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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 09:20

Ceci n’est pas vraiment un récit de course. Je ne vais lister ici que les bons et grands moments que j’ai vécu sur cette édition de la diagonale. Moments qui font que l’on revient toujours animé de la même foi, non pas à déplacer, mais à gravir les montagnes. Moments si forts qu’ils nous font oublier les mauvais, les coups durs, les « qu’estcequejefouslà ???!!!! »,  et tous les sacrifices consentis lors des entraînements.

 

A vrai dire, je ne me force pas vraiment car cette course s’est très bien déroulée pour moi. Bien sûr il y eu des coups de mou mais ce n’est rien par rapport à l’immense plaisir que j’aurai pris durant plus de 39 h.

 

L’avant course et le Départ 

 

Je retrouve avec joie tous les membres de notre fine équipe A2R. On plaisante, on essaie de détendre l’atmosphère mais il y a de l’électricité dans l’air.  Comme tout un chacun je me renferme un peu sur moi et je commence ma course. Toutes mes pensées sont maintenant tournées vers ce challenge. Je ne pense plus qu’à ça. Je suis à fond dans le moment présent. Le Cap Méchant devient mon centre du Monde.

2300 « conquérants de l’impossible » sont réunis là et dans les regards que je croise, je peux lire l’envie, le respect, la folie, le courage. J’ai l’impression de retrouver le clan de « ceux qui savent ». Ceux qui savent que pour aller au bout de leur rêve, il faudra être fort et surtout faire preuve d’humilité. Champions et anonymes réunis, nous sommes tous prêts à écrire notre propre légende.

Le départ approche, le compte à rebours va bientôt être lancé. J’ai la chair de poule. Cela fait presque un an que j’attends cet instant. Des mois et des mois d’entraînements, de séances de fractionnés où le corps demande pardon, de lever à 4h du mat’ pour aller courir les sentiers, pour en arriver là sur cette ligne de départ. C’est parti. Je vis ce départ comme une libération même si c’est un vrai truc de malades. Agoraphobes s’abstenir. Ca pousse de tous les côtés, pressé comme un citron, je me laisse porter par cette vague. Les fauves sont lâchés. Je peux enfin me mettre à courir. A partir de maintenant le Dieu de l’Ultra reconnaîtra les siens. Je ne doute pas un instant que j’en ferai partie. 

Qu’est ce que c’est bôôôô !  

Nous avons « joué » sur l’un des plus beaux terrains de sport du Monde. Que la montagne réunionnaise est belle. On a beau connaître tous ses coins et ses recoins, c’est à chaque fois l’émerveillement. J’en ai encore pris plein les yeux. J’imagine les « extérieurs » qui viennent faire le GR pour la 1ère fois. Ils doivent complètement hallucinés.

Je me retrouve ainsi dans la Plaine des Sables à l’aube avec le soleil qui pointe le bout de son nez sur le volcan. C’est un spectacle à couper le souffle. Ce même spectacle s’offre à moi 24 heures plus tard sur Mafate cette fois ci.

Ces levers du jour ont une saveur spéciale. Après une nuit entière à avancer coûte que coûte, la lumière renaît et avec elle revient l’espoir. Comme le ciel, je retrouve à chaque fois des couleurs.

Autre image gravée, le ballet des frontales dans Mafate. C’est féerique, magique. Ces « étoiles tombées du ciel », toutes toutes petites lueurs me font aussi prendre conscience de la démesure de notre terrain de jeu. 

 Les kilomètres, parfois les mètres,

 

- partagés avec les copains. Ces moments passés avec le Doc, Charles, Jo, Seb (un peu moins pour lui) sont géniaux. Même si on ne parle pas beaucoup, même si Jo a voulu m’éborgner une bonne dizaine de fois avec ces bâtons, je les apprécie pleinement. Rien que de voir ces visages familiers me donne à chaque fois un coup de boost.

- où je me retrouve seul et où tout se passe comme dans un rêve. Foulée légère, zéro douleurs, moral gonflé à bloc, instants d’euphorie et de plénitude où j’ai l’impression de ne faire qu’un avec Dame nature et où je pourrai faire 4 fois le trajet A/R. Une vraie usine à endorphines !

Pour l’anecdote cela m’est notamment arrivé sur Bras rouge : U2 m’accompagne en rythme, je chante et c’est à ce moment que je dépasse le Doc qui lui est au 36ème dessous. Désolé !

 

- faits avec des compagnons éphémères de galère avec qui j’ai juste fait un bout de chemin et échangé un « ça va ? »

 -partagés avec Cédric entre le sentier scout et Deux-Bras. Cela fut une très belle rencontre. A bientôt au Népal sur les « chemins du Ciel »…

 

Durant la course, les sonneries de mon téléphone me signalant l’arrivée de SMS ont rythmé mon avancée. Pas le temps de m’arrêter pour les lire mais je sais que des amis pensent à moi. Cela fait toujours du bien.  Par ce biais je suis également au courant de la progression de ma Flore sur le semi. « C’est bien ma doudou, accroches toi ». Je suis très fière d’elle. Pour sa 1ère course, elle « envoie » . 

 

 

 

Les Assistance royales et les amis.

Que dire encore sur tous ceux et celles qui avaient la tâche ingrate de nous assister. Vous nous avez nourri, lavé, soigné, regonflé, motivé, attendu, encouragé, changé les idées. En un mot : chouchouté. Vous êtes les meilleurs. Ce n’était que du bonheur. J’espère que vous vous reconnaîtrez. Ne m’en voulez pas de ne pas tous vous citer mais j’ai peur d’en oublier. Mention spéciale pour Jean-Louis Sherpa et Flo Sherpa qui auront fait de Roche Plate perdu dans Mafate, un véritable oasis.

C’est d’ailleurs à Roche Plate que j’apprends la quasi victoire de Thierry. Cela me remplit de joie. Je pense à ce qui doit se passer à ce même moment dans sa tête alors qu’il file sur St Denis. C’est énorme ce qu’il a fait. On ne pouvait rêver plus beau vainqueur. Je suis heureux pour lui.

J’ai eu droit à de belles surprises aussi :

Ainsi l’assistance de Dos d’âne restera à part car ma tite Flore m’a fait la joie de m’y retrouver.  J’ai oublié un instant la chaleur écrasante et profité à plein de l’instant.

Sur la RF du Col des Boeufs, un gros merci à Béré qui m’a servi la meilleure soupe du Monde.

Au poste du volcan, Nico et Sylvie m’ont fait un accueil royal au pointage.

Au Colorado, Anne Lise et Jean sont venus m’encourager et me refaire le plein d’ondes positives pour les derniers kilomètres.  

 

La chaleur des ravitos, des bénévoles et des spectateurs. 

A chaque poste de ravitaillement, je n’ai toujours trouvé qu’aide, réconfort et encouragements. Cela fait beaucoup de bien et aide à avancer encore et encore.

De même, c’est toujours un peu bizarre de se faire interpeller par son prénom par des spectateurs qui m’encouragent comme si j’étais dans le tiercé de tête. Mais bon sang, qu’est ce que c’est bon.  

Dernière ligne droite et Arrivée.

En sortant du sentier de la Montagne, je passe sous le pont Vin-Sanh et m’engage dans la dernière ligne droite. Emotions. Comme à chaque fois, j’ai les larmes aux yeux. Cette dernière ligne droite, je la chéris. Ce moment m’appartient. Ces quelques minutes sont d’une telle intensité que j’ai envie qu’elles soient éternelles. Je revis sur ces 300m toute ma course et même les mois d’entraînement. Je sais qu’une fois sur le stade, ce sera fini alors j’ouvre tout et me laisse submerger par mes sentiments. Les encouragements des spectateurs me touchent encore plus. J’ai survécu. Je vole, je ne sens plus rien. Je suis devenu invincible, immortel. Je suis le Roi du Monde…   

Toutes ces raisons ont fait de mon Grand Raid un moment de pur Bonheur. Je vous en remercie encore tous.

C’est pour vivre de tels moments que je continue à pratiquer ce sport de fou. Oui, il y a un peu de folie dans ce que l’on fait mais n’est ce pas là le propre de toute passion ? 

 

 

 

                                                                                                                                            Steph.

 

 

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commentaires

V
BRAVO pour cette course et ce récit.<br /> Je t'invite a visionner le mien (et celui de mon compagnon , accompagnateur...ce qui donne une autre vision..)<br /> Cordialement , martine dossard 52<br /> http://passion-trail.skyrock.com/
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R
Encore bravo Steph pour ce GRR 2007 corriace que tu as su gérer d'une main de maître... Ces foutus fractionnés ont porté leur fruit !<br /> Tes phrases résument vraiment bien ce que l'on peut ressentir sur une telle épreuve, mais c'est vrai que tu commences à être un habitué du GR ! (6 ou 7 ieme fois ?)
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O
Superbe CR!Un plaisir à lire et relireOlivier
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S
Une façon très originale et très vivante de nous faire partager ton aventure. Beau succès de ta part et performance plus que respectueuse. Ce GR restera gravé pour bcp d'entre nous je pense. Et maintenant vive le Népal !
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