RAID DE L'YLANG
- La Course aux 7 erreurs -
C'est un angle quelque peu particulier que je choisis de prendre pour vous compter mes mésaventures Mahoraises vécues en ce triste et sombre jour du 29 juin 2007. Aussi, chers coureurs, voici les 7 erreurs à ne pas commettre si vous souhaitez, à l'inverse de votre serviteur, venir à bout du terrible Raid de l'Ylang de Mayotte.
Erreur n°1 : la préparation prime-t-elle ?
Si l'entraînement est une chose, il ne fait pourtant pas tout. Ma première grosse erreur aura été de penser que les seules heures d'entraînement consacrées à mon sport de prédilection suffiraient à elles seules à me garantir une arrivée sans souci. Eh bien non ! si la préparation est une composante nécessaire à la réussite de mes objectifs, elle n'est hélas pas suffisante.
Erreur n°2 : Fraîcheur et repos pour un cocktail détonnant...
Ce manquement constitue « l'erreur du débutant » par excellence. Prendre le départ d'une aventure longue d'une trentaine d'heures d'efforts solitaires avec la jauge d'énergie « sur réserve » et son stock de fraîcheur sur « +40°C » ne peut conduire qu'au chaos absolu. Sans vantardise déplacée, je me considère à ce jour comme un ultra trailer averti, et pourtant... Les signes précurseurs se sont fait connaître bien vite : fatigue du matin, séances d'entraînements difficiles, humeur irritable (merci Cécile), fébrilité, sentiment que vous courez après le repos sans jamais pouvoir vous en saisir...
Erreur n°3 : Un ultra trail de 145 bornes, facile ! Fingers in the nose...
Joël le vieux lion et Yan le fougueux guépard m'avaient pourtant mis en garde : « cette course est un véritable guet-apens où « snipent » des dizaines de coureurs embusqués, où chaque rayon de soleil te transpercent la peau, où l'atmosphère saturé te confisque les moindres molécules d'O2, un supplice orchestré par Mohamed II en personne ! ». Bon, ok, j'en rajoute un peu, ils parlent pas aussi bien mes dalons d'A2R mais qu'est-ce qu'ils rugissent fort... Revenons en au sujet, je m'égare... Je me remémore encore les heures qui ont précédé mon calvaire : « 3 tronçons de 8 heures, je la joue facile jusqu'à Miréréni puis j'attaque »; no souci ! « Pendant ce temps, Yan, tu te fais un brushing à Soha et un lifting à Bandrélé ». Des vacances quoi ! Ah, j'oubliais, « on se démerde quand même pour finir 3 et 4 , histoire de... » Ouais... Voilà une bonne leçon à retenir, une course de ce calibre, un ultra de 150 bornes, ça se respecte bordel, ça se gagne, ça se transpire, ça se supplice, ça se transcende bref ça SE MERITE.
Erreur n°4 : Lucidité mon amour, où étais tu ?
Y a des jours comme ça où rien ne semble fonctionner : erreur d'orientation 15' après le départ (perte d'une demi-heure environ), médaille porte-bonheur qui lâche au bout d'une heure, élastique de casquette qui rend l'âme en plein soleil de midi, kamel back mal fermé occasionnant une perte sèche de « mon précieux » ( et à peu près au même moment que la casquette...); bref, quand les éléments semblent s'être ligués contre vous et s'acharnent pour contre-carrer vos plans, il convient de garder « sang froid » et lucidité. Lever le pied, s'alimenter convenablement, boire plus que de raison et positiver mentalement en se disant que les choses ne pourront QUE s'arranger... Cette gestion du « tout va mal » constitue pourtant un de mes points forts, je ne m'affole que très rarement et parviens plutôt bien à garder le cap mais visiblement pas ce jour là. En voulant m'accrocher, me battre, me débattre, en découdre avec « cet ami qui me veut du mal », je n'ai fais qu'agrandir l'ornière dans laquelle je m'enlisais. Un peu à l'image des sables mouvants : au plus vous vous agitez, au moins vous survivez. Et en ce 29 Juin, j'y suis allé de « bon coeur » ! au firmament de l'astre RAMSES II (cousin de MAHOMED). Je me vois relancer le rythme, allonger les foulées sur les parties roulantes, épuiser peu à peu les quelques calories que mon corps semblait vouloir encore m'accorder.
Erreur n°5 : A la poursuite des dalons perdus...
Le grand classique mon Seb ! Dans le top 10 de la connerie, je le place volontiers en « number one ». Alors que mon début de course semblait aussi réussi que l'entâme de match de la France contre l'Angleterre lors de la coupe du monde de foot de 1982 (but dès la 45ème secondes), je me suis mis à vouloir suivre le rythme de mes deux dalons, Yan et raph, visiblement dans une bien meilleure forme physique ce jour là. Pas longtemps, je vous rassure, trois petites heures et puis s'en vont... et qui m'ont coûté très chères puisqu'à l'origine de crampes, fatigues et autres petits désagréments. Dans un ultra, seul compte votre propre rythme, n'écoutez que vos sensations rien que vos sensations et dites "inch allah".
Erreur n°6: Casser, oui, se déshonorer, jamais...
S'il est permis de réaliser un grand nombre d'erreurs sur un ultra (et ABDALLAH II pourra en témoigner), il en est une que je considère comme inadmissible : l'ABANDON. Attention, j'en appelle à la raison des dieux tout puissants, pas un arrêt contraint par une blessure meurtrissante, celle qui pourrait vous anéantir à vie. Non, moi je parle de l'abandon du « ras le bol », du « plus de jus », du « peux plus », du « je veux mon lit tout chaud et mon bol de cacao ». Cet abandon là me laisse un tel arrière goût dans la bouche (et pas que de chocolat), un tel sentiment de honte et de gâchis que je le dis haut et fort : PLUS JAMAIS CA.
Erreur n°7 : ...
Et si la 7ème erreur n'en était pas une, justement ? Si elle consistait à tirer de vrais leçons de cet échec, à repartir de l'avant en capitalisant l'arrière, en analysant au mieux les raisons d'une telle débâcle et en y apportant les améliorations qui s'imposent. Il n'y a pas d'échecs en ultras, seulement des expériences. Alors, chiche, rendez vous au prochain Grand Raid avec un Seb le couteau entre les dents et de la suite dans les idées...