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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 19:08

 Voici le récit de deux ravitailleurs d'exception qui ont grandement contribué à ma réussite sur ce tor. Un immense merci à Sandrine et Raf qui m'ont littéralement porté vers l'arrivée...

 

Samedi soir : les retrouvailles

Pour bien commencer sa course, Seb fait honneur à sa réputation liée à son célèbre sens de l’orientation. Avec Cécile, ils mettent 1h30 pour faire Chamonix / Courmayeur (il faut environ 30 min pour rejoindre le camping). Nous pensions qu’ils étaient au camp de base pour récupérer les dossards ! Pas du tout : en direction pour Aoste ! Légère panique : la récup des dossards s’achève à 19h. On réussit à se perdre dans les couloirs du grand gymnase (mon sens de l’orientation n’est pas fameux non plus ; Raphael prenant des photos, il ne pouvait nous guider) et nous y voilà. Que de monde ! Ils sont nombreux ces courageux dis donc !

 

Au milieu de tous ces coureurs impatients d’en découdre, le regret d’avoir rendu mon dossard surgit, quelle envie d’être parmi eux, de pouvoir vivre cette aventure de l’intérieur !

 

Le débriefing en italien, anglais, français nous apprend peu de choses sur le parcours. Mais nous observons les concurrents venus de nombreux pays. Déjà, l’idée germe de finir cette belle semaine par un petit tour aux thermes…Hum…Bon, pour ça, il faut d’abord finir cette course ! Enfin, heu, Seb doit finir quoi !

Le service du repas est un peu long mais nous ne voyons pas le temps passer tant nous avons de choses à nous dire !

Seb ne laisse rien transparaitre, il semble zen et détendu, il en a connu tant des avant-course… ça sert l’expérience !

22h30 : au lit, les dossards sont récupérés, les pâtes avalées, la tente montée, le sac du coureur presque prêt…

 

Dimanche

Réveil matinal pour Seb, Paul et Raph qui ont tous une belle journée sportive. Seb bien sûr ! Mais aussi Raphael qui le rejoindra après le départ pour faire une première étape à ses côtés et Paul qui prévoit de repérer la fin du parcours (le morceau prévu dans 4 jours !).

Petite mine du Champion quand même, qui traine sa crève…Pas gagnée l’affaire !

Beaucoup de monde sur la place du départ. Nous partons avec Paul repérer le parcours afin de trouver des places stratégiques ! Nous vivons grâce aux hauts-parleurs l’émotion qui monte parmi les coureurs. Et c’est parti ! Des coureurs et des coureurs : tout type de physique, certains ont des gros sacs de rando avec tente ! Le départ est quand même un peu plus lent que ceux des ultras, le premier tiers trace, le second trottine, les autres marchent déjà.

 

Ah le voilà ! « ALLEZ SEEEEEEEEEEEEEEBBBBBBBBBB !!! »

Bon, maintenant, dépôt des 2 hommes qu’il me reste pour leur épreuve respective ! Une fois Paul parti, on file monter la tente au camping d’Aoste (au milieu de la grande vallée) et on va se poster à  La Thuile.

Repérage des lieux : pas possible de rentrer dans le ravito (Grrrrr). On remonte la file des coureurs ; bon faut patienter. Mais qu’est-ce qu’il fabrique ?? C’est lui ? oui, non ! Patience…Ah, on dirait…Oui ! Allez Seb !!!! Aye aye aye, la foulée n’est pas tonique alors qu’il a passé 1 col sur 25 ! Comment ça va se passer ! Pas bon signe…

« -Alors ce camping ? – Bien et toi ? – pas la grande forme, première montée difficile…mais ça va venir… »

A son habitude, il ne traine pas au stand. Raph emboite le pas.

Je les regarde partir et tente de retrouver la voiture (jamais un exercice facile quand on arrive en trombe sur un ravito pleins de monde et qu’on cherche son coureur avant tout !). Je rejoins les filles au camping et passe une excellente après-midi en leur compagnie. Petite sieste oblige (c’est dur ce stress des courses même si on ne court pas !). Paul arrive, content mais fatigué : « Elle est longue cette partie ! Ouah ! Ca promet mercredi dans la nuit… »

 

A la Thuile mon ptit TDG à moi commence, Seb m’annonce la couleur « tu vas m’attendre souvent , j’ai les jambes en coton ». Dans cette superbe vallée, au milieu des bois et des cascades, je ne m’en aperçois pas, prends des photos, profite du moment… 2h plus tard alors que la montée n’en finit plus, je m’aperçois bien que le tempo n’est pas le bon pour Seb. Pas de jus, les coureurs le dépassent, pas bavard le boug’… Il fait le dos rond et attend des jours meilleurs. Nous enchainons les cols Alto et Crosatie à petits pas. Les paysages sont magnifiques : j’essaye d’immortaliser ces moments pour par la suite, en faire profiter seb, qui là est plutôt scotché sur ses pieds ! Sur les descentes, nous trottinons et redoublons pas mal de coureurs, pas mauvais pour le moral.

Le jour baisse, nous arrivons en fond de vallée, la première base vie approche.

 

Allez, 17h30, je me prépare à reprendre la route : direction Valgrisenche. La route de montagne est une vraie route de montagne (style la plaine des palmistes). Les coureurs la longent plusieurs fois. J’hésite à m’arrêter mais j’ai peur de les louper plus haut : dilemme classique ! Je me gare en catastrophe car j’ai vu 2 tee-shirts turquoises arriver : ZUT ! Vite le sac de ravito, sa polaire ! VITE ! Et non, pas eux…ouf…Bon, repérage du sentier d’arrivée des coureurs : allons voir !

ALLEZ ALLEZ ! BRAVO ! Je commence à descendre mais coup de fil du Doudou : « on est à 4 km, ne te presse pas !  - Ah bon ? Heu…, ok. Ca va comment ? Tu veux des vêtements chauds pour ton arrivée ? » Allez, retour à la voiture pour s’équiper car le froid est bien tombé, la nuit approche. Puis, je reprends ce sentier. 2 belles vaches « combattantes  et noires » sont dans un champ qui longe le parcours. Elles portent un numéro : sont-elles là pour un coureur en particulier ? Elles sont superbes. Leur énorme cloche encouragera les coureurs. Ah ! Enfin les voilà! « MAIS qu’est ce que c’est que ce train de sénateur là ???? » Pas de réponse : oups ! Pas bon signe…Le regard n’est pas vif…Seb met sa polaire et rentre au ravito. On se poste à la sortie. Le Doudou s’est habillé ; ça caille dur ! Je ne vais pas commencer à prendre la tête à Seb avec mes huiles essentielles mais si sa crève dure, je les lui mettrai de force dans la bouche !

Ca y est, ENFIN, il ressort : il a mangé ! Enfin un peu de peps ! Cool ! Bon, première nuit : COURAGE !

 

Béru nous dira depuis son ordi à Annecy que son arrêt était un peu long, et que je devais être malade pour avoir autorisé Seb à s’arrêter autant !  « - Et non, ils m’avaient interdit l’accès !!!! »

Après avoir relayé les nouvelles à Cécile, on rentre tranquillement au camping et on dîne un peu tard. Rapha me fait part de leur journée : magnifique ! Une organisation au top ! Extra ! Paysages fabuleux mais Seb regarde ses pieds…(C’est bien ce que je pensais…).

 

Lundi

Objectif : retrouver Cécile et son père à Cogne en fin de matinée pour ravitailler Seb et se balader. Réveil tranquille pour moi tandis que. Raph se prépare pour l’accompagner sur une autre étape.

On les rejoint juste à tant sur le sentier d’arrivée des coureurs au dessus du village : il est midi. Seb arrive à l’instant ! Aye aye aye…examen minutieux de ma part : la foulée n’est toujours pas BONDISSANTE ! Bon, ça va venir…On l’accompagne au ravito : douleur au jambier, strap, ciseaux…Pendant qu’il grignotte, je file chercher du pain pour que Raph puisse manger avant de partir. Hé, pas évident de trouver une boulangerie dans ce pays ! Et puis, tous les pains ont l’air de contenir du « latte » (lait) ! Vite ! Raph finit sa bouchée, et Seb repare. On l’accompagne tous sous un soleil de plomb jusqu’au prochain village. Les coureurs semblent à l’agonie alors qu’ils n’ont même pas fait la moitié du périple ! Paul rêve d’une pizza, moi aussi…On les laisse au début du sentier et nous partons en quête d’un bon repas italien. Nous découvrons un coin charmant, de la délicieuse pollenta fontina et les filles tchachent à leur habitude ! Cécile me demande comment je trouve Seb : « on a envie de lui verser un bidon d’essence ! – Mais tu es dure ! Papa qu’est-ce que tu en penses ? – Non, non, elle est objective ! Il n’a pas la pêche ! » On sent que le Champion serre le dents et se fait peu plaisir…Heureusement Raphael l’accompagne, ça va aller. Il va le pousser !

On termine le déjeuner entrecoupé de textos de partout (Flore, Nicole, Sylvie, Béru…Il est 29ème à Cogne ? Non, cela doit être une erreur) et rentrons à Cogne récupérer les voitures. On ne se reverra que jeudi !

Je rentre au camping et me pose 30 min.

 

Vu l’état de forme de la veille, j’avais hâte de revoir Seb après cette première nuit pendant laquelle il devait passer par les plus hauts cols du Tor. Et finalement à la faveur de la nuit, les sensations sont quelque peu revenues, me dit-il.

Nous attaquons cette 3e étape Cogne-Donnas qui s’annonce assez tranquille sur le papier…avec 1 seul col à passer.

Nous sommes dans la parc du Grand Paradis et l’ambiance est toujours aussi féérique entre les paysages, les supporteurs, les ravitos et bénévoles au top ! La montée est longue, Seb est plus locace et nous papotons. Au refuge Sagno, le buffet qui nous attend est grandiose ! Le poêle chauffe une grande pièce où pas mal de coureurs se sont posés… Grande est la tentation mais ne nous attardons pas ! L’altitude se fait sentir, et les derniers 400 m se feront tilamp ti lamp.

Nous basculons à la fenêtre de Champorcher sur une vallée assez austère, gagnée par les nuages. Seb a une douleur sur l’avant du tibia et la forme n’est toujours pas au rendez-vous… Sur une large piste propice à la course, nous marchons. De nouveau, des coureurs nous dépassent, nous en sommes « qu’au 110e km » et à ce moment là de la course, j’ai des doutes sur la poursuite de Seb, qui ne semble plus prendre de plaisir du tout…

Puis vers le refuge Chardonnay, tentant le tout pour le tout dans cette interminable descente, Seb décide de re courir, et miracle, la douleur semble ne plus l’handicaper. Tout comme le rythme, le moral remonte, nous essayons de garder un tempo régulier.

Nous avons tout de même pris du retard sur le planning, j’appelle la Doudou pour la prévenir.

 

18h00 Le téléphone sonne alors que je commence à préparer les affaires pour Donnas où je dois récupérer le Doudou. Suis-je en retard ???? « – Allo ?  -…où ?? - ...quoi ???..Tu dis ? J’entends rien !... » Zut je dois être à la bourre, filons !

 

 

Le ravito de Donnas est bien caché ! Je tourne de hameaux en hameaux en vain…VITE ! Je rentre dans la vieille ville, non c’est pas là ! Le hameau d’avant ? D’après ? Non ! Finalement, je me mets à suivre les petits fanions jaunes qui me conduisent au camp de base. Le PC course d’Archamp puis le PC Course d’Annecy m’annonce qu’ils ne seront pas là tout de suite ! J’ai du mal comprendre le message de Raphael. Les coureurs ont mis 3h pour faire l’étape précédente (qui s’annonçait « facile » à la lecture du topo : un faut plat descendant !). Bon, ok…je fais ma popote à côté de la voiture : soupe, purée, saucisses au réchaud. Patience dans la voiture…Les coureurs arrivent au compte-goutte. Oh ! Et puis, zut ! Je vais les chercher ! Il fait nuit, je traverse la ville à la lampe torche, puis la vieille ville, puis je longe le canal et la falaise, il fait nuit noire, personne…heureusement on voit bien les fanions. Si j’étais parmi ces coureurs dans la nuit, seule, comment je me sentirai ?

Finalement, je me poste à un carrefour en tailleur. Je chante doucement et encourage les quelques coureurs qui me remercient en tapant des bâtons. On dirait un ermite qui médite en chantant des mantras dans le noir…

 

Cette maudite descente si charmante au début est INTERMINABLE ! Le chemin tortille à flanc de montagne tout en alternant montées/descentes bien casse pattes ! La nuit tombe et le chemin reste très  technique à flanc de ravin. Je prends la tête du binôme pour ouvrir la voie et essayer de garder un rythme. Seb serre les dents et s’accroche, je suis vraiment admiratif, avec sa nuit blanche, les 140 bornes dans les pattes et sa bronchite qui ne veut pas le lâcher…Il commence à faire chaud, nous avons perdu de l’altitude…Enfin la lumière de la vallée et un semblant de ville… Donnas ?! Non…. Pontboset, il reste 10 km ! Notre déception est de courte durée en voyant la ferveur qui nous entoure à l’arrivée au ravitaillement, ma parole, tous les habitants se sont donnés rdv sur la place pour nous recevoir ?! C’est très émouvant, les gens sont aux petits soins pour les coureurs.

Cette descente à bon rythme aura regonflé le moral de Seb, il me semble, moral qui aura fait le yoyo depuis le début, et qui n’en a pas fini !

Nous passons en mode marche pour rejoindre Donnas.

 

22h15 Deux lampes arrivent mais je n’ai aucun moyen de savoir si ce sont eux : Hé si !!! «  – Doudou t’es là ? – C’est loin le ravito ? – Oui…3 à 4 km ? – Hein ?!!! – mais c’est très beau, la vieille ville, vous allez voir ! Alors cette jambe ? – Mieux, j’ai pu courir un peu ! - AH quand même !!» Mais Seb tousse pas mal…

Au ravito, des mauvaises nouvelles sur l’étape à venir plus longue que prévue et sur le temps…Seb nous quitte pour se doucher et se reposer. Il a à peine mangé. Je lui donne des huiles essentielles, sans sucre : un peu dur ! Raphael s’est régalé à nouveau sur cette étape !

Envoi de messages à Beru et Cécile et on reprend la route. 

 

Mardi

HELP PC Course d’Archamp : Mr et Mme Guillé ne sont pas d’accord sur l’emplacement du campement ! Ils n’ont pas prévu d’aller à l’étape de Gressoney mais Mme Guillé veut essayer de voir Seb quand même dans la journée ! Mr Guillé lui explique en vain que ce n’est pas possible ! Ils ne sont pas d’accord sur les heures possibles des prochains ravitos. Raph ne veut pas que Sandrine ait à déplacer le camp en son absence (Il prévoit d’accompagner Seb de nuit). De plus, ce lieu est central dans la vallée ! Sandrine qui en a marre du bruit de l’autoroute (pour des vacances, tout de même !), est persuadée qu’un camping les attend quelque part à Valtournenche même s’il ne figure pas sur la liste d’internet du Val d’Aoste ! BREF…Béru vient à la rescousse et trouve un super plan ! La question suivante est : 1 nuit ou 2 ? Quand est-ce que Seb va passer ? Quand est-ce qu’ils arriveront à Ollomont ?

Allez, tant pis, va pour 2 : le coin est splendide, sous le Cervin, malgré les nuages !

La journée se déroule tranquillement : encouragement des premiers, repérage du ravito, balade sur les hauteurs, cartes postales, crêpes et latte caldo…On est bien ! Il fait assez froid le soir hors de la tente. On pense bien fort à Seb, seul à Gressoney ; il est arrivé assez tôt (20h). Il n’a vu personne depuis 24h : dur…Bon, pensons à demain, il sera avec Doudou !

 

Mercredi

Réveil sous les nuages et la pluie par intermittence. PC Course d’Annecy nous informe que Seb a quitté Gressoney à 3h : Ouf ! Il a bien dormi ! Il a dû récupérer et puis il n’était pas trop dehors sous la pluie !

Coup de stress au camp de base : ils ont stoppé la course à cause d’un éboulis ! – Quoi ? Zut ! On prévient tout le monde mais rapidement, on apprend qu’ils ont fait un itinéraire bis, tout va bien ! Ouf…

Café, cartes postales, calage du plan ravito de Cécile…On s’occupe !

Bon, allez, il ne pleut plus, il ne devrait pas tarder. On y va ! On remonte le joli sentier au dessus de Valtour et oh surprise, après un « ALLEZ SEEEEEEEEEEEEEBBBBBBBBBB ! »  tenté à tout hasard, il déboule frais comme un gardon !!! Magique ! « - Ah, je suis content de vous voir ! J’ai loupé mon réveil ! Je l’avais mis à minuit et quand j’ai ouvert les yeux, il était 3h ! Puis j’ai voulu dormir, pas réussi […] J’ai gambadé un peu […] gens adorables […] pas trop pluie […]» Arrêt : 19 min ! Raph est à peine prêt que Seb est reparti.

Texto post ravito : « Cécile, ton homme n’arrête pas de parler, c’est signe que tout va bien ! »

 

Ah oui apparemment sa bonne nuit de sommeil l’a requinqué ; je prends sa foulée à la sortie des stands de Valtournenche. Seb me raconte sa course depuis qu’on l’a quitté à Donnas. 2 nuits et 1 journée plus tard il me parait encore frais. On attaque la montée au Rif Barnasse sur un bon rythme, pour un coureur qui a 240 bornes !! Le temps se couvre, la météo n’annonce rien de bon… On tchatche encore, sur notre vie en métropole, à la Réunion, sur les montées là bas qui ne sont pas assez longues pour s’entrainer aux interminables cols valdotains !! Au ravito suivant, un truc reste en travers de l‘estomac de Seb, le froid tombe, les jambes durcissent, les vieux démons reviennent… Les 20 km suivants seront à plus de 2500 m, ce n’est pas le moment !! Seb pioche mais arrive à enchainer les cols. A la tombée de la nuit, le vent se lève, le froid est polaire, et sa foulée…chancelante. Une halte s’impose au refuge Cuney. Plus rien ne passe pour Seb, il va se coucher une petite heure. Moi je reste sous la tente, discute avec les coureurs qui arrivent au compte-goutte, transis par le froid, Le vent se déchaine, on nous annonce -10° en température ressentie… J’espère que Seb va se refaire une petite santé…

 

Fin de la journée plus tranquille pour moi : balade sur les hauteurs de Breuil Cervina avec les marmottes. Calcul et recalcul avec Beru pour savoir combien de temps ils mettront pour cette étape. Petit repas dans la nuit sous la brume. Minie nuit car transie de froid, inquiète pour Doudou et Seb qui en est à sa 4ème nuit ! Il fait vraiment froid, ils doivent avoir de la neige ! Des textos dans la nuit, je somnole par intermittence…

 

 

Il revient, pas la grande forme, je lui file les affaires de rechange que j’avais dans mon sac et je me couvre au maximum, ça va être l’aventure !! On se regroupe avec quelques coureurs pour affronter la nuit et la neige.

Le rythme est lent, Seb est au taquet, j’aimerai tellement lui passer quelques grammes de mon énergie… Malgré tout je profite de cette nuit, des éléments autour de nous, des flocons qui tombent, du chemin qui blanchit, des frontales éparpillées dans l’immensité. Le dernier bivouac de cet enchainement de col se fait attendre ; Seb s’arrête pour reprendre son souffle, quand enfin, telle la lumière au bout du tunnel, une lueur apparait, des sons nous arrivent…Le Bivouac Clermont !! Nous sommes accueillis par des Valdotains qui nous soignent comme des mères, je n’oublierai jamais cette ambiance, à 2700 m dans la tourmente, de ses bénévoles qui réconfortent dans la gentillesse et la bonne humeur. Seb arrive à manger une patate et continue à serrer les dents, quel courage ! Nous restons 20 min, ressortons pour affronter le dernier col de cette « zone rouge » où l’altitude, la nuit, le froid, la fatigue compliquent l’avancée.

Col Vessonaz à 0 h, nous pouvons enfin basculer de l’autre côté et redescendre en vallée, où les conditions seront plus hospitalières…C’est sans compter sur la longueur de ces vallées… Seb arrive encore à trottiner sur la majeure partie de la descente. Moi aussi je commence à être en mode somnambule. Il est 3 h, nous arrivons à Oyacé. Fin d’un sacré morceau. Seb a été héroïque de continuer et d’arriver là dans son état. Il se pose quelques minutes sur un lit quand Cécile et Paul nous font la surprise d’arriver en pleine nuit ! Paul s’équipe pour suivre notre protégé et de mon côté je rentre avec Céline au camping. Quand je me glisse sous la couette, j’ai une pensée émue pour tous les coureurs qui sont dans le vent et le froid là haut entre Valtournenche et Oyacé !

 

Jeudi

Théoriquement, c’est le dernier jour ! Théoriquement !

Dès le réveil je prends connaissance des infos : arrivés à Oyace à 4h, pas encore arrivés à Ollomont. Ah bon ? Je ne vais pas appeler le Doudou maintenant, soit il dort, soit il court !

Démontage de la tente (hyper facile ! Qu’est ce qu’il raconte cet homme ?), rangement, tentative de voir le Cervin mais bouché : départ sans regret pour le camping de Courmayeur.

Echanges de textos avec Daniel et Annie (les parents de Raphaël) accrochés eux aussi à leur PC pour suivre cette folle aventure.

Tel vers 9h : « - T’es où ? – à la station GPL, j’arrive. Et toi ? – Cécile nous a récupéré à Oyace en fait, j’ai laissé Paul repartir avec Seb - Ah, changement de plan alors ; t’as dormi un peu ? » Ils se sont pris la neige…Seb qui n’avait pas voulu prendre mon haut à manches longues à Valtour l’a regretté. Heureusement, Raphael avait assez d’équipement pour 2. L’étape a été ruuude mais splendide. Les ravitos fabuleux. Le Doudou est mordu, c’est foutu…même l’étape de nuit l’a motivé…

PC Course d’Archamp nous indique que la course a été stoppée ce matin à nouveau mais les coureurs sont repartis. Le ciel n’est vraiment pas très clément !

Midi : repas délicieux préparé par la maman de Cécile. Nous ne sommes pas bien tranquilles : à quelle heure vont-ils finir ? Paul n’aura-t-il pas trop froid ?

Puis, Raph et moi descendons à Courmayeur visiter et voir l’arrivée ! Dîner au camping car et jeux : l’attente est longue ! On y va pour quelle heure ? Raphael et Sandrine remonteraient le sentier puis Cécile les rejoindrait en ville ? Finalement, les nouvelles transmises par PC course d’Annecy à 23h et par Paul à minuit nous incitent à attendre encore un peu au chaud.

1h30 : texto à Cécile « – tu dors ? – Vous êtes où ? - Dehors, on part ensemble ? – ok »

Allez, on va chercher le Champion. Nous sommes tentés de l’attendre dans un bar bien douillet avec une ambiance fort sympathique mais le coin n’est pas stratégique : on ne voit pas les coureurs de loin…Et si on loupait l’arrivée ?! 4 jours et demi qu’il nous tient en haleine et on raterait le finish ? On décide donc de remonter le sentier : des pièges attendent les courageux qui arrivent à cette heure avancée : les arroseurs de jardin public !!! On n’y coupe pas ! On remonte le sentier sur lequel les fanions sont de plus en plus rares…Comment font les coureurs ? On en croise certains qui volent à savoir que l’arrivée est proche.

Enfin, arrivent nos sportifs ! Aye, ils n’ont pas l’air de « voler » eux. Seb a récupéré des bâtons et a l’air d’avoir 2 cannes…mais ce n’est pas grave, il a FINI !! IL A FINI !!! Il a vaincu les 330 Km et les 24000 de D+ : un GEANT !

On apprend à l’arrivée qu’il fera partie des 73 chanceux qui auront eu le privilège (enfin, heu, ils l’auront eu au mérite) de finir cette édition 2012 !

Une énorme pensée à ces coureurs qui ont été arrêtés à 26 km de la fin, après 5 jours de course…

 

Retour au gymnase : rien ne change, Seb est transi et on ne trouve pas l’entrée ! C’est nous, c’est lui ? Un vrai test d’orientation ce bâtiment !

C’est le lendemain après quelques heures de repos qu’il commencera à savourer la victoire !

 

Bravo Champion  et Merci pour cette extraordinaire aventure ! Merci à PC course d’Archamp et PC course d’Annecy, alias Beru pour le suivi en live et l’organisation de nos vacances !

Vive les termes de Courmayeur (uniques au monde !!!) où l’on a retrouvé les coureurs et leurs supporters pour du pur bonheur partagé !

 

Raphael et Sandrine

 

Et pour en voir davantage  http://www.youtube.com/watch?v=94GxPprzyeI

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commentaires

I
<br /> Encore bravo à Seb le Géant, et à tous les lutins qui l'ont soutenus.<br />
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J
<br /> ça donne presque envie... :-)<br />
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