Réveil à 3h30, après une bonne mais courte nuit. Ptit déj tous ensemble, Steph nous fait goûter à son 640 chocolat façon nutella, je préfère les tartines de pain beurre ! A 4h30, on est sur la ligne de départ. Pleine lune, temps frais agréable. Les participants au grand raid et au semi partent ensemble, ça représente une petite centaine de coureurs, on est loin de la foule compacte et bruyante au départ du Grand Raid Réunion !! 5h moins 2, dernières recommandations de Jean Marie, « attention aux marques du GR, de toute façon vous vous perdrez au moins une fois ». Moi me perdre ?! Jamais de la vie ! Départ 5h, c'est parti !! Ca file bon train, je rejoins à l'avant de la course Seb Yan et Steph. On trottine sur la route puis la piste en faux plat montant sur les hauteurs de Mamoudzou. On discute, prend des photos. Apres 30 min, on se fait la remarque : « c'est incroyable, on est déjà tout seul, plus de frontale à la ronde !! Normal, on est si peu ! euh... les traces rouges et blanches, elles sont où ?! » Coup de stress ! On ne veut pas y croire ! pas déjà nannnnn !! On s'acharne et continue encore 5 bonnes minutes. Aucune trace du GR ? On s'est bel et bien gouré !! Appel d?urgence à Joël « Joel, tu es ou toi ? Y'avait une intersection quelque part ?! » « binh oui, ça fait 10 min que je suis sur le petit sentier, fallait bifurquer à droite » NONNNN !! On n'a pas fait gaff' !! Demi tour !! On redescend à la vitesse de l'éclair les 2-3 km de piste parcourus pour du beurre. La course de l'Ylang commence sur de bonnes bases ! Nous croisons 2 coureurs qui se sont également fourvoyés ! Nous apercevons le sentier, aucune rubalise pour le signaler. A partir de maintenant promis juré, on ne se fera plus avoir ! Yan donne le tempo, ce contre-temps fâcheux nous pousse à accélérer un peu, nous remontons petit à petit les concurrents. Ma tendinite au genou se réveille, pas très bonne nouvelle ça. la douleur est supportable, j'aviserai plus loin.
Le soleil se lève, le chemin est très agréable, roulant, souple, au milieu d'une végétation et d'un paysage splendide. Nous doublons Line, bien placée, un peu avant le ravito de Longoni. Pas de trace de Jojo ni de Danny, ils ont dû tracer ! A Longoni nos supportrice-ravitailleuses sont au rendez vous, soulagées de nous voir. Notre petit détour nous a bien pris 30 minutes. Il est 7h30. Jojo et Danny ont également fait les frais d'un manque d?attention ! Ils ont filé droit sur Trévani. Faut vraiment être attentif aux marques du GR ! Je remplis ma poche à eau déjà vide. Par précaution je m'hydrate beaucoup. Yan et Seb on filé, Steph a décroché. Je rattrape les gazelles, Yan toujours à l'attaque. Les montagnes russes se succèdent, les températures sous le couvert forestier sont encore fraiches et agréable, propice à une bonne petite foulée. La piste, puis les 3 km de route goudronnée avant la ville de Dzoumonyé me cassent un peu les jambes. 27 km, 2ieme point de ravitaillement. Sandrine est fidèle à son poste. On refait tous les pleins, liquide et barres car les prochains tronçons s'annoncent longs, ardus et ensoleillés ! Le GR suit une large piste longeant une grande retenue collinaires. Nous trottinons sur les plats et descentes. Une deuxième fois, nous loupons une bifurcation très peu visible du chemin. Nous nous en rendons compte cette fois assez rapidement, demi tour, mais de suite nous buttons sur un autre os : arrivé dans un champ d'Ylang, impossible de trouver la moindre trace ! nous tournons en rond 5 minutes.. les jurons commencent à fuser ! Heureusement un coureur vient nous tirer d'affaire. Il connaît l'endroit, en se pliant en 4, et en passant sous le feuillage, on arrive à apercevoir les traces du GR sur les troncs des ylang !!! Impossible à deviner si l'on ne connaît pas ! Cette course (l'organisation) est folle ! On continue bon train, sur l'ascension du Mlima Dzani Bolé. Seb a un coup de moins bien, j'essaie de m'accrocher aux mollets de Yan qui ne faiblissent pas. La végétation arborée se fait rare, et le soleil commence son travail de sape. Je bois et m'asperge régulièrement. La dernière montée est raide, casse-pâte, en plein cagnard. Depuis le sommet, la vue est à couper le souffle : chapelet de petites îles paradisiaques entourées de leurs lagons, Grande Terre et ses forêts tropicales vallonnées. Je prends le temps de faire des photo, ça fera des souvenirs inoubliables ! Allez, on attaque la descente avec Yan, Seb n'est pas très loin derrière. On retrouve un peu plus bas la fraîcheur maintenant toute relative de la forêt. Le corps a du mal a faire baisser sa température. 3 ieme ravito au Col M'Tsamboro. Recharge complète en eau. Je me pose 2 minutes sur une chaise puis rejoins Yan qui a déjà décollé, les ravitaillements sont express ! Nous sortons de la forêt, l'aiguilleur de la DDAF que nous avait promis Jean Marie est bien là. Il nous accompagne en moto jusqu'au chantier de piste pour nous indiquer la marche à suivre. Heureusement car c'était loin d'être évident ! Nous marchons sur un tapis de poussière de terre pulvérulente, qui à chaque pas, s'envole comme de la farine. Apres 1 km de piste en chantier, jambes et chaussures ont viré au rouge. Nous attaquons ensuite une longue descente sur des versants de montagne steppiques et à des endroits très érodés (les « padzas »). Le rythme a sensiblement ralenti, avec la chaleur et l'accumulation des kilomètres. Nous marchons de plus en plus. 50 km de course, nous arrivons au 4 ieme point de ravitaillement dans le ville de M'Tsanmagouji. Aline Flore et Sandrine sont là pour nous accueillir, nous ravitailler, nous supporter, nous câliner ! De nouveau, je refais le plein, mais ne me charge pas trop car des affaires m'attendent au prochain ravito de Soha. Je mange un sandwich et Sandrine me couvre de crème solaire. Yan, comme d'hab, a déjà filé. Je trottine pour le rattraper dans les ruelles de M'Tsanmagouji. Apres les champs d'Ylang très odorants, nous traversons de Grandes bananeraies. Puis arrive le supplice de la journée : les 5 km de route dans la fournaise. Une partie en petite foulée, puis le reste en marchant, mais surtout boire boire et boire. Yan commence à avoir le bide en vrac. Son tendon d'Achille le fait également souffrir depuis les premiers kilomètres, on n'aurait pas dit !
L'arrivée sur Soha est féérique, elle se fait par un bout de plage paradisiaque. Un tel cadre donne des ailes ! On a toujours envie d'aller voir plus loin ce qu'il y aura ! Bon, à Soha on se pose un ptit moment pour recharger les batterie. On s'accorde une petite demie heure, même Yan ! On retrouve René qui lui aussi fait une bonne pose. Ca roule pour lui. On se lave les jambes et pieds pour faire peau neuve, soupe, yaourt, recharge. Et Seb nous rejoint ! Il a rien lâché depuis M'Tsanmagouji, mais les jambes sont raides. Il repart avec nous, il n'aura peine eu le temps de se recharger en eau ! Nous marchons ensemble sur 3 km de route. Sur le sentier en forêt, Yan continue sur sa lancée, Seb est distancé, je m'accroche. Ma tendinite me gène un peu, je soulage tant que je peux ma jambe gauche, et modifie un légèrement ma foulée.
Le chemin entre Soha et Mirereni est de tout beauté, avec le Mont Chungui en point de mire. En revanche, cette partie est interminable (17 km) avec des relances incessantes. Yan n'a plus trop la forme, plus rien ne passe... même la moindre gorgée d'eau est renvoyée. Ca n'annonce rien de bon. Pour ne rien arranger, on se perd une fois encore! En rebroussant chemin, une bizarrerie de l'intersection nous refait partir en sens inverse !! Heureusement qu'une étiquette « liquide de lavage » laissée sur le bord du chemin nous met la puce à l'oeille « mais on l'a déjà vu ?!! ». On repartait direct pour Soha !!
Le soleil décline, l?obscurité commence à gagner les sous-bois, on accélère un peu le rythme pour en finir avec ce tronçon. A 18h, arrivée au ravitaillement de Miréréni, nous sommes 6 et 7 ieme mais Yan s'arrête là. Il avait pourtant la pêche, mais son estomac ne voulait rien entendre. Je me pose un ptit instant, fais le plein de soupe. Ptit coup au moral, Yan m'a tiré jusque là, à deux c'est plus sympa. J'hésite à attendre Sébastien. Je repars vers 18h20, la nuit est tombée, j'allume la frontale. 3 km de route au programme, je marche, Seb me rattrapera sûrement s'il s'est refait une santé. En chemin, je rencontre Ichirac, journaliste à Mayotte Hebdo, partenaire de la course. Il me suit quelques hectomètres en scooter en prenant des photos et demandant mes impressions. C'est sympa.
Je rattrape ensuite un concurrent, un peu à la dérive. Il s'appelle Daniel Waro ! Mahorais. Il est à cours d'eau, je lui file ma bouteille de soupe. On fait un bout de chemin ensemble, cherche le départ du sentier du Chungui et grimpe sous la lune qui se lève. On papote, de la vie à Mayotte, de la course, de ses résultats précédents : il a fini 3ieme l'année dernière, son frère est actuellement en tête. Il me dit que même les locaux se perdent, à force de se taper la bourre entre eux ils ne lèvent pas la tête et loupe le chemin ! Je le laisse pour accélérer un peu. La descente sur Dapani est très longue, on n'en voit pas la fin. J'alterne marche et course, mais le genou tiraille de plus en plus.
Arrivée à Dapani vers les 21h20. Sandrine est là ! avec Yan, et Seb qui s'est aussi arrêté à Miréréni. Il ne reste plus que joël, qui n'est pas très loin derrière moi. La forme est toujours au rendez vous. Si le genou tient, ça devrait bien se finir ! Bon, avant de penser à l'arrivée, il y a la nuit à passer. Je repars à 21h30. Daniel m'avait prévenu de faire très attention après Dapani car le chemin bifurquait de partout. Effectivement, l'itinéraire n'est pas évident à suivre. Je prends des bâtons pour soulager les genoux en montée. Au bout d'1h de montées-descentes, je débouche sur la magnifique plage de Swazilé au clair de Lune. J'éteins la frontale, c'est complètement féérique ! les roussettes qui se posent sur d'énormes baobabs, les gros bloc posés su la plage... Et un « Toc toc » juste derrière moi qui me surprend, une grosse masse bouge !! je rallume ! C'est une énorme tortue qui, après avoir enterré ses oeufs sur la plage, retourne à la mer en faisant cogner sa carapace sur le sable ! Waou, je reste un peu l'observer. Et effectivement, de grosses empreintes sur la plage témoignent de nombreux aller et retours nocturnes. Allez, sandrine va m'attendre à Moutsamoudou, je file. 4-5 plages vont ainsi défilées, entrecoupées de petites buttes rocheuses casse-pâte. Il est 23h, un pêcheur m'indique le chemin pour trouver l'école du village. Un long escalier y mène. Sandrine a dû repartir ravitailler Joël qui venait d'arriver à Dapani. Je ne reste pas très longtemps.
Apres Moutsamoudou, 2 km de route nous attendent, c'est très long. Je traverse ensuite une grande bananeraie puis retombe sur une plage. Le chemin qui y repart au bout n'est pas très évident à trouver. Je trottine un peu. Le GR rejoint à nouveau la route. Il y a 3 km jusqu'à Bandrélé. Ce bout de bitume va m?achever ! A force d?éviter de forcer sur mon genoux gauche, une raideur musculaire se fait sentir sur le haut du mollet.
Bandrélé, il est 0h40. Et toujours des bénévoles très sympa nous accueillent. Soupe. Je prends aussi un guarana pour passer la nuit, toujours aussi dégueu ! Je repars vers les 1h.
La montée du Mont Bénara commence immédiatement, sur les hauteurs de Bandrélé. La pente est tout d'abord relativement douce, puis s'accentue dans les padzas. Le clair de lune est parfait. Je gagne la forêt dense des contrefort du Bénara. La raideur du mollet s'intensifie et n'augure rien de bon, car le plus dur reste à venir, si je me souvient bien les explications de l'organisateur.. A 300m d'altitude, la pente se relève brusquement. Je me confectionne deux petite bâtons façon « piolet » et attaque cette face arrête Est ! j'ai un gros rythme en montée, je pousse à fond sur les bras. On croit arriver au sommet, mais c'est un « faux », l'arrête continue de plus belle... je rentre dans les nuages, le vent se lève, les arbres craques, l'itinéraire n'est pas facile à certains endroits un gros rocher sur l'arrête, je descends à gauche, ça ne passe pas, à droite non plus... finalement une chaîne que je n'avais pas vu permet de grimper le bloc de face. Il me faudra presque 2h pour arriver au sommet. La descente est scabreuse, je m'accroche au arbres pour une partie d'accrobranche, banzaii ! boumm, me rétame par terre, accompagné par des clameurs de makis dispersés dans les arbres alentours, et ils sont moqueurs en plus ! La descente du Bénéra est d'une longueur, affligeante, le chemin louvoie, fais des changements de cap, j'ai la lune devant moi, tantôt derrière ; si bien qu'au bout d'un moment je crois revenir sur mes pas ! Je crois reconnaître un passage. Bon, avec la fatigue on perd un peu en lucidité ! Finalement j'entends les premiers bruits de villages qui se réveillent à l'aube naissantes, mais que Tsararano est encore loin !! j'ai mal appréhendé ce tronçon, ça fait 3h30 que je marche, je n'ai plus d'eau. Le chemin rejoins ensuite une longue piste. Il faudra 4 h pour relier le prochain ravito.
Ecole de Tsarano, Ouffff. Je me jette sur l'eau !! Etirements, discute 5 minutes avec les bénévoles. Joel m'appelle, il est dans la montée du Bénara, depuis 50 min. Il a pris une douche + 25 min de « sieste ». J'aurai peut être du faire la même chose.. Allé je pars, 6h15, la pause m'a refroidi, et les douleurs reviennent ; le mollet est le genou sont KO. Grosse montée d'entrée, je me refais une paire de bâtons qui ne me quitteront plus jusqu'à l'arrivée. A partir de là, je serre les dents et avance au moral. Le jour se lève, heureusement pour moi, le temps est couvert. Les kilomètres s'égrainent très lentement ; Trop lentement. Il me faudra 2h pour parcourir 9 km et arriver devant notre gîte. Je ne me sens plus la force de finir les 12 dernier km. J'envisage d'arrêter là. Sandrine vient à ma rencontre et m'encourage, Seb, Yan, Danny, qui se sont couchés bien tard, viennent aussi m'encourager. Avec tout ce soutien moral, je ne peux que continuer. Sandrine m'accompagnera jusqu'à l'arrivée, avec beaucoup de patience, car excepté dans les montées, j'avance à très petits pas ! Je franchis la ligne vers les 11h, fatigué mais trèèèèèèès HEUREUX. Le dernier tiers de la course est vraiment le plus dur. A garder en tête pour les prochaines éditions !! Grand merci à ma doudou qui m'a encouragé à finir, à Seb & Yan qui m'ont tiré jusqu'à Miréréni, aux ravitailleuses-supportrices et toute la team A2R pour ces super vacances !!