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31 octobre 2006 2 31 /10 /octobre /2006 19:28

Jeudi 16h, l’équipe DCAM A2R III se retrouve au grand complet pour l’ultime concentration. Léger repos au programme, Flo dans le hamac comme d’hab…

 

19h, je décide de ma lancer pour de bon dans la préparation de mon sac (2l d’Hydrixir, 2 amélix, des brownies et gâteaux Oréos, compotes constitueront mon casse-croûte pour la montée du Volcan)

 

20h, plâtrée de pasta pour tous

 

21h, ptit café & séance photo d’avant course, ahah profitez les gars, vous rigolerez moins dans 20h…

22h, Tatie Patricia vient nous chercher en Mercedes SLK, le grand luxe, faites place ! Flo est déchaîné dans la voiture, les vannes fusent, on l’arrête plus… le stress ? ou bien les 10 dextroses déjà absorbés ?

 

23h30, vérification des sacs et enregistrement, ça y’est, nous passons de l’autre côté… Merde, impossible de s’asseoir sur ces cailloux pointus ! Nous retrouvons nos collègues A2Riens, derniers conseils, nous apercevons Thierry qui a le droit aux places d’honneurs devant le Peloton.

 

0h40, l’équipe DCAM A2R III, soudée, va se placer au départ, dans la 2 ieme moitié. Pas trop de stress, un peu d’appréhensions devant l’inconnu que représente une course de cette longueur, mais surtout une grande envie d’en découdre enfin, après une année de préparation, d’efforts et de plans tirés sur la comète !  

 

1h les fous sont lâchés !! waouou quel moment intense et impressionnant ! On se laisse quasiment porter sur 200 m tellement nous sommes serrés les uns aux autres ! puis on peut commencer à allonger la foulée. La compet’ reprend le dessus, je me concentre sur mon effort. Objectif : 1h30 au kiosque de la route forestière

 

VOLCAN

 

Les 15 premiers km sont agréables, pente douce, chemin large, temps frais… A la faveur de quelques lacets nous arrivons à apercevoir l’énorme chenille des 2200 lampes frontales… superbe ! Je psycote sur les petites douleurs qui apparaissent et disparaissent… et croise les doigts pour que la tendinite n’arrive que le plus tard possible.

 

Au départ du GR, je suis seul. Je dois être dans les 150, c’est l’idéal pour ne pas choper de bouchon. Très vite, je récupère les suivants et me colle à leur allure… C’est dangereux, le rythme m’endors un peu, et voyant des concurrents nous doubler, je leur colle aux baskets pour récupérer un autre train. La montée est délicate à gérer dans la mesure où il faut sans cesse essayer de doubler pour se caler sur une allure qui nous convienne.

 

Le jour se lève et la rougeur de l’éruption est bien visible, c’est féerique ! Léger ravitaillement en eau à Foc Foc, ça caille, faut pas se refroidir, je me prendrai bien un verre de vin chaud… Allez, les jambes sont au rendez vous, j’allonge et trottine tout le long du rempart, cette partie sera la plus belle pour moi.

 

Arrivée au ravito de la Plaine des Sables à 6h, je retrouve mes collègues de Quartiers Français qui tiennent le stand, et bien sûr Aline, Bérénice, Valérie qui m’annoncent la nouvelle : Thierry est passé 1er  & Yann 30 e! Rien de tel pour te booster ! Je me gave de soupe chaude, 3, 4 allez j’en laisse pour les suivants.. 

 

Les premiers rayons arrivent, je repars sur un bon rythme. L’ascension de l’Oratoire Sainte Thérèse s’effectue sans encombre. La descente du Piton Textor m’effraie un peu , très roulante, elle m’avait pété les genoux lors de la course des Tangues… je l’aborde doucement, en absorbant mon premiers « coup de fouet » de ma vie : BEURKK dégueux !! Mais son effet se fera vite sentir.

 

Etirement au ravito de Textor et c’est reparti. Les Jambes commencent à être raides… bigre ! c’est un peu tôt tout de même !!

 

Le bitume interminable de la fin m’achève… je me décide de marcher et d’adopter la technique des 1’-4’ (mais ça sera plutôt 1 minute course, 4 minutes marche)

 

KERVEGEN

Le ravitaillement de Marabout est le bienvenu !! Je me pose 5 minutes et mange une assiette de pâte, accompagnée par 4-5 gobelets de soupe. Mes parents sont là avec Jean Yves, mais aussi Aline et Bérénice ! Que de supporters ! Ca fait plaisir ! Changement intégral de fringue et on repart…

 

Ces poses de 10-15 minutes me font beaucoup de bien. Mais au redémarrage je ne sais quel rythme adopté sur ce terrain roulant.. ; je trottine tranquille. Un caméraman surgit d’un buisson et se met à me suivre ! Yess, je vais passer à la TV, j’accélère pour faire style !! saute une clôture comme une gazelle… je mettrai 20 minutes à récupérer… n’importe quoi ;o)

 

 

La montée sur Kerveguen est une belle horreur.. Le chemin n’a jamais été aussi dégueulasse et je me prends mon premier bel éclat. Je ralentis significativement le rythme et essaie de récupérer.

 

Au ravito, j’apprends que le premier vient de passer le Taibit. Je suis 107, je me fais doubler régulièrement et pourtant je grignote des places ; étonnant… ça doit abandonner devant. La descente du coteau, toujours aussi cassante ! Je me fais une belle frayeur en buttant contre une racine et en me rattrapant sur une main. Belle coupure au poignet, ça pisse le sang mais c’est superficiel.

 

En bas, retour sur le bitume… j’essaye de trottiner tant bien que mal. Le Bras de Benjoin m’apparaît d’une profondeur terrifiante ! Heureusement que de l’autre côté je sais que Seb et un bon ravito m’attendent…

 

CILAOS

Cilaos à 11h45 , 11h de course, je bats mon record de durée de course. Je retrouve Sébastien qui est d’une efficacité déconcertante, mon sac est rechargé en 30’’ chrono, il me donne des nouvelles de la course et des conseils pour la suite. Je ne suis PLUS FRAIS du tout… La course commence vraiment à Cilaos ! Je me pose 5 minutes au réfectoire pour manger une assiette de pâtes. Je discute 5 min avec un V2, qui, je ne le sais pas encore, sera mon sauveur lors de la traversée de Mafat…

Au redémarrage, je suis un peu perdu, comment gérer la descente de Bras Rouge ? Mes jambes raides me permettent encore de trottiner, mais je sens déjà poindre des douleurs sur le devant des tibia… tiens, qu’est ce que c’est que ça ?!

 

 

 

Attaque de la remontée de Bras Rouge… et crack !! Une vive douleur surgit sous ma cuisse gauche chaque fois que je la soulève… et s’intensifie a chaque foulée  aie aie aie… Gros coup au moral, juste avant de basculer dans Mafat, si ça continue je ne pourrai même plus faire un pas devant l’autre… Qu’est ce que je fais ? ça gamberge, j’en oublie de m’alimenter… Sur le Route d’Ilet à Corde, la douleur s’est stabilisée, j’essaie de l’oublier, d’autant plus qu’en grosse montée la forme est là, les pulsations sont tranquilles, j’arrive à maintenir un rythme soutenu sur toute la montée du Taibit que je commence à connaître. Je double beaucoup de coureurs, le moral remonte et me dis que si j’arrive à faire le Taibit, j’arriverai bien à faire les autres montées qui restent !!

Mais le problème, ce ne sont pas les montées, mais les descentes… ouille ! La douleur sous la cuisse revient, faut que je change ma façon de courir en évitant au maximum d’avoir à porter ma jambe. Et ces foutus douleurs aux coups de pieds, mais c’est quoi ?!! ça douille !

MAFATE

 

 

 

Waaaaa… Marla !! Je file voir le médoc et lui demande un aspro pour ces douleurs tendineuses. « c’est de la triche, si je t’en donne, tu me donnes ton dossard » Oula ! pas question mec ! je garde mon dossard et jsers les dents !!

Descente des éboulis de Marla, Rivière des Galets… sur le plat, je ne peux plus courir. Les fléchisseurs, dont je viens de me rappeler le nom par la mésaventure de Steph à l’UTMB, me font trop mal.

Seules les montées me conviennent encore, celle de Roche Plate est bien gérée, mais la dernière descente est un calvaire…

 

17h30, quel accueil à Roche Plate !! Un grand bravo et merci à Flore, Steph & Danny !! Il sont aux petits soins et m’encourage comme il faut. Je vais me faire masser 10 minutes les mollets… J’enfile mon nouveau collant tout neuf redlight, et j’ai l’impression d’avoir de nouvelles jambes !

Le soir tombe, il serait bon de faire la descente de la Brèche de jour, il est temps de repartir, hop ! Steph m’accompagne un bout de chemin.

A la Brèche, je retrouve Erick, le V2 que j’avais rencontré à Cilaos, on discute un peu. La descente me fait de nouveau souffrir : la cuisse et les fléchisseurs morflent. Rythme lent ou rapide, la douleur est la même, je décide donc de le suivre. Il a un bon rythme régulier, il est à son 2 ieme GRR et plusieurs UTMB mais ne connaît pas ce nouveau parcours. On allume nos frontales dans la montée d’Ilet aux Oranger.

Dans la descente des Oranger-Lataniers, la nuit est bien tombée, je me concentre uniquement sur les pieds d’Erick qui descend à bon rythme et entraîne dans son sillage une demi douzaine de coureurs bien content d’avoir trouvé comme moi un maître métronome.

Le passage de la passerelle est une vraie délivrance, car je sais que maintenant que jusqu’à Aurère, il y aura davantage de montées que de descentes. Gros rythme dans le méchant coup de cul montant à Grand Place, nous distançons encore des coureurs. Erick souhaite jouer une place chez les V2. Mafat de nuit est magique, nous voyons des frontales se balader un peu partout, des fois pile au dessus de nos têtes, nous annonçant que la montée est loin d’être finie…

 A un moment, nous nous retrouvons vraiment seuls, plus aucune rubalise sur le chemin, aucun bruit, le chemin que je ne reconnais pas…gloups une petite sueur froide, et si on s’était gourré ? Heureusement le son du ravito de Grand Place ne tarde pas à se faire entendre, sauvé !

On est au début de la nuit, peu de coureurs sont présents et souhaitent d’avantage récupérer que de gagner des places, ambiance intime propice aux bavardages et partages. Le gars assis à côté de moi n’arrive pu à s’alimenter, ni à s’hydrater…mal en point… Avec mes douleurs tendineuses je suis finalement pas mal lotis.. Je booste mon collègue Erick et on repart tous les 2 dans la nuit noire.

Les coups de cul, ravines et Ilets défilent…Les montées passent nickel, les descentes font mal…

Aurère, le sommeil se fait sentir, je m’avale le troisième et dernier tube de guarana, j’espère que son effet durera jusqu’à la fin. Nouvelle pose de 10 minutes. Il doit être 23h. A son tour, Erick me secoue un peu pour repartir. Sur le plat j’appelle Sandrine, elle n’est « qu ’à » Marla, aie, je pensais qu’elle approcherait de Roche Plate. « Alimente toi bien, courage, Steph & Seb ne sont plus très loin… » à distance on ne peut pas faire grand chose…

Et c’est reparti pour la descente sur 2 Bras… aie ouille aie aie, putain de fléchisseurs de merde ! Ma démarche ressemble à un pantin désarticulé. Dans le fond de la rivière, Erick presse l’allure, j’en chie pour le suivre.

Deux Bras 0h40-1h

 

 

 

 

 

 

Il y a un an, j’étais déjà là avec Sandrine, un peu plus tôt, pour ravitailler Yan et Seb, et je ne me doutais pas que j’allais aussi me retrouver là avec le dossard sur le sac !

Allez, la fin n’est plus très loin ! La montée jusqu’à Piton Fougère devrait bien passer, mais la longue descente sur Colorado et la Redoute m’effraie au plus haut point, je sais d’avance que je devrai lâcher mon compère de course là haut. Bon, on n’en est pas là. Je m’alimente peu à deux bras, passe du temps à m’étirer. Je prends un coup de fouet pour la montée de Dos D’âne. Elle est d’une longueur interminable, et pourtant je pensais la connaître !! je bourrine à fond sur les câble pour soulager les jambes ! dès que je peux je mets les mains, je m’accroche à n’importe quoi ! Le fameux bosquet de bambous qui annonce la fin se fait attendre !

 

Ca y’est, la route goudronnée. On est HS. On monte tranquillement vers le stade. Une pluie fine se met à tomber.

Stade de Dos D’Ane. 3h20

 

Je retrouve ma Maman, et celle de Sandrine, Marie-Agnes et Jean Louis.

 

Je leur suis vraiment reconnaissant de nous ravitailler à cette heure de la nuit, dans le froid et l’humidité… changement de t-shirt et plein d’hydrixir. De nouveau, pâtes & soupe au menu.

 On reprend la course, Erick mène le train, coup de cul du cap vert bouteille, ça revient derrière. Vent et farine sur l’arrête. Les gouttes à travers la frontale brouille un peu la vue, et avec la fatigue, j’ai du mal à bien poser les pieds !

 

 

Le Piton Fougère et ses marches de 3 m de haut sont passées, il ne reste plus que les ptites montagnes russes jusqu’aux kiosques d’Affouche… Mais là les multiples petites marches ont raison de mes jambes, ma tendinite au genou qui ne s’était pas encore fait sentir surgit ! C’en ait trop ! Releveurs, dessous de cuisse, genou, je lâche du mou, laisse partir Erick. Les jurons fusent, heureusement que je suis seul !

Le levé de Soleil sur la réserve naturelle de la Plaine d’Affouche est superbe, les nuages se dissipent et je choppe les premiers rayons de Soleil sur la piste forestière, piste forestière que je dois faire en marchand… Trottiner m’est impossible, alors je prends mon mal en patience, peu de concurrents me doublent jusqu’au Colorado, heureusement pour le moral, mais à chaque fois ils m’encouragent à les suivre, à allonger le pas… mission impossible, trop de douleurs, même la marche est difficile.

 

La partie dans les goyavier : tarzan avec les branches et toboggan sur le cul. Dire qu’il y a un mois en reco j’avais dévalé et adoré cette descente !!  

Dernier ravito du Colorado (7h20), je le savoure. J’ai envie d’un café croissant. La descente sur la Redoute sera, comme pour beaucoup, un chemin de croix. Je reste fixé sur mon altimètre, qui ne se décide pas à descendre… de 5 m en 5 m je me rapproche du niveau de la mer… Encore une tour Eifel à descendre, c’est long… un peloton de 4 coureurs qui se tapent la bourre me doublent en trombe… M’en fous, car je me remémore mon objectif, que j’avais eu tendance à oublier : « COUPER LA LIGNE D’ARRIVEE ! »

 

Dernière ligne droite, je tente de trottiner, juste pour la forme, je dois faire du 4 à l’heure ! Le virage, et le stade ! Toute la famille et belle famille est là ! le quart de tour est long ! et la ligne d’arrivée une belle délivrance !

Je file m’écrouler dans l’herbe et savourer, tout en pensant à l’équipe A2R III toujours en course, et à Bruno qui ne devrait plus tarder à arriver.

Les bonne nouvelles arrivent : Sandrine, après 1 petite pose est repartie fraîche comme un gardon, et Flo est en de bonnes mains avec Seb qui l’accompagne.

Je ferme les yeux et laisse couler quelques larmes, de bonheur et de soulagement.

 

Un premier ultra, c’est une expérience extraordinaire, et l’envie d’arriver est plus forte que tout ! Un ultra, c’est beaucoup plus qu’une épreuve sportive, c’est une véritable aventure humaine. Beaucoup de partages, d’entraide, de convivialité,  mais aussi d’apprentissage sur soi-même.  

 

 

Un grand coup de chapeau à tous les participant(e)s A2Riens, à Thierry pour sa monstrueuse Perf’, à ceux qui ont eu la sagesse d’arrêter pour mieux repartir et « performer », à tous les ravitailleurs et ravitailleuses qui au-delà de la logistique indispensable font un bien immense au moral ; merci à mon compagnon de route Erick, que je n’ai même eu le temps de congratuler, et spéciale dédicace à l’équipe DCAM A2R 3 : « we did it ! »  

 

Tu prends l’apéro ?

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commentaires

B
Tardevant en 1h15 ? mouais ...Tu feras moins le malin avec un caquelon et des meules de Beaufort et d'Abondance dans le sac !!!  : )Faut bien que je te charge maintenant que tu files comme un bouquetin !
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R
Oula ! Tu m'avais vu dans les 100 ?! Il s'en est fallu de peu !! ,o) Vous aviez été plus optimistes que moi, c'est souvent comme ça..<br /> La Trans Dimitil, ça va être un peu court, on n'est pas encore à pouvoir enchainer UTMB - GRR - Trans Dimitil !! Va en falloir des sorties pour arriver à te suivre ,o)<br /> On va faire les ravitailleurs plutot ... et y'aura le barbac à préparer ! Eh ! Faut bien que y'en ait qui bosse !
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T
Big bravo aussi pour ta course et merci pour ton récit Raph, j’avais pronostiqué ton arrivée dans le top 100 tu ne m’a pas fait mentir, dommage je n’ai rien parié. A2R DCAM.3, l’équipe qui monte… <br /> A+<br /> La trans-Dimitile par exemple !!!
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R
L'UTMB ?! mais ca sera pour l'année prochaine ! Avec toi mon Béru, et ton nouveau genou bionique !<br /> Et t'as intéret à t'entrainer, car cet hiver, Tardevant je la torche en 1h15 !
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B
un verre de vin chaud ?! et puis quoi encore ? un verre de génépi ? tu t'es cru au sommet de la combe de Tardevant ?!ENORME ce que tu nous as fait mon ptit Raph !  : )à quand l'UTMB ?
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