sur l'objectif du jour, gagner MUKTINATH les alvéoles élargies et la bouche aussi grande qu'est la beauté de ce pays. Quelques frayeurs ont parcouru mon esprit lorsque nous fûmes contraints de suivre les méandres de la rivière KALI GANDAKI mais se sont rapidement dissipées à l'approche de KAGBENI (Alt 2 840 m) où le sentier s'est enfin décidé à relever le niveau (le courbe !). Stef le grand (alias Denis RICHE) ne partagera pas mon avis, lui qui, comme il l'exprime si bien, part à la manière d'un cheval de course pour finir à l'instar d'un vulgaire mulet.. Les 43 anes classés derrière lui apprécieront la métaphore !



 
















C'est en longeant la merveilleuse vallée du MUSTANG (on retrouve nos fameux chevaux !) que nous atteignons avec un bonheur indescriptible les villages de JHARKOT et MUKTINATH. Vraiment, sans tomber dans le sensatio-extra-méga-fabulo-merveillo-avouscoupélespato, je dois bien reconnaître que ce que je vis dans l'instant est EXTRAORDINAIRE. Merci aux miens, mes parents, mes enfants et à ma moitié de me laisser savourer égoïstement ces moments de pur bonheur. Je pense très fort à vous et ne souhaite qu'une seule chose : vous avoir ici et maintenant pour partager cette fabuleuse aventure.


















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