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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 07:13

Pour sa 15ième édition, la diagonale des fous offre un parcours appétissant : 150 Km et 9200 de D+. C’est pas de la rigolade, faut être certainement bien entraîné pour y arriver. Joël met rapidement en route un plan d’entraînement que j’essaye de suivre le plus fidèlement possible. Mais en juillet et août, période de vacances scolaire, je suis assaillie de travail, je ne trouve même pas le temps de faire un footing, alors le doute commence à s’installer, surtout que Joël  s’entraîne sans relâche.

 

Je reprends l’entraînement  début septembre et à 3 semaines de la course, je suis terrassée pendant 15 jours par un virus particulièrement tenace. Je n’y crois plus, et pour me rassurer , malgré l’approche de la course,  je fais 2 sorties à Mafate avec Joël,  histoire de me remettre en jambe. Ca à l’air d’aller, je me sens relativement bien et surtout j’ai un moral d’acier, Ce premier grand raid, c’est cette année que je le ferai, c’est incontournable !

 

 

Enfin le jour de la course !

 

Un co-voiturage est organisé par Marie-Agnès pour nous conduire à Saint-Philippe, rendez-vous à19h00 à Saint-Paul.

 

A 18h00, j’appelle l’ostéopathe, Mon dieu marie joseph, je souffre d’un lumbago ! A 18h30  « mon sauveur » me décoince, mais l’inflammation reste présente.   Pendant le trajet qui nous mène au départ de la course et malgré la conduite très souple d’Hervé, la moindre déformation de la route me fait serrer les dents ! Arrivés à Saint-Philippe, je reste couchée dans la voiture. Marie Agnès décide de me tenir compagnie, on profite pour fermer un peu  les yeux et faire le vide, alors que les autres se dirigent vers le stade pour retrouver les membres de notre Association A2R(association Raid Réunion).

 

 

Cette petite heure au calme m’est salutaire.

 

A minuit, le départ est donné. Je suis bousculée, comprimée, broyée. Portés par le courant, Joël et moi franchissons l’entonnoir  et commençons à trottiner. Un long serpent lumineux se déroule déjà devant nous. Joël piaffe à mes côtés,  s’inquiète de mon lumbago. Je le rassure et après un dernier bisou, il allonge la foulée et disparaît sur la route au milieu des autres coureurs.

 

 

Je trottine lentement pour éviter d’accentuer cette douleur que je ressens aux lombaires. Je rattrape Sylvie. Elle arrive de Mayotte où nous avions fait connaissance lors de la course de l’Ylang. et ignore totalement les difficultés des sentiers réunionnais. Bon courage ! Nous parcourons ensemble à grandes enjambées les 11 Km de la route forestière. Je remplis ma poche à eau au pied du sentier et commence la grimpette qui s’avère être un vrai chemin de croix.

 

Je passe Foc Foc seule sous un soleil resplendissant. Sylvie n’a pas suivi.

 

 

8 h au volcan, Km 23 je pointe1700ième/2200

 

Je retrouve Maud (ravitailleuse A2R),  je troque la casquette contre le bonnet, fait le plein en eau, en sucre et je me sauve, le beau temps m’encourage à avancer.

 

La plaine des sables est immense et magnifique.

 

 

Au piton Textor une jeune femme me sourit et me demande : Mme Poupette ? étonnée et sure de moi je réponds : Taz ! c’est comme ça que je fais la connaissance de Sandrine, assistance de Pierre et Domi, des amis de Joël venus de métropole. Je les rejoins un peu avant Mare à boue.

 

 

12h05 au  50ième Km 1673ième. Je prends une soupe, me pose 1/2h au ravito d’A2R tenu par Didier et Yves et repars pleine d’entrain avec Pierre et Domi vers le Kervégen. Le sentier est minable, boueux à souhait et je repense à ce qu’a dit mon doudou: « t’affoles pas, économise toi jusqu’à Cilaos ». Je patauge comme tout le monde. A la longue l’exercice fatigue plus d’un et Pierre s’arrête pour dormir 10mn sur une petite plate forme providentielle. Domi m’encourage à continuer, il enfile une polaire pour attendre le réveil de son ami. Rendez vous à Cilaos.

 

 

15h54 Kervegen 59ième Km, 1618ième. L’ambiance est chaleureuse, mais je ne veux pas traîner, j’avale une soupe chaude, grignote quelques biscuits et repars. Il fait froid, le brouillard descend, mais je suis heureuse d’être là. Une dernière grimpette jusqu’au gîte du piton des neiges et j’attaque  prudemment la descente vers Cilaos via le Bloc : 1100 m de dénivelé. J’ai les jambes fatiguées et je me permets quelques glissades contrôlées, qui font accélérer le cœur.

 

Je me cale derrière un coureur : 74 ans ! et des jambes plus solides que les miennes, chapeau Monsieur !

 

On arrive à la route, j’allonge le pas, et pointe enfin à Cilaos.

 

 

19h16. 69ième Km et 1541ième.

 

Grosse pause de 3h. Je mange des pattes froides, agrémentées d’une ½ cuillère à café de sauce tomate (le cuisto s’est pas foulé). Je pointe déjà pour le départ, mais je vais au meublé loué par Marie Agnès. Elle en repart à mon arrivée. « Bonne route ! »

 

Quel plaisir de sortir ces chaussures boueuses. J’apprécie la douche chaude et les vêtements propres. Mon sac est prêt, je vais essayer de dormir un peu,  mais impossible de fermer l’œil.

 

 

22h10 je chausse mes « hardrock » toutes propres,  j’enfile les gants, le bonnet, le coupe vent, et une 2ième lampe à la taille.

 

 Je téléphone à Domi et Pierre. Ils ont explosé dans la descente du Bloc et décident d’abandonner là. Dommage. Les sentiers Réunionnais ont eu raison de leur courage. Quant à moi, tout va bien, le moral est intact. Prochain objectif Marla !

 

22h34 je pointe à « bras rouge », 1320ième, malgré l’arrêt de 3h j’ai gagné des places, génial ! je trottine pendant toute la descente et dépasse quelques groupes de coureurs et pointe  1267ième au pied du Taïbit : 24h de course déjà !

 

J’avale une soupe, refais le plein en eau, et attaque la montée : interminable ! J’avance pourtant régulièrement derrière 2 raideurs, qui papotent sans arrêt.

 

 Enfin le col, ils s’arrêtent et je continue, trop contente d’apprécier la descente, je trottine mais toujours prudemment.

 

 

2h48 samedi matin, 1135ième à Marla. Je découvre un dortoir à ciel ouvert, où une centaine de coureurs dorment à même le sol dans leur couverture de survie. Je suis étonnée de trouver Marie Agnès au ravito : plus de jus ! « Allez on repart ensemble ». « Non, j’attends Jens qui dort ». Je reste avec elle le temps d’avaler une soupe. Elle a raison de faire une bonne pause. Je ne m’éternise pas, refais le plein en eau et je dégage.

 

 

Mais il fait froid, et je m’arrête pour passer le coupe vent. Le ciel est constellé d’étoiles, j’éteins les frontales pour profiter pleinement de cette belle nuit étoilée. Le ciel est noir et profond et « zétoil 4h » est majestueuse. C’est comme ça que nous appelons Vénus ici.

 

Dans la dernière montée vers Roche Plate,  Florent, notre ravitailleur est venu à ma rencontre, il fait jour et nous papotons. J’en profite pour prendre des nouvelles des autres A2Riens.

 

 

Roche plate. Samedi matin 6h00. 957ième

 

 Douche, vêtements propres. Je dors ½ heure, pendant ma pause de 2h00. Jean Louis et Florent, en pro, se chargent de mon sac. Marie Agnès arrive lorsque je repars, je décide de l’attendre. Mais finalement elle traîne un peu et je repars quelques minutes avant elle vers 8h30. Le soleil est déjà chaud et j’ai le visage en feu lorsque j’arrive à la Nouvelle.

 

 

11h00 97Km 1124ième

 

Ma pause à Roche Plate m’a fait rétrograder. Je retrouve Philippe, un copain, seul depuis le pied du Taïbit après l’abandon de sa coéquipière.

 

Soupe chaude, le plein de la poche à eau et je repars en sa compagnie. Nous avons le même tempo, nous alternons marche et course. Nous passons le col de fourche et le ravito du « sentier scout » sans encombre.

 

 

Aurère.16h38  113 Km 986ième

 

Je m’affale sur une chaise, fourbue, un bénévole a la gentillesse de m’apporter une soupe que je n’arrive même pas à avaler. Je prends des nouvelles de Joël : arrivé à la Redoute à 14h 49  BRAVO MON DOUDOU !! Alors que plane sur nous le fantôme de la 3ième nuit !

 

1/2h de pause,  faut  être à 2 bras avant la nuit. Nous trottinons jusqu’à la Rivière des Galets et passons quelques gués.

 

 

18h28 samedi soir  123Km 952ième

 

Le poste  de « 2 Bras plage » est animé, Une voix d’homme braille dans un micro. Pause de 2h00. Nous avons le temps de nous faire masser, je change le pansement de mon ampoule et remets des vêtements propres.

 

Philippe m’attend au réfectoire devant un bon rougail saucisses, ça change des pattes froides et du poulet grillé. Nous mangeons avec appétit et nous décidons de dormir 1/2h. Le site est bruyant, je m’allonge mais reste éveillée.

 

 

 20h29 979ième, nous repartons et impossible de trouver le passage dans la rivière, ¼ h à chercher, pas envie de mouiller les pieds. Un couple nous fait signe de passer plus loin sur la gauche. Ils avaient repérer le passage lors d’une reco. Merci m’sieur dame ! Et commence la longue montée vers Dos d’Ane, dans la nuit. Nous dépassons le couple et un raideur qui s’inquiète de l’état du sentier. T’as pas fini mon gars ! Je m’efforce de boire régulièrement et malgré mon écoeurement j’avale un gel toutes les heures. Hervé nous attend à la sortie du sentier. Il nous accompagne jusqu’au stade.

 

 

23h24 130Km 968ième Dos D’Ane : 47h 24 depuis le départ...

 

Je m’assois et Hélène, la femme d’Hervé, enlève mes chaussures, vite j’enfile un collant et mon akamak pour la nuit. Je refais le plein de la poche à eau en y ajoutant de l’adep.

 

Je remplis mon bidon d’eau de Cilaos et grignote du pain et une superbe crêpe préparée par un copain du copain du copain que j’avais rencontré à Cilaos pendant la pause. De son côté Philippe se fait chouchouter par Anne sa coéquipière du début de course.

 

 

Dernière difficulté, le piton bâtard qu’on passe sans trop de soucis. Je ne bois plus que de la Cilaos.  Je ne supporte plus le goût de l’adep, un vrai vomitif. Faudrait vider la poche pour alléger le sac, mais pas le courage. Jusqu’au Kiosque, le sentier est jonché de raideurs dormant dans leur couverture de survie. Vraiment pas envie de leur tenir compagnie !

 

Au Kiosque d’Affouches,  nous avons plaisir à manger du riz chaud et une saucisse grillée. Nous quittons le ravito après 1/2h de pose. nous traînons comme 2 vieux sur la piste, plus envie de courir ! Sur le sentier des goyaviers Philippe commence à souffrir du genou. La fatigue et les bosses du sentier commencent à avoir raison de nous. Philippe ramasse un bâton et je lui en trouve un autre de la même taille et nous voilà clopin-clopant. Peu de temps après, Joël appelle sur le portable de Philippe qui me le passe. Sa voix me réveille, me réconforte. Il me dit qu’avec le jour je retrouverai  la vivacité. Surtout il ajoute : « je suis très fier de toi ma doudou. »

 

Alors qu’on se métamorphosait en zombie, nous voilà maintenant dévalant les pentes vers le dernier ravito.

 

 

Colorado.5h44 dimanche matin 145 Km 932ième.

 

Le temps d’enfiler le tee-shirt d’arrivée, ranger les bâtons, les frontales, nous repartons en marchant. Le vent frais du Colorado nous donne un coup de fouet.

 

Plus que 5 Km… que nous parcourons en trottinant, encore des cailloux…. Le soleil est chaud, je transpire à grosses gouttes.

 

Mon doudou est là, à la sortie du pont, il m’embrasse en passant et court avec nous sur la route. C’est l’euphorie, les gens applaudissent, nous félicitent. Mon frère et ma belle sœur, Taz et Domi sont à l’entrée du stade et nous encouragent. Nous sommes les stars du moment. Nous entrons sur le stade et parcourons les derniers mètres main dans la main. Philippe me pousse devant lui et je franchis la ligne d’arrivée.

 

 

 Dimanche matin à 07h04 150 Km 924ième.

 

 Je ne vois plus que le sourire des gens qui m’accueillent, je pleure de joie.  

 

 

Quelle Aventure ! 55h de course !  

 

 

Marie-Agnès arrivera 2h après moi. Bravo !

 

 

BRAVO à tous les coureurs ( particulièrement à Flore pour sa 1ère grande course) et ravitailleurs de notre Association pour ce beau semi et grand raid et à bientôt pour des moments aussi intenses.

 

 

line

 

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commentaires

M
Je pleure !<br /> C'est vraiment beaucoup d'émotion.<br /> Bien cordialement , martine (dossard 52)
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O
BRAVOQuand je regarde tes temps de passage, on a du se croiser plusieurs fois avant que je ne n'abandonne au col des boeufs (pour cause de gastro foudroyante lol)bravo encoreOlivier
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S
Chapeau bas Miss sourire, après un semi plein de réussite l'an passé, il fallait être costaud pour arriver à bout de ce monstrueux GR. Je suis admiratif des concurrents qui passent 3 nuits dehors et qui achève la bête ! bravo à toi pour cette leçon de courage et d'abnégation et vive A2R.
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