Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 18:19

საქართველო

Le Grand Caucase

 

GEORGIA 2021

Me voilà débarquant en Géorgie, ex URSS, pas celle des USA, baskets aux pieds. Gamarjobat ! Bonjour !

Je passe sur le voyage en période Covid…

Racing The Planet y organise un 250km par étapes, que j’attends avec impatience. Au programme, 6 jours de course, 4 x 40km, 80km, 10 petits km pour conclure et 5700m de dénivelé au programme, dans le petit Caucase où les sommets culminent à 3000m. C’est alléchant ! En fait la région s’appelle Samtskhe-Javakheti. Ah Ah ! Excellente introduction à la prononciation du géorgien.

Le tout en autosuffisance, ce qui est moins marrant. Il faut porter toutes ses affaires de jour et de nuit, sauf l’eau et la tente. Et la liste du matériel obligatoire est impressionnante, incluant une pharmacie et 14000 kcal à ingurgiter en une semaine. C’est la 3° fois que je cours avec eux, je connais la chanson.

Tbilissi, la capitale, m‘accueille 3 jours avant de rejoindre la course, de quoi découvrir le coin et les habitudes locales. Je loge chez l’habitant, juste à côté de l’hôtel du rendez-vous. Au dernier moment, le gouvernement géorgien nous demande un test PCR de moins de 72h avant la course. Je commence donc par ça le lendemain de mon arrivée.

GEORGIA 2021

Je rejoins la troupe le 13 août à l’hôtel en début d’après-midi. D’abord un petit coucou obligatoire au médecin avec le résultat du test. C’est ambiance retrouvailles parmi les coureurs. Je n’y reconnais aucune connaissance.

L’organisation est un peu différente de la normale, on embarque tout de suite pour le camp 1 en bus, une personne par rangée. 2h plus tard nous sommes dans le parc national d’Algeti, et une petite grimpette à pied plus tard, nous découvrons le camp, situé à 1600m d’altitude, près du petit lac de Gokhnaris, surplombant la vallée. Il va faire frais ce soir.

Le camp est délimité par les tentes disposées en cercle. Les indispensables toilettes sont derrière, un simple trou creusé dans le sol. Il n’y a pas de douche. Je partage une tente spacieuse prévue pour 6 avec 2 autres coureuses, ce qui permet de respecter les fameuses distanciations : Simone, du Luxembourg et Sunanda, Américaine vivant au Caire. C’est la tente des quinquas.

GEORGIA 2021

Je fais connaissance avec mes proches voisins. Tente de gauche : Alex l’Américain et Brian le Canadien, puis Iris et Christian, un couple d’Allemands habitant en Suisse. La tente de droite est jeune avec Martha, USA, Sandra, Autrichienne et Lynne qui doit arriver d’Angleterre dans la nuit. Nous nous retrouverons régulièrement pour partager les repas.

Nous sommes 58 coureurs, ce qui est peu, Covid oblige. 26 nationalités sont représentées, les grands absents sont les Chinois et les Italiens. Nous sommes 4 français : Ronan et Chérif, les Parisiens, Marie-Paule qui vit à Londres, et moi. Ah, il y en a un 5°, Malo, qui fait partie de l’organisation. Etudiant en STAPS, il est responsable du chrono, et accessoirement serre-file.

Pour l’organisation, la Réunion n’est pas la France et semble être un pays aux services publics peu fiables. Ils n’ont pas voulu m’envoyer les patches obligatoires avec le logo de la course à mettre sur les maillots, j’ai dû les récupérer en métropole.

Nous avons encore le droit à nos affaires normales, notamment pour les repas. Ce soir, ce sera menu local pour moi, avec des légumes et des fruits frais, et un katchapouri, pain rond et plat fourré au fromage. Un délice. Certains sont déjà aux lyophilisés. Ils ne vont pas en avoir assez cette semaine
 ?

Cette fois j’ai sacrifié la sacro-sainte optimisation du poids au confort : j’ai un matelas gonflable, très léger, 200g, et peu volumineux. D’habitude je prends un morceau de matelas mousse de 2cm d’épaisseur de la taille de mon thorax. Mais ça, c’était il y a 10 ans… Seul bémol, le gonflable, ça couine au moindre mouvement. Mes voisines vont déguster…

Sunanda s’est étalée dans la tente, elle a vidé son sac, il y en a partout, et trop, beaucoup trop. On s’y met à plusieurs pour l’aider à éliminer le surplus inutile et lourd. Dans l’énumération du matériel obligatoire, je sursaute aux 2 paires de gants.

Mince, je n’ai pas pris les gants blancs de papa et je n’ai qu’une paire. J’ai un petit nécessaire à couture avec moi, et un mouchoir taille XXL. Ni une ni deux, je vais de ce pas avoir une paire de gants bleus avec des arabesques blanches, en mouchoir. C’est vite fait, jolie forme. Néanmoins, c’est immettable, j’espère juste qu’on ne me demandera pas au contrôle de les enfiler et qu’exhiber 5 doigts suffira.

Nous passons la journée complète du lendemain au camp et nous avons quartier libre le matin. Je vais me balader au lac. Il y a plein d’oiseaux, dont certains courent sur les tapis de plantes aquatiques. Malheureusement je ne les connais pas. Il y a aussi beaucoup de champignons que j’aimerai bien goûter, jeunes vesses de loup et petits rosés des prés. Un troupeau de vaches mené par leurs cow-boys vient boire. Les gamins s’amusent en faisant cabrer leur cheval.

GEORGIA 2021

Soudain le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde. Je me précipite pour mettre une grande bâche sur la tente. Pas facile avec sa hauteur et le vent. On a juste le temps de s’abriter avant qu’une pluie de grêle ne s’abatte sur nous.

L’après-midi est dévolue au contrôle des sacs. Il y a du stress dans l’air pour les non habitués, plus ou moins bien camouflé. Outre le sac de course avec toutes les affaires et nourriture pour une semaine, nous présentons plusieurs autres sacs. Le dropbag n°1 facultatif avec un sac de couchage chaud, en supplément du sac de couchage obligatoire à porter. Je n’ai pas de dropbag n°1. Le dropbag n°2 obligatoire avec des vêtements chauds suivant une liste bien définie, que nous aurons au camp uniquement en cas de grand froid. Le dropbag n°3 facultatif avec une tente individuelle pour ceux qui ne veulent pas d’une tente à partager. Je n’ai pas de dropbag n°3. Pour finir j’ai emprunté une paire de gants à Marie-Paule pour le contrôle à la place de mes gants esthétiques en mouchoir.

Une fois ces obligations terminées, nous nous séparons définitivement pour cette semaine des affaires qui ne servent pas à la course et qui retournent à Tbilissi. Tout le monde en tenue de coureur !

Le soir au repas, autour des feux, les « novices » ont plein de questions pour les « expérimentés », qui ne se font pas prier pour compter leurs exploits passés. Je m’aperçois que j’étais à Madagascar avec mes voisins Alex et Brian, mais nous ne nous sommes pas mutuellement reconnus. Pour ma part, je reste sur ma réserve habituelle.

GEORGIA 2021

En moins de 24h, Simone connaît tout le monde dans le camp. J’en suis loin. Elle m’épate !

Le départ de la 1° étape se profile pour demain matin 15 août à 8h. Je suis prête ! J’ai le dossard 14, je suis dans la tente 14, je vais finir 14° ?

J’ai fait le choix de ne pas prendre de bâtons car je n’aime pas ça. On n’a pas l’habitude d’en utiliser à la Réunion, et je préfère le plaisir à la contrainte, même si cela me fait perdre un peu de temps. Je me contenterais d’appuyer sur mes cuisses dans les montées.

J’estime le poids de mon sac à 7kg avec l’eau, dont 2,8kg de nourriture, qui va s’alléger au fur et à mesure des repas.

GEORGIA 2021

Après une bonne nuit sur un matelas douillet et un bon petit déj de muffins au fromage local, le dernier repas avant de passer au « léger », c’est le coup d’envoi pour 38km. Il suffit de suivre les petits drapeaux roses plantés dans le sol pour trouver son chemin. Je pars en 1° ligne, évitant au maximum les pointes des bâtons des autres. Vraiment, je déteste les bâtons. On commence par faire le tour du plateau en légère montée. 2 ou 3 filles me doublent, j’en redépasse 2 ou 3 dès que la pente s’accentue un peu. 2 ou 3 ? Je ne sais pas, je suis incapable de dire combien. En tout cas je suis bien placée.

GEORGIA 2021

On passe près d’une belle petite chapelle située tout en haut de la colline, avant de plonger dans la vallée. La descente traverse les alpages, dans les hautes herbes parsemées de chardons qui piquent fort. Je ne regrette pas d’être en collant ! Il figure dans la liste du matériel obligatoire, cela permet d’être protégée de l’ardeur du soleil, tout en portant un short dans le sac, ce qui est moins lourd. Je peux donc dévaler la pente sans souci. Je double quelques mecs, dont Tim l’Australien, sous un pommier. C’est le dernier coureur que je verrai avant longtemps.

La descente se poursuit dans une belle forêt, sur un chemin tout en dévers et couvert de branches mortes, pas si facile. Restons concentrée ! Je galope bien. J’adore cette descente.

GEORGIA 2021

Le CP1 est dans la vallée, je ne m’y arrête pas. Je ferai de même à tous les CP1. On ne va quand même se la couler douce au bout de 10km et j’ai assez d’eau.

On commence à remonter la rivière, fort doucement. Je traverse quelques hameaux de maisons en pierre. Je croise un peu de monde :  un couple de randonneurs, une charrette en branchages tirée par un cheval qui trotte allègrement, un cavalier suivi d’un poulain qui gambade lui aussi allègrement, un autre cavalier avec un grand fusil. Je leur lance un joyeux gamarjobat, ça plaît toujours aux gens qu’on leur parle dans leur langue. Néanmoins la conversation s’arrête là.

GEORGIA 2021

Je finis par quitter la rivière, ça commence à grimper sérieusement vers le col, 800 m de dénivelé m’attendent, petit bonheur. Je serpente moitié en forêt, moitié dans les alpages. Il y a quelques bergers avec leurs moutons et leurs gros chiens, et même un jeune garçon qui garde un troupeau de dindes.

Plus haut, je me tape quelques passages bien raides dans la forêt de pins, j’appuie fort sur les cuisses. Un bénévole m’attend juste avant le col et le CP2, où je ne fais qu’une très courte halte, juste le temps de boire rapidement.

Avant de descendre dans la vallée suivante, où j’arrive dans un village. Marc l’Allemand est arrêté au milieu du chemin. Que lui arrive-t-il ? Il m’attend car il a peur de passer seul devant un gros chien qui aboie fort ! Certes les chiens du cru n’ont pas une bonne réputation de sympathie. Ce sont des chiens de berger et ils gardent leur territoire des intrus. Je n’ai pas peur du tout et nous continuons sans encombre.

 

GEORGIA 2021

Le terrain s’aplanit, ce qui est moins mon fort et Marc finit par passer devant. Je rejoins une route qui mène à un gros bourg. Je vise l’église. Mais non, les petits drapeaux roses obliquent à gauche toute, on reprend les sentiers. A la hauteur du village, un groupe de coureurs débarque sur ma droite. Ils ont loupé la bifurcation et se sont tapé un surplus. C’est en me voyant qu’ils se sont aperçus de leur erreur. Ils sont plus rapides que moi et nous nous séparons.

J’arrive au CP3. Je prends juste le temps de faire le plein d’eau. Et c’est reparti par une traversée de rivière. Je suis avec 2 autres gars. J’ai de l’eau jusqu’aux genoux, et c’est plein de vase au fond. Allez, on y va !

GEORGIA 2021

Le sentier serpente dans les champs le long de la rivière. Je retrouve Marc et Kim l’Espagnol. Puis je vois devant moi les drapeaux du camp. Avant de l’atteindre il me faut de nouveau traverser la rivière avant une dernière petite côte et passer devant le tambour qui marque chaque arrivée.

GEORGIA 2021

Ronan est ravi de me voir et m’accueille chaleureusement. Désormais, il m’attendra tous les jours ! Car j’ai la surprise d’apprendre que je suis la 1° fille ! Il est vrai que je n’en ai vu aucune depuis le départ, et toutes les petites jeunettes sont derrière.

Je finis cette 1° étape en 5h25, je suis 9° au classement général. Je n’ai plus qu’à harceler Malo tous les soirs pour suivre les résultats.

Le camp est en bordure du village de Livadi, à une altitude de 1500m. Les gamins viennent nous voir. En tout cas, je profite de la rivière adjacente pour une baignade frisquette, mais ô combien revigorante, surtout sans possibilité de douche. C’est bien mieux qu’une toilette aux lingettes.

Arrivée tôt, je peux profiter de la chaleur de l’après-midi en short avant la fraicheur du soir, et mes chaussures auront le temps de sécher pour demain. Je chausse mes petits chaussons d’hôtel, très légers à transporter. Cela permet également de bien s’alimenter à une heure correcte, car je ne mange rien pendant la durée de la course, et d’avoir une bonne récupération.

Simone arrive 40mn après. Elle est la 2° femme. Nous passons l’après-midi toutes les 2, en attendant Sunanda. Elle tarde. On regarde la ligne d’arrivée à chaque coup de tambour, mais ce n’est toujours pas elle. Elle arrivera après le temps limite, avec les serre-files. Inutile de décrire son état d’épuisement. Elle est en larme, affamée, et collectionne les crampes et les ampoules aux pieds. Nous nous occupons d’elle pour la chouchouter et lui remonter le moral, l’étirer, lui préparer de quoi manger.

Le soir nous retrouvons nos voisins pour le repas au coin du feu. Tout le monde compare son menu lyophilisé et s’étonne de ne pas me voir sortir mon sachet. Oh non ! Je confectionne moi-même mes portions, avec du déshydraté. Je fais mes petits mélanges de ce que j’aime, purée ou semoule, agrémentée de soupe pour donner du goût et d’amandes en poudre ou de noix de cajou mixées pour apporter les calories réglementaires. Pour les protéines, c’est du poisson séché ou de la spiruline. J’ajoute de l’eau chaude et je me régale. Idem pour le petit déjeuner à base de céréales écrasées pour diminuer le volume. C’est aussi l’occasion de découvrir les spécialités étrangères de nutrition de sport comme le beurre de cacahuète à la banane polonais.

La soirée est pluvieuse, il faut ressortir la bâche sur la tente. Ca promet pour les 44km de demain.

Ô surprise, l’organisation m’offre un dossard jaune de leader sur la ligne de départ. Me voilà repérée.

GEORGIA 2021

On commence bien la journée, il faut retraverser la rivière, au même endroit qu’hier. Je tiens à me garder les pieds au sec le plus longtemps possible. Donc je prends la peine d’enlever mes chaussures. Je me retrouve dans la vase. J’ai l’impression que tout le monde me passe devant pendant que je m’extirpe de ce bourbier et me rechausse. En fait il n’en est rien. Puis nous passons près du lac Barati.

La suite du parcours est très humide. D’ailleurs une petite pluie s’annonce, avec des coups de tonnerre en fond de mire. Je chante « I love the thunder, I love the rain » de Jackson Browne. Ce sera ma chanson à chaque orage, ce qui ne manquera pas. J’évite les flaques au maximum en zigzaguant. Evidemment, ça ralentit le rythme.

GEORGIA 2021

Je finis par rattraper Marie- Paule, qui est en fait la seule fille devant moi, dans un village particulièrement boueux. Elle a traversé la rivière chaussée et patauge sans vergogne, pendant que je me fraie prudemment un passage sur les côtés plus secs. Du coup on reste un moment ensemble. Puis ça se met à grimper. Elle ne peut pas me suivre et je pars devant. Ca redescend vers le CP1, qui est dans un bâtiment abandonné. Il y en a beaucoup en Géorgie, y compris en rase campagne. Ce sont les vestiges de l’époque russe.

Je ne m’arrête pas au CP, et on reprend un petit bout du même chemin dans l’autre sens. J’y croise Marie-Paule qui arrive, suivie de Simone. Les 3 premières filles dans un mouchoir de poche au bout de 10km.

La suite s’avère assez plate. Je traverse quelques villages, jalonnés de quelques chapelles. Les pierres de construction sont grosses, et peuvent être de plusieurs couleurs. Ca donne un cachet aux constructions, même si elles paraissent bien vieilles.

GEORGIA 2021

Le sentier serpente dans les champs. J’ai bien failli louper un virage à angle droit. Restons vigilante sur les petits drapeaux roses, ne rêvassons pas trop. Il y a de nouveau une traversée de rivière. Je garde mes chaussures cette fois.

GEORGIA 2021

La montée commence à la sortie d’un gros village où je me suis rafraichie à la fontaine. Il y a du monde et des encouragements. Je me retrouve rapidement dans un paysage d’alpage, les fermiers font les foins à la faux, les bergers gardent les moutons. Dommage, une ligne haute tension me suit. Mais il faut bien que les villages aient l’électricité. Les sommets sont arrondis et avoisinent les 3000m dans le coin.

GEORGIA 2021

Simone me talonne au CP3. On fait un bout de chemin ensemble. Une fusée nous double, drapeau israélien sur la manche. Comment s’appelle-t-il ? Même Simone ne sait pas. C’est Alfonso. Nous nous reverrons souvent. Près du col de Javakheti à 2000m d’altitude, Simone finit par passer devant. Encore un petit bout de descente, mais je ne peux pas la rattraper. Puis les drapeaux du camp apparaissent, flottant au vent.

J’ai parcouru cette étape en 7h20, 2mn de plus que Simone.

Le camp est sur un petit plateau sous le sommet, et surplombe le lac de Tabatskuri au loin. C’est très beau. Le coin est volcanique. Mais quel vent ! Au moins les chaussures vont sécher vite. Impossible de rester dehors, on reste protégé dans la tente, de quoi se reposer et papoter.

GEORGIA 2021

En fin d’après-midi, Simone sort la tête à chaque battement de tambour pour guetter l’arrivée de Sunanda. Elle finit par apparaître au temps limite. Mais dans quel état ! Epuisée, frigorifiée, trempée. Elle s’écroule. Nous devons la materner. Simone s’occupe de la ravitailler, je m’occupe de la changer. Elle finira par capituler et nous quittera définitivement le lendemain matin. Nous sommes la tente des premières et de la dernière, Sunanda est tout de même la première à en rire.

Il pleut de nouveau dans la nuit, et c’est dans la grisaille qu’est donné le départ de la 3° étape pour 37km. J’ai même sorti le pantalon étanche.

Un troupeau de moutons et de chèvres nous regarde passer. Les chèvres ont de magnifiques cornes, grandes et verticales.

GEORGIA 2021

Nous descendons vers le lac, que nous longeons, en serpentant entre les flaques. La pluie cesse, une opération déshabillage s’impose. Nous bifurquons pour une longue montée de 600m de dénivelé sur 10km après le CP1. La pente de la piste n’est pas très forte, je peux courir facilement la plupart du temps.

GEORGIA 2021

Je croise un troupeau de moutons qui prend toute la place, chacun se pousse comme il peut.

GEORGIA 2021

Un engin particulièrement bruyant tente de me doubler. C’est un tracteur qui a l’air très antique, une marque russe. Il a beaucoup de mal à chaque accentuation de la pente et doit s’arrêter souvent pour prendre son élan. On fait un bout de chemin ensemble.

J’arrive sur une espèce de plateau ondulé, entouré de sommets arrondis à 3000m d’altitude. Il y a du monde, pour faucher les foins. Tous les moyens sont employés, de la faux en passant par la débroussailleuse, à la faucheuse tractée par un cheval ou par un tracteur. Ca bosse dur. J’admire les selles décorées et je regarde la moisson, et manque de peu d’en perdre le bon chemin.

GEORGIA 2021

Je passe le col de Tabaskuri à 2400m d’altitude. La vue est très belle vers les vallées. Le CP2 est juste après. La descente se poursuit sur la piste, sans difficulté. Elle est empruntée par les véhicules très hétéroclites qui descendent le foin, le plus courant restant le fourgon chargé en vrac à l’intérieur.

GEORGIA 2021GEORGIA 2021
GEORGIA 2021GEORGIA 2021

Simone me rattrape après le CP3. La descente s’est estompée. Nous faisons route ensemble. Deux jours de suite qu’elle me rattrape, alors que j’ai eu une bonne avance le premier jour. Je ferai mieux de trouver ses points forts et ses points faibles.

Nous quittons la piste pour nous retrouver hors sentier, dans les hautes herbes. Je passe devant. Repérer les drapeaux roses plantés dans l’herbe demande de la concentration. Nous dominons maintenant un village, avec le camp visible de loin, immanquable. On retrouve un sentier bien caillouteux qui plonge vers la vallée. Je cavale, et Simone ne me suit pas. La descente technique serait sa faiblesse ? Elle me le confirmera plus tard.

Le terrain s’aplanit et j’arrive au milieu des champs de pomme de terre. Je ne relâche pas mon effort, j’ai encore un bon bout à faire avant le campement. Je jette un rapide coup d’œil derrière moi à 500m des tentes, il n’y a personne en vue. Les villageois m’encouragent. Je franchis une passerelle sur la rivière, et ça y est, c’est l’arrivée après 4h43 d’effort. Simone apparaît 1mn plus tard.

GEORGIA 2021

Chouette, une rivière. Je peux faire trempette pour me laver, en compagnie de chevaux et d’une cigogne.

Le camp jouxte le village arménien de Bozhano, à 1300m d’altitude. Les enfants nous rendent visite, et une partie de foot est improvisée au milieu des tentes avec les Géorgiens de l’organisation et quelques coureurs. Il y en qui ont encore des jambes !

GEORGIA 2021

Il fait beau, l’étape a été courte, on se retrouve le soir pour un moment convivial au dîner autour du feu de camp. Les « novices » sont maintenant bien dans le bain.

Le lendemain matin, je passe le balai comme tous les jours. Je me suis autoproclamée ménagère de la tente, surtout que nous retrouvons la même pour toute la semaine.

Départ pour la 4° étape de 40km. Elle est annoncée difficile, avec 1000m de dénivelé. Voilà qui me convient parfaitement.

La montée commence rapidement, d’abord faible puis de plus en plus raide. Je me retrouve au milieu des troupeaux de vaches dans les alpages, toujours très fleuris. Les habitations d’été des bergers ont l’air assez précaires, recouvertes de bâches plastique. Les enfants jouent dehors.

GEORGIA 2021

Je coupe les lacets du sentier dès que je peux, ça grimpe bien. J’arrive au lac Levani, beau petit lac de montagne, avant d’atteindre sans encombre un plateau d’altitude et le CP2. Un col se présente sur ma gauche, à 2700m d’altitude, mais les drapeaux roses m’envoient plus à droite vers un autre col un peu plus bas, à 2500m. Dommage. J’apprendrais plus tard que l’itinéraire initialement prévu devait bien passer à 2700m, mais l’organisation a craint de gros orages par là et a changé le parcours par sécurité. En fait il fait beau. En tout cas la vue est très belle vers les vallées et j’en profite.

GEORGIA 2021

J’ai bien doublé dans la montée. Maintenant place à la descente. Je coupe avec entrain dans la pente, et je file tout droit dans les hautes herbes. A ce petit jeu je dépasse 4 mecs. Aucun ne me suit. Le plus coriace est Alfonso. Puis je suis sur une piste très caillouteuse, où je maintiens une bonne vitesse. Les gars restent toujours derrière. Alfonso arrive au CP3 quand j’en repars après avoir fait le plein d’eau. Je l’impressionne, et il m’appellera désormais Isabelle the gazel.

GEORGIA 2021

La vallée approche à grandes foulées. Je longe plusieurs petits lacs, très mignons, avant d’apercevoir un gros bourg. L’arrivée est au milieu de la rue au niveau des premières maisons. Le site n’a rien d’extraordinaire. Le seul point agréable est la présence d’une fontaine, comme il fait très chaud. En fait c’est là que je découvre que ce n’est pas l’arrivée prévue et qu’elle a été changée par peur d’une météo orageuse sur les sommets.

J’ai mis 5h26 pour cette étape, que j’ai beaucoup appréciée. Alfonso devait être bien crevé à la fin car il est arrivé 20 mn après moi.

J’ai à peine le temps de me rafraîchir qu’on nous enfourne dans un véhicule pour aller au campement, où nous aurions dû arriver à pied. On me demande de prendre mon dropbag. Je crois que c’est le dropbag n°1, celui du sac de couchage chaud qu’on récupère tous les soirs au camp et que je n’ai pas. En fait, pas du tout, c’est le dropbag n°2, celui des vêtements chauds auxquels nous aurons droit ce soir. En tout cas pas de Simone en vue. J’ai dû avoir un avantage dans la descente technique.

Le chauffeur n’a pas l’air de savoir où il va. Il s’égare vers la frontière turque puis vers la frontière arménienne, et doit demander son chemin plusieurs fois. Nous arrivons enfin sur les bords du grand lac Paravani, que nous contournons par une piste qui mène au village de Tambovka, habité par des Russes de l’ethnie des Dukhobors, à 2000m d’altitude. Ah ! Effectivement, il fait froid, et je n’ai pas le dropbag n°2 sous la main. C’est malin ! Surtout que nous sommes installés dans un champ qui vient d’être fauché, les meules de foin sont sur place et il y a beaucoup de vent, nous n’aurons pas de feu de camp par mesure de sécurité.

GEORGIA 2021GEORGIA 2021

Le site est superbe, au bord du lac. J’en profite pour me laver à grande eau, même si ça caille. L’accès n’est pas si facile dans de gros rochers. Je vais visiter le village. Il y a beaucoup de maisons en ruine, et il n’y reste que 17 familles. L’école accueille 9 enfants. Les toits des maisons sont curieusement plantés d’herbe. Ce doit être un bon isolant. Je croise un groupe de VTTistes qui traversent la Géorgie. Ca doit être bien aussi !

GEORGIA 2021

Simone débarque dans le véhicule suivant. Elle a terminé 25 min derrière moi aujourd’hui.

Mon drogbag finit par arriver avec la voiture des derniers coureurs. Je peux enfin me vêtir chaudement, surtout pour aller manger dehors. Nous rions ensemble avec l’autre Isabelle de la course que les 2 mêmes prénoms soient première et dernière. Elle est Allemande. Au repas, la tension est palpable parmi les coureurs pour la longue marche de 80km du lendemain. Enfin, pas pour moi en tout cas. Le temps limite est jusqu’au jour suivant à midi.

Je sens qu’un des os proéminent du sacrum commence à devenir sensible dans le bas du dos, avec le frottement du sac. Il n’y a pas de rougeur mais c’est un peu enflé. J’y colle un morceau d’élasto en prévention pour protéger la peau.

Autre sujet, je commence à voir à travers le mesh d’une de mes chaussures au niveau du petit orteil. Elles tiendront bien encore 2 jours !

En tête de course, je songe qu’il serait possible que mon sac soit contrôlé avec le matériel obligatoire. Je récupère les gants du dropbag n°2 pour avoir les 2 paires obligatoires sur moi.

Le lendemain matin, le départ est donné à 9h. C’est bien tard, mais au moins il ne fait pas trop froid. Un pêcheur est à l’œuvre dans sa petite barque en face du camp, le « port » étant juste à côté. Il abrite 2 embarcations tirées sur la rive entre les rochers.

Mon sac s’allège avec bonheur, au fur et à mesure des repas consommés depuis le début de la course.

Comme tous les matins, je fais les premiers 500m en compagnie de Jane, l’Américaine. Mais elle ne peut pas me suivre plus longtemps. Elle fera une belle course puisqu’elle finira 3° pour sa lune de miel !

Nous longeons le lac avant de nous élever dans la montagne. J’arrive rapidement à un petit col, suivi d’une descente vers la vallée suivante. Je coupe le sentier dès que je peux. Le photographe de la course s’en régale.

GEORGIA 2021

Je suis maintenant au pied de la grande montée du jour de 700m de dénivelé. Je vois le CP2 de loin, et je m’y dirige direct. Oups, j’ai été un peu optimiste. Je me retrouve au milieu de très hautes herbes, jusqu’à la taille. Après tout, je l’ai bien cherché. J’arrive tout de même à y courir assez vite. J’en profite pour admirer les fleurs. Très bref arrêt au CP pour boire une gorgée, et je repars vers les bergeries d’altitude et les troupeaux de moutons.

GEORGIA 2021

On contourne la montagne, il n’y a plus de sentier désormais. Les petits drapeaux roses nous mènent tout droit au col au milieu des alpages. Tout ce que j’aime. Il y a un gros pierrier à traverser. Sauter de pierre en rocher, encore tout ce que j’aime. D’ailleurs je ne passe pas où le photographe s’y attendait. Il m’appelle pour que je me dirige vers lui. Ah non, il est trop haut. Le col est atteint peu après, à 2500m d’altitude, surplombé par les ruines de la forteresse Abuli.

GEORGIA 2021GEORGIA 2021

J’enchaîne sur une longue descente sur une belle piste assez roulante, vers la vallée pour rejoindre les villages. J’y croise quelques femmes habillées tout de noir. Un chien hargneux surgit d’un portail et à ma grande surprise me happe le talon. Heureusement qu’il est haut comme 3 pommes avec de petits crocs.

GEORGIA 2021

Je coupe une rivière, qui devient très encaissée dans un magnifique canyon. Je cours avec la tête tournée vers la gauche pour l’admirer le plus longtemps possible.

J’en longe une autre, avant de la traverser sur un très beau pont de pierre du 13°siècle, à la sortie d’un village. Je me retourne pour l’admirer sous tous les angles. Désormais le parcours sera pratiquement plat, au milieu des champs.

GEORGIA 2021

J’arrive déjà au CP4. Marc et Kim me rejoignent. Ils étaient derrière moi ? Ce ne devrait pas être le cas, mais ils viennent de s’égarer et en ont pris pour une rallonge.

Je suis à mi-parcours, c’est l’heure du repas. Je déguste en marchant des tucs écrasés à volume réduit. Du coup les gars s’éloignent devant. Je reprends le rythme course, l’estomac plein. Les tracteurs fauchent les prairies, je croise une charrette tirée par un âne, une autre aux roues cerclées.

GEORGIA 2021

Je dois couper l’autoroute. Ce sera en passant dans un tunnel sous la voie, où s’écoule une rivière. J’y retrouve les garçons. Je me déchausse et monte mon collant, histoire de rester au sec pour la suite du périple. Je remonte à contre-courant, et me rechausse. Mince, je dois dans la foulée couper la ligne de chemin de fer. Rebelote pour le 2° tunnel.

GEORGIA 2021

On voit régulièrement des rapaces, toujours un beau spectacle pour moi. Mais celui-ci est au sol et mort.

Au CP5, l’organisation m’offre un coca, que je décline. Le coca, ce n’est pas ma tasse de thé, je carbure à l’eau. On me dit que le CP suivant est à 12km. Ah bon ? Je pensais que les 2 derniers comptaient chacun 12 km, or il me reste 3 CP à faire.

GEORGIA 2021

Après un petit bout de route, je longe une mine, je ne sais pas de quoi. Je monte légèrement vers une espèce de piste de bobsleigh en béton. En fait cela s’avère être des canaux d’irrigation. Je les quitte au niveau d’une grosse vanne et redescends vers un grand village.

Déjà le CP6. Zeana me demande si j’ai apprécié de traverser les pierres à 4 pattes. Je ne vois pas du tout de quoi elle parle, avant de comprendre que c’est le pierrier du CP3 que j’ai franchi comme un cabri sur mes 2 pattes.

Il me reste 2 CP, j’ai prévu de grignoter maintenant, 2 barres feront l’affaire.

Le temps s’est assombri et je dois sortir ma veste, il commence à pleuvoir un peu. Arrivée à la route, je vois Alfonso juste devant qui se dirige vers un sentier. Non, non ! Il y a un drapeau rose le long de la route. Je l’appelle et nous reprenons la bonne trajectoire ensemble. Néanmoins, s’il y a un drapeau, il n’y en a plus après. Mince ! Nous sommes prêts à faire demi-tour quand surgit un 4x4 providentiel de l’organisation. C’est confirmé, il faut suivre la route, et ce pendant un bon bout de temps d’ailleurs.

Nous sommes en fin d’après-midi et c’est l’heure de rentrer au bercail pour les oies. Elles se débrouillent toutes seules et une petite troupe se dandine sur la chaussée.

GEORGIA 2021

La pluie a cessé. Je peux enlever la veste. Alfonso me fait signe de me retourner. Un magnifique arc-en-ciel se détache sur les montagnes noires.

La route monte un peu et Alfonso part devant. Soudain le bitume s’arrête d’un coup, en pleine cambrousse, sans raison apparente, et je retrouve une bonne piste. Je traverse un petit bois, et je cherche de vue la flamme du CP. J’arrive à une intersection à l’entrée d’un village, il n’y a plus de petits drapeaux roses en vue. A droite ou tout droit ? Un monsieur me fait signe tout droit. A 50m je tombe sur les drapeaux qui annoncent le camp. Mais mais mais…  C’est l’arrivée ? Et moi qui cherche le CP7 ! J’aurai mal comptabilisé les CP ? Il m’en manque un.

Si j’avais su, je me serais accrochée aux basques d’Alfonso à la fin.

Bref, je me rends compte après coup que nous avions aujourd’hui 7 CP et non pas 8. Bon. Il est 19h30, il fait encore jour, et une grosse pluie s’abat sur le camp juste après. La tente est bienvenue. J’ai mis 10h22 sur cette étape. Simone arrivera un quart d’heure plus tard. Elle aura eu la bonne pluie, et tous les autres derrière aussi.

Nous sommes jeudi soir et maintenant, j’ai repos jusque samedi matin. Le camp est à 1700 m d’altitude et nous aurons le dropbag n°2 grand froid le lendemain.

Je n’ai pas faim, ayant mangé à l’avant-dernier CP. Néanmoins je n’ai pas eu un vrai repas de la journée. Je sors ma préparation semoule / soupe / spiruline pour finir de me requinquer.

Toute la nuit les tambours vont battre à chaque arrivée d’un coureur, ce qui ne m’empêche nullement de dormir. Et pourtant à un moment je ne les entends plus. Les derniers sont passés à 3h du matin, ce qui n’est pas mal du tout. Du coup tout le monde aura droit à une journée complète de farniente.

Le lendemain je découvre les environs. Le camp est érigé à côté d’une belle petite église, dont la porte est fermée par une simple pierre. Une visite s’impose. Je fais un tour dans le village d’Apnia, qui domine une profonde vallée. En face dans le côteau, on voit les entrées du site troglodyte de Vardzia. C’est grandiose. Et ce sera notre but final pour demain. Pour l’instant je vais saluer, les cochons, poules, chevaux, vaches et j’en passe, et les villageois qui s’occupent des leurs légumes. Comme dans tous les villages du coin, l’école en préfabriqué métallique bleu dénote parmi les maisons en pierre.

GEORGIA 2021

Un abreuvoir fera l’affaire pour me débarbouiller.

J’aperçois un coureur portant tout son équipement qui descend vers Vardzia en courant. Quelle idée ! Il en redemande !

GEORGIA 2021

Nous nous retrouvons tous au moment du repas de midi, chacun y va de son anecdote de la veille. La grosse pluie de la soirée que j’ai évitée a l’air d’avoir frappé les esprits, ainsi que la traversée du dernier petit bois de nuit où quelques dames n’étaient pas rassurées.

L’organisation nous annonce un changement de programme. Le banquet de fin de course aura lieu ce soir ici même, en extérieur, et non pas en ville à Tbilissi dans un resto. Tant pis pour la performance des 10 derniers km du lendemain.

Les Géorgiens nous concoctent un délicieux barbecue en un tour de main : brochettes de viande et de légumes, katchapouris, les fameux pains fourrés au fromage ou aux haricots, kinkhalis que je découvre, pains ronds fourrés à la viande et cuits à l’eau, très juteux, et qui sont délicieux. Je tombe sur un gros piment dans une brochette de légume. Oulah, il est fort celui-là. De la pastèque et du melon en dessert. La bière et le vin local coulent à flot. Je me contenterai d’une bière et de goûter le vin, dont la Géorgie est un gros producteur.

GEORGIA 2021GEORGIA 2021

Dernière et bonne nuit sous la tente. Les reliefs de la veille me fournissent le petit déjeuner, avec du vrai pain. Je suis la seule à y avoir pensé, les autres en sont toujours aux lyophilisés. Brian m’offre du sirop d’érable pour l’accompagner.

Nous voilà partis pour les 10 derniers km de course. Une grande descente de 600m de dénivelé sur une belle piste nous amène au fond de la vallée, avec une succession de virages en épingle à cheveux. Je cavale, mais Simone cavale encore plus et me dépasse. Je l’encourage au passage. Je me retrouve avec Brian, qui prend le temps de faire quelques photos. Il faut dire que la vue plongeante sur les grottes de Vardzia est unique. Je n’en manque pas une miette, tout en regardant mes pieds parmi les pierres du chemin.

Je traverse la rivière, sur un pont pour aujourd’hui, et j’attaque allègrement la courte et raide montée finale. J’y cours vite, avec beaucoup de plaisir, je suis pleine d’énergie. Je passe la barrière d’entrée du site troglodyte vers l’arche de l’arrivée, grand sourire aux lèvres. Une énorme médaille m’accueille.

GEORGIA 2021

Cette courte étape a duré 51 mn. Et je ne suis qu’à 1mn30 de Simone. C’est bien.

Malgré l’heure matinale, on a eu très chaud. Ca tombe bien, il y a un robinet d’eau disponible pour se rafraichir.

Place maintenant au tourisme, pendant que les autres coureurs vont arriver. Nous avons le site pour nous tous seuls, avant l’heure de l’ouverture au public. J’en profite. Vardzia était une ville troglodyte il y a 1000 ans, avec toutes les commodités de l’époque. Il y a notamment une église sous-terraine, à laquelle on accède par un long escalier creusé impressionnant. Il est éclairé, mais je l’imagine sans lumière pour les habitants. C’est un vrai dédale pour accéder aux entrées des maisons-grottes, et j’ai du mal à m’orienter vers la sortie.

GEORGIA 2021

Nous nous retrouvons tous au restaurant du site près de la rivière. On me demande une interview, au bord de l’eau. Le patron m’offre un verre de vin. On a le droit à une bonne bière et un copieux panier pique-nique. Je n’ai pas faim pour l’instant, il n’est pas midi.

C’est un bel endroit pour la remise des récompenses de la course. Vainqueure, Je récupère une grande assiette comme trophée et un livre de recettes géorgiennes. De quoi passer à table ! La dernière reçoit également un livre de cuisine, c’est sympa.

GEORGIA 2021

J’ai donc couru ces 250km avec 5600m de dénivelé en 34h08, je termine 9° au classement général. Je me rendrais compte après coup que je suis la plus âgée des filles ! Alfonso et Simone, avec qui j’ai partagé un certain nombre de foulées, mettent respectivement 25mn et 1h20 de plus.

Bravo à la représentation française : Chérif et Ronan sont 2° et 3°, Marie-Paule est 4° féminine.

Nous rentrons à Tbilissi. S’il y avait 2 bus au départ, il n’y en a plus qu’un. On ne doit plus avoir besoin de nous protéger du Covid… Néanmoins ce n’est pas suffisant et je me retrouve avec Beth dans un 4x4 de bénévoles. C’est intéressant d’avoir le point de vue des bénévoles sur la course par rapport à celui des coureurs. J’ai faim maintenant et je dévore le pique-nique.

Si je flottais dans mon collant sur la ligne de départ, j’y nage à grande brasse sur la ligne d’arrivée. Je compte bien sur la bonne nourriture géorgienne pour me remplumer.

A l’hôtel, chacun passe la dernière soirée dans son petit groupe. C’est un peu triste de se quitter ainsi, sans cohésion conviviale. Mais nous n’avons pas le choix en cette période particulière.

Pendant notre vadrouille sur les sentiers, la situation épidémique ne s’est pas arrangée et il n’y a plus de transport en commun dans les villes. J’ai bien cru devoir raccourcir la suite de mon séjour en Géorgie, mais non, les transports inter-cités fonctionnent toujours. Car ce sont 10 jours de rando-bivouac au programme dans le grand Caucase qui m’attendent, au nord du pays, au milieu des sommets à 5000m. Mes chaussures ont tenu bon, mon œuf dans le bas du dos n’est pas gênant, les glaciers sont à moi !

GEORGIA 2021
Partager cet article
Repost0

commentaires