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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 08:14
Comment cette aventure a-t-elle bien pu se terminer ? voici l'épilogue de cette AMT 2008 que d'aucun qualifie de course du siècle...

L'AMT , les yeux dans la course, dernière partie..


 

MUKTINATH (Alt 3 800 m) - MUKTINATH (Alt 3 800 m), Lundi 24 Avril, 17h50,

Journée de repos extrêmement salutaire pour tous les coureurs. Il faut dire qu'après 7 journées consécutives d'effort "altitudinesque", les troupes avaient grand besoin de se ressourcer. Cette étape est donc parfaitement placée pour "refaire le plein d'énergie" mais également pour s'acclimater à l'atitude. Séances photos, contrôle médical, visite d'un temple Hindou et pour finir petite balade d'acclimatation (histoire de "tourner les jambes" qui avaient tendance à s'enkyloser, les pauvres !). Pour l'instant, et on croise les jambes, notre adaptation à l'altitude est excellente (ma tension n'a jamais été aussi basse... mais comment être stressé dans un tel environnement ? ).


 

 


















MUKTINATH (Alt 3 800 m) - MANANG (Alt 3 540 m), 35 km, Mardi 22 Avril, 14h20,

Et bien la voilà, la fameuse étape qui nous faisait tant peur... et on comprend mieux pourquoi : lever à 3h du matin pour un départ à 4h avec au menu l'ascension du THORUNG LA situé à 5 416 m d'altitude... Pour moi et mes dalons qui n'avions jamais franchi le cap des 3 070m, c'est un sacré saut ! L'appréhension est forte cette nuit lorsque nous nous élançons à l'assaut du plus haut col du monde. Nous disposons d'un temps maximum de 5h pour atteindre le point culminant de l'étape, le chronomètre n'intervenant donc pas pour cette première partie. La course est ainsi neutralisée afin d'éviter des grimpettes trop rapides (rassurez vous, je n'y songeais même pas) et de risquer le trop célèbre M.A.M (non, pas notre vénérée ministre mais le redoutable Mal Aigü des Montagnes). Et pourtant, en dépit de ces précautions, nous avons frôlé la catastrophe. Fabien, notre caméraman (avec à son actif des dizaines de sommets à plus de 5 000), et Sylvain, ont connu des sueurs très très froides... Le premier, à quelques centaines de mètres du sommet, s'est senti divagué et à sollicité de l'aide pour accomplir ses derniers pas (aussi lourds mais hélas moins célèbres que ceux de son illustre accolyte, Armstrong !) "J'ai vu ma vie défiler et ai commencé à pleurer, sans raison" nous narre-t-il à l'arrivée avec une immension émotion. "Je ne savais plus où j'allais, je me sentais partir d'une lente et douce mort. C'était agréable, je me trouvais dans un état second". L'oedème cérébral était tout proche... merci à ceux qui se trouvaient à ses côtés à cet instant et qui lui ont sans doute sauvé la vie. 

  















Pour le second, Sylvain, l'ascension ne fût pas une résurrection mais davantage un vrai chemin de croix... Dès les premiers hectomètres, son pas devînt incertain, mal assuré, son rythme baissant de plusieurs crans : ^*£ù@-^$£}+°  me glissa t-il entre deux respirations difficiles. La suite fût moins drôle. Violents maux d'estomac, douleurs à la tête, nausées et perte d'équilibre. Dans la descente du col, Sylvain vacille, dérape et chute de plusieurs mètres dans un ravin. Par miracle, il contrôle comme il peut sa descente aux enfers et parvient à ébranler la loi de la pesanteur. Un sherpa vole alors à son secours et le hisse sur la terre ferme. Notre Sylvain repart, très secoué, égratigné mais surtout bien conscient que le pire a été évité de peu.  Ces accidents montrent qu'en montagne tout peut prendre des proportions dramatiques. Lapka, l'une des deux coureuses Népalaises, et pourtant accoutumée à ce milieu, a elle aussi vécu une étape des plus difficiles. Le Mal des montagnes n'épargne personne, même les plus aguéries.
Au regard des événements de cette journée, je ne parlerai ni de chrono, ni de classement, cela n'aurait aucun sens. Ma course s'est bien déroulée, j'ai surtout pris un immense plaisir à évoluer dans ces montagnes magiques, puissantes, féériques.


Marathon de MANANG (Alt 3 540 m), 38 km, Mercredi 23 Avril, 16h00,

Réaliser un marathon à cette altitude... je ne pensais pas que ce serait possible... et pourtant, nous l'avons fait. La tâche fût ardue car accomplir ces 38 kms dans de telles conditions et avec un dénivelé positif de près de 1 200m, c'était loin d'être gagné. D'autant que ma forme du matin était tout sauf en forme, justement : rhume, début de fièvre, gorge irritée, bref, le diagnostic n'était pas fameux. L'autre difficulté s'appelait Stéphane, qui comptait une petite trentaine de minutes de retard sur mon temps au général. J'étais loin d'être serein d'autant que le peloton optait pour partir à une allure vertigineuse, bluffé par notre Stéphane à nous, bien décidé à brouiller les cartes et auteur d'un cent mètre à "la Ben Johnson"... Les premières foulées fûrent difficiles, ce départ canon m'asphixiait. Le seul objectif que je m'étais assigné était de suivre le grand stéphane coûte que coûte. Le moindre centimètre perdu pouvant vite se convertir en de nombreuses minutes, il allait falloir "s'arracher". La sixième place au général se jouait aujourd'hui, ce serait donc la seule étape où "j'allais la jouer vraiment compet", occultant ce que j'étais venu chercher, des images, du plaisir et du bonheur plein la tête.














Les dix premiers kilomètres furent extrêmement roulants me permettant de conserver mon adversaire du jour en ligne de mire. La première bosse du parcours allait s'avérer déterminante pour jauger de notre état de forme respectif. Et à priori, mes jambes "répondaient mieux", de bonne augure pour la suite, pensais-je. Prudemment, je décidai de me transformer en Ulrich en restant sagement dans sa foulée, conservant du "jus" pour l'assaisonner un peu plus tard... Et justement, quelques kilomètres plus loin, se dressait un immense mur. L'heure de vérité avait sonné et le glas pour Stéphane aussi (...) . Le mental gonflé à bloc, j'accélérai le pas et volai vers les sommets. Du plaisir dans l'effort et la récompense de consolider et d'assurer ma 6ème place au général. De fait, la fin de l'étape devînt grandiose, merveilleuse, jouissive. Mes sensations atteignant le nirvana, merci Bouddha.
Cette journée fût sublissime, et pas seulement pour les 4h09 réalisées... ce que j'aime cette insousciance, cette quiétude qui semblent habiter nos hôtes, ces "namaste" à tout bout de champs. J'adore ces hauts somets, cette nature, puissante, forte, indestructible et si fragile à la fois... J'AIME CE NEPAL !
  



MANANG (Alt 3 540 m) - Hight Camp (4 800m) - JOMOSON (2 750 m), 2 étapes de 18 kms et 30 kms environ, Jeudi 24 et vendredi 25 Avril,

ça y est, c'est fini ! beaucoup de choses à raconter depuis hier. Très difficile journée de jeudi avec une sérieuse grippe qui m'a cloué au lit une bonne partie de l'après midi. Il faut dire que je la sentais venir depuis le marathon de Manang. Douleurs de tête, fièvre et fatigue m'ont sérieusement handicapé lors de l'ascension du HIGHT CAMP (4 800m). Ainsi, après un départ prudent, j'ai commencé à ressentir une sorte de pression qui me "scotchait au sol" et de multiples vertiges. La sagesse m'a alors incité à réduire l'allure (avais je d'autres alternatives ?) de manière à "regagner l'écurie" sans trop de dégâts. Je savais que le final serait rude et que la dernière ascension vers les 4 800 m s'annonçait comme redoutable mais je savais aussi que la difficulté nivellerait les vitesses de chacun. Il fallait donc limiter "la casse" et réduire les écarts, ce que je parvîns à faire. Le panorama offert sur cette étape fût merveilleux, jugez en par vous même :


Je passai mon après-midi consigné dans ma chambrée, allité et tremblant de sueurs. Ma grippe semblait prendre une mauvaise tournure. Par bonheur, Maryse, le médecin de course, me prodiguait les soins nécessaires et me "remit sur pieds" pour la dernière étape, grand merci à elle pour sa gentillesse et sa compétence. La nuit passée à A.M.B. (Altitude Mont Blanc) fût parfaite et me permît de bien me reposer. J'étais alors "d'attaque" pour ce lever à 4h15 et de nouveau prêt à affronter ce nouveau passage au THORONG LA (5 416 m). Le début de course fût difficile, l'apoxie n'étant décidément pas ma meilleure compagne en cette fin d'AMT. Pas grave, l'objectif de ce dernier parcours était, outre de repousser les assauts de mes poursuivants immédiats au général (Stef et Pascal), mais bien davantage "d'en prendre encore une fois plein les mirettes".  Je m'efforçais donc de respirer à plein poumon cet oxygène de bonheur, à m'imprégner de chaque molécule de plaisir, à ouvrir tous mes sens pour savourer, humer, jubiler et m'extasier devant de telles merveilles.
Ne m'en voulez pas trop mais je préfère garder mienne cette fin d'aventure, juste pour moi.

Cette A.MT. restera sans l'ombre d'un doute la course la plus difficile mais aussi la plus merveilleuse qu'il m'ait été donnée de vivre. Merci donc à Bruno P. (cet illustre anonyme...) et à BASE CAMP TREK pour sa parfaite organisation, merci aux coureuses, aux coureurs, trekeuses, trekeurs, pour avoir donné autant de relief à cette aventure, merci enfin à tous les miens de m'avoir permis de réaliser ce petit rêve et de l'avoir partager avec moi.

"Il n'y a point de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin" (Bouddha).

Je dédie ces quelques lignes à un ami que je n'ai pas eu la chance de connaître mais qui restera présent à nos côtés. A toi, NIL.




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commentaires

G
Merci Seb pour ce superbe récit de vos aventures et de la tienne en particulier, merci pour tes images et l'envie que tu donnes de visiter le Monde et ses humains...J'en profites pour saluer toute cette belle équipe A2R et vous dire "à bientôt"Encore toutes mes félicitations à vous et merci encore pour cette course sage et magique 
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