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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 15:16
Cette année, fait exceptionnel, j'ai embarqué mon téléphone cellulaire "à bord de mon camel". Autant qu'il ait servi à quelque chose : il sera donc mon lien avec le monde extérieur... Récit !

- Quelques minutes avant minuit, trempés par de tonnes de litres d'eau
Tu m'entends ??? Moi, non, c'est un vétiable déluge, j'ai jamais vu ça en 9 Grand Raid, ça promet pour la suite... Oui, je me suis abrité sous 2 vieilles branches, le grand Stef et Vincent. A eux deux, ils doivent mesurer dans les 4 mètres. Damien est avec moi, on est prêts.

- 0h00, du côté de Saint Philippe
C'est encore moi. Juste pour dire qu'on est parti, ça pousse dans tous les sens, te rappelles plus tard, quelle cohue !

- Vers les 1h40, fin de la route forestière, début du sentier
Je suis avec le Grand Stef. Il a plu tout du long de la route mais là, c'est mieux, temps sec. Les jambes ont l'air d'aller bien, on a un peu discuté avec Stef. Belle partie de plaisir. Je n'ose le lui dire mais son visage est marqué. Léger sur-régime, va falloir qu'il gère tranquille son ascension. Pour moi, c'est du bonheur, je dois être dans les 250 et j'ai de bonnes sensations. A tout ma poule !

- 4h59' au Volcan, 136ème
Oui, je suis au Volcan... comment ça déjà ? tu me prends pour une bille ? Oui, je sais 15' d'avance sur 2008 mais tu m'aurais vu dans le sentier, régulier, sans à coup, tout en douceur... Je me suis bien plu... Non, il pleut plus... Comment ça t'entends rien, ouais  à tout à l'heure. (Et moi qui avait plein de choses à raconter !).

- 7h15', Mare à Boue, 106ème
Tu m'entends mieux ? Bon, j'espère parceque si tu veux savoir comment ça se passe, tu vas sur le site de F. Perrault, et tu sauras tout. Et oui, je lui ai livré mes impressions... comment ça j'ai un contrat d'exclusivité avec toi ? Non, mais t'as payé combien ? Moi aussi je t'em...brasse (Pffft, j'avais encore plein de choses à dire !)

- 9h56', Gîte du Piton des Neiges, 94ème
C'est moi, oui ça va, t'es calmée ? Moi aussi, la dernière ascension vers le gîte m'en a mis une derrière les oreilles... Je suis crâmé. J'ai eû de supers jambes jusqu'à la bifurcation Kervéguen puis la panne. Mais c'est normal, j'ai pas mal donné depuis ce matin, faut bien le payer à certains moments. Oui, nickel, j'ai 30' d'avance sur 2008, ouais, je calme, t'inquiètes. Prépares l'accueil à Cilaos, je vole.

- 11h07', Cilaos, 91ème
Comment ça que 3 places ? Tu veux qu'on échange les rôles ? J'ai mon TFL qui me fait bien souffrir, c'est pas bon signe. Par bonheur, mes Hardrock Montrail m'attendent de "pieds fermes" en bas, cela devrait s'arranger mais le doute m'habite... Non, en un seul mot. Oui, préviens les parents, enfants et dalons d'A2R, Jo et Yan. Me voilà !

- 11h22', Cilaos départ, 79ème
C'est dur de quitter les siens. Ils m'ont fait un bien fou. 12 places de gagner en se contentant de ne pas flémarder, c'est cool. (Un des secrets du GR réside dans la gestion des ravitaillements, preuve en sera faite sur cette course). Oui, j'attaque Bras Rouge, il fait pas trop chaud et je suis bien. Et oui, les GR se suivent et ne ressemblent pas. Attends, on me cause.. Tu veux du PQ ? Ok, je te donnes quelques feuilles.. le temps de mettre la main dessus... Merde, ma pharmacie a disparu... Christ - straping du genou - pharmacie encore sur le ravito... CATASTROPHE. J'ai laissé une partie de mes affaires à Cilaos : sifflet, comprimés, bande élasto et PQ. Je suis donc virtuellement OOR. Quoi, qu'est ce que ça veut dire O.O.R., Out Of Race, c'est pourtant pas du chinois ! Oui, je continue. Si je suis contrôlé, je suis O.O.L. (hors la loi, quoi)

- 12h47', Pied du Taibit, 68ème
2' pour te dire que ça gaze... mais non, j'ai pas de problème de bide, ça trace c'est tout... Non, pas de diarhées, pourquoi tu me parles de ça. Bon, je raccroche, j'ai un Taibit à grimper !

- 14h30', Marla, 63ème
1h00 d'avance sur l'an passé, c'est magique. J'ai pas mal ramassé sur le Taibit mais j'ai pu gérer. Pas trop de dégâts et le moral au plus haut. Même sans être génial, je reprends des places. Y a pas mal de dégâts devant, ça casse dur. Je prends une soupe et j'y retourne.

- 16h56', Roche Plate, 56ème
Pfft...je suis là, pffft,...j'en bave vraiment. Plus trop de mental, heureusement que j'approche du ravito magique estampillé A2R. Jean Louis, le Doc, Nadine and Co doivent s'affairer. Je viens de passer Jacky MURAT, quel modèle de longévité, et Claude ESCOTS, qui a complètement explosé dans Mafate. Oui, j'avance moins vite mais j'ai plus trop de jambes. Mon estomac fait des siennes, je suis barbouillé. Te laisse, j'entends des applaudissements plus bas, j'arrive à RP.

- 19h13', Grand Place, 49ème
Non, c'est la cata ! plus de jambes, plus d'envie, je vais attendre le grand Stef comme prévu. Comment ça il est 2h30' derrière, qu'est-ce qu'il fabrique ? il a decidé de faire du tourisme ? J'ai vomi deux fois dans la descente de Roche Plate et j'ai rampé vers la roche ancrée. Les autres ? comment ça les autres mais on s'en fout des autres ? Oui, ok, je me calme. Désolé mais le mental n'y est plus. D'accord, je prends du Prinpéran à Grand Place et je repars tout doux. Façon, je peux pas faire plus.

- 21h25', Aurère, 45ème
Super, je te remercie. Excuses ma mauvaise humeur de la Roche Ancrée mais je n'y étais plus mentalement. Pas de motivation, pas d'envie de me dépasser. J'ai encore la course des Pyrénées dans la tête, plus que dans les jambes d'ailleurs. Là, ça va franchement mieux. Je fais équipe avec Olivier, on va essayer de rester ensemble jusqu'au bout et passer en dessous des 30heures. Olivier, c'est qui ? Non, tu le connais pas... ah, si ! c'est Mr PQ...

- 22h48', Deux Bras, 42ème
On remonte gentiment quelques places mais ça devient rude. Je n'ai pas mon légendaire "coup de rein" de fin de parcours. Faut faire avec les moyens du moment, je vais gérer jusqu'au bout en évitant les défaillances. J'ai encore une belle avance sur mon temps 2008 (quasi 1h), ça devrait le faire. Attends, 30'', y a plein de caméras qui viennent vers moi. Je te laisse, le devoir m'appelle !

- 22h55', Deux Bras, 43ème
Oui, je suis reparti avec une place de moins. Quoi, les caméras, qu'est ce qu'on s'en fout des caméras ! Je suis là pour faire une course moi, pas pour faire de la comm'... Non, c'est après C. BENARD qu'ils en avaient. D'ailleurs, je suis à ses côtés pour la montée de Dos d'âne. Elle cause au téléphone, je croyais que c'était interdit moi... Tu veux écouter ce qu'elle dit, mais c'est que tu es curieuse toi. Bon, ok, un instant alors :" ... 10', i sa mang a moin". Voilà, ça suffit. Je crois qu'elle parlait de la deuxième féminine qu'il lui file le train. On devrait assister à un combat des chèfes dans la dernière ascension. Oui, je te tiens au courant. Quelle curieuse !

- 1h02', Dos d'âne, 42ème
Suis presqu'arrivé... viens de passer l'église. Stef est avec moi, c'est super sympa d'avoir fait le déplacement, vu l'heure. Ouais, il t'embrasse aussi. Ras le bol, cette fin de GR est éprouvante, les jambes vont pas trop mal, c'est toujours la tête. Tu voudrais pas me balancer une petite chansonnette. Quoi, ton forfait ? Après minuit, ça compte plus... Tiens, voilà la première féminine qui passe... sacré foulée. Bravo Madame. C. BENARD a disparu mais elle ne devrait pourtant pas être bien loin. La voilà, 6', c'est rien du tout. Bon, je raccroche. Je te rappelle d'ici 3h, le phone ne passe pas bien dans les hauts. A tout ma poule.

- 4h39', Colorado, 36ème
Comment ça, je suis en retard, t'en as de bonnes toi. Tu m'aurais vu sur la crête de Dos d'âne, dans le piton Bâtard, sur la route de Plaine d'Affouches... Pitoyable ! j'avançais à 2 à l'heure, accouchement dans la douleur, aux forceps. J'en pouvais plus, seule l'idée de couper le ruban sous la barrière des 30h me faisait avancer. Je crois que je tiens mon objectif, j'ai 1h20 pour accomplir les 5 derniers kms (et à moins de m'appeler Philippe...). Je dois plus être très loin de toi. Tu es où ? Près du pk ? j'arrive ma belle, quel bonheur de te revoir. Olivier est avec moi, on va finir ensemble comme prévu depuis Marla, c'est beau, non ?
Allez, on se lâche, quelques rondelles de saucisson, des noix de cajou et en avant pour la dernière descente. Faut pas trop chômer car je sens qu'on revient sur nous.

- 5h36', La Redoute, 37ème en 29h36' donc !
Yes, Yes, Yes. On y est, on l'a fait, on s'est détruit mais c'est gagné. Je savoure ces quelques secondes à parcourir les derniers mètres avec les enfants, près de ma dulcinée, de mes parents, de mes amis (merci Aline d'être présente). J'ai réussi mon pari un peu fou d'enchaîner deux ultras en deux mois, l'ultra trail des Pyrénées et ce Grand Raid, mon 9ème.  Cette expérience reste unique, fabuleuse. Je jubile intérieurement, je me sens vidé mais tellement heureux... Juste le temps de prendre mon téléphone et de remercier :

- mon interlocutrice, celle qui a supporté mes sautes d'humeur et qui accèpte une rivale dans sa vie : la course d'ultra.
- mes parents, mes enfants pour leur soutien sur la course et ma famille qui m'a suivi à distance.
- mes potes d'A2R, leur fabuleux esprit d'équipe, de solidarité, de convivialité.
- mes proches qui m'ont encouragé.
- petite pensée spéciale à Florent, qui prête son corps pour la science, et qui n'a pu être présent sur cette édition.

En 2010, mon tour est venu de me mettre au service de mes dalons d'A2R. C'est promis, je serai là pour vous ravitailler.


Seb
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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 16:39
Il est minuit dans le stade de Cap Méchant à Saint Philippe. 2 500 fous sont parqués sous une pluie battante et attendent la délivrance : le départ pour une aventure de 150 kilomètres et environ 9 000 mètres de dénivelés positifs à travers les paysages montagneux de La Réunion. Je me souviens qu'il y a un an de cela, j'avais oublié ce que signifiait faire du sport et que j'enfilais les paquets de cigarettes à la place des tours de piste à Champs Fleuri. Merci les gars de m'avoir emmené jusque là ! Le départ approche. Dernières tapes dans les mains à Séb, Vincent et au Grand Stéph' et c'est parti. Première grosse émotion... Je n'essaie pas de suivre le grand Stéph et Séb' et nous prenons un petit rythme tranquille avec Vincent. On se perd un peu de vue et j'entame seul le sentier vers Foc Foc après 1h50. La pluie qui tombe toujours ne gêne pas trop l'ascension qui se fait à un rythme régulier malgré quelques légers ralentissements. Peu avant Foc Foc j'entends la voix de Vincent derrière moi. Voilà une bonne nouvelle, il n'était pas loin ! On pointe en un peu moins de 6 heures au volcan (à la 484ème place). Pile dans les temps. Le jour s'est levé et les nuages ont mis les voiles. Quel privilège de courir sur les bords de l'enclos et sur la plaine des Sables. J'en profite pour en prendre plein les yeux tant que je suis encore frais. Lors de la montée vers l'Observatoire Sainte-Thérèse, je rejoins Marie Glasenapp avec qui j'échange quelques mots. Je la laisse ensuite filer dans la descente vers Mare à Boue : elle finira de toutes façons bien loin devant moi. Moi qui appréhendais pas mal la portion vers Mare à boue, je suis agréablement surpris. Pas la moindre trace de flaque d'eau. La traversée des pâturages est donc plutôt agréable. Le petit tronçon de bitume avant l'arrivée au ravitaillement ne plaît pas trop à Vincent, mais cela ne nous empêche pas d'arriver à bon port après 8h45 (464ème) En passant au pointage l'odeur du poulet grillé me chatouille les narines. J'en prends une assiette et me pose pour manger un peu. Je m'allonge deux minutes pendant que Vincent essaie de soigner des débuts d'ampoule avant de repartir et de saluer Stéphane L. venu à notre rencontre avec son gros appareil photo. Clic Clac, quelques photos pendant que nos têtes sont encore présentables et, hop c'est reparti à l'assaut du gîte du Piton des Neiges. Cette ascension sera pour moi très très difficile : je n'ai plus de force dans les jambes. Est-ce le poulet de Mare à Boue qui passe mal ? Les suites du petit coup de froid ressenti au volcan ? Je n'en sais trop rien. Toujours est-il que je m'arrête cinq minutes dans la montée pour essayer de m'alimenter calmement. Je repars et rejoins Vincent un peu plus loin qui m'a attendu à Kerveguen en soignant son ampoule. Nous pointons au Gîte du Piton des Neiges après 12h30 de course en 503ème position. Nous avons donc perdu quelques places dans l'affaire. L'infirmier du SAMU présent au poste doit sans doute voir que je suis un peu "palot" et me propose de m'abriter du vent quelques minutes sous la tente et de me faire masser deux minutes. J'accepte volontiers sa proposition et nous repartons après ce massage salvateur. Dès le début de la longue descente vers Cilaos qui nous fait passer de 2 500 mètres à 1 200 mètres d'altitude, je sens que la forme revient. Nous descendons donc à un bon rythme. Personne ne nous doublera et nous avalerons une trentaine de coureurs. Au pied du sentier, les trois kilomètres de bitume nous permettent de rejoindre le stade de Cilaos où nous attend, après un petit passage chez le podologue, l'équipe A2R et les copains qui partiront le lendemain pour le semi raid. C'est agréable de n'avoir rien à faire : et vas-y que je te remplis tes bidons, et vas-y que je te prépare ton sac, et vas-y que je te demande si t'as besoin de rien. Finalement, il n'y aura que le changement de chaussures que j'aurais fait moi même ! Un vrai stand de Formule 1 ! Joël nous met ensuite presque dehors. nous intimant l'ordre de ne pas traîner. Un passage par le ravitaillement pour avaler un peu de pâtes et de soupe et c'est reparti avec 50 places de gagnées entre l'entrée et la sortie du stade. Dans la descente vers Bras Rouge, mon genou gauche m'envoie un premier signal. Ce n'est pas encore douloureux, mais je sais que cela finira par le devenir. J'essaie de chasser cette perspective de mon esprit au moment où on entame la remontée. Arrivée au pied du Taïbit, Vincent et moi ressentons tous les deux le besoin de nous arrêter quelques minutes. Je m'assois sur une chaise et rumine contre ce satané genou qui est décidément mon talon d'Achille (oui, c'est phrase n'est anatomiquement pas très correcte...). Nous repartons mais au bout de quelques hectomètres de montée, Vincent doit s'arrêter pour régler quelques problèmes gastriques. La pluie a repris, il fait froid, il me dit de ne pas l'attendre. Je lui dis qu'on se retrouvera sans doute d'ici Marla puisqu'il semble jusque là avoir de meilleures jambes que moi. Au tiers de la montée, je trouve un bâton parfaitement adapté et décide de l'utiliser pour soulager dès maintenant mon genou. Il m'accompagnera finalement jusqu'à la Plaine d'Affouches me causant de grosses ampoules à la main ! A l'aide de mon bâton de fortune, j'effectue le reste de la montée à un très bon rythme et double beaucoup de monde. Arrivé au sommet, je bascule dans Mafate sans perdre une seconde : il fait froit et la nuit ne va pas tarder à tomber ! J'arrive à Marla (km 82) en 370ème position après 18h30 de course. Je décide de prendre le temps de me restaurer un bon quart d'heure (le "solide" ne passe plus trop, je me contente de soupe) pour voir si Vincent va arriver. Aucune trace de lui. Dommage, je repartirai tout seul alors que la nuit commence à tomber et que je rallume la frontale. Commence alors la partie du Grand Raid que j'aurais préférée. Pendant la dizaine d'heures que va durer ma traversée nocturne de Mafate, la forme est tellement bonne que j'en oublierai mon genou pourtant de plus en plus préoccupant. Je pointe ainsi en 333ème position à Trois Roches puis en 315ème place à Roche Plate (km 95) où je retrouve l'équipe de ravitaillement A2R de choc dirigée de main de maître par Jean-Louis. Le Doc m'inspecte le genou et me donne un anti-inflammatoire pour me soulager. Nadine me dit que j'ai l'air d'avoir la forme... Cela fait plaisir car je pensais plutôt avoir une mine défaite. Je repars revigoré : cela fait du bien de voir quelques têtes connues car je me sentais un peu seul depuis que Vincent n'était plus dans mes traces ! La longue descente après Roche Plate n'arrange pas l'état de mon genou. Une fois la rivière traversée, je sais qu'un gros morceau m'attend : la Roche Ancrée. Il n'y a qu'à lever la tête pour apercevoir la lumière des frontales très haut dans le ciel pour se dire que cela va être raide ! Je m'assois deux minutes, avale difficilement un gel, bois un coup et emboîte le pas d'un raideur qui passe devant moi. Lui aussi appréhende cette difficulté et je lui propose donc de la faire à deux, sans se presser, à un rythme régulier. Et finalement, cela se passera plutôt mieux que ce que nous craignions tous les deux. Parvenus en haut, nous jetons un regard derrière nous et, à notre tour, nous plaignons les raideurs dont les lampes frontales scintillent 600 mètres plus bas. On ne s'attarde pas, et on prend la direction de Grand Place où je parviens en 294ème position (pour la première fois dans le top 300, ça fait du bien au moral) après presque 25 heures de course. A Grand Place (km 103), pour la première fois, j'hésite. Il est presque une heure du matin : dois je m'arrêter dormir 30 minutes ou continuer sur mon rythme? Les quelques lits de fortune du ravitaillement étant occupés, je m'assois par terre et m'assoupis la tête entre les genoux. Le froid me réveille au bout de deux minutes seulement. Après avoir encore avalé mon menu désormais traditionnel (soupe + coca) je me remets donc tout de suite en route pour me réchauffer. Le genou commence à être douloureux mais ne m'empêche toujours pas d'avancer à un bon rythme. Les traversées de ravines entre ilet à Bourse et ilet à Malheur me permettent encore de remonter quelques concurrents et le petit raidillon qui mène à Aurère ne me pose pas trop de problème non plus. Je pointe à Aurère (km 112) en 260ème place. Cela ne m'étonne pas : sur le bord du chemin, j'ai vu beaucoup de raideurs dormir, enveloppés dans leur couverture de survie. Le médecin du poste est un anesthésiste de l'hôpital. Il me dit que le grand Stéph que je pensais très loin devant, est reparti il y a seulement 10 minutes. Je me dis que j'ai peut être une chance de le rattraper et, pourquoi pas, de finir avec lui. Je ne m'attarde donc pas et repars sur le chemin. Malheureusement, c'est à partir de là que les choses vont commencer à se gâter. Alors que le genou gauche commence à être franchement douloureux dans la descente vers Deux-Bras, je ressens les premiers signes d'une autre tendinite. Cette fois, c'est le releveur du pied droit qui est concerné (sans doute que j'ai trop tiré dessus pour compenser la faiblesse de l'autre jambe). Arrivé à Deux Bras, dans le lit de la Rivière des Galets, je pointe en 249ème position alors que le soleil se lève laissant derrière moi ma deuxième nuit sans sommeil. Je cherche si je vois Stéphane mais il est visiblement déjà reparti. Comme je sais maintenant que je ne serai plus en mesure de le rattraper, je décide de prendre mon temps à ce gros ravitaillement et passe par le stand m'allonger sur la table en attendant un kiné. Comme il n'arrive pas tout de suite, je m'endors sans même m'en apercevoir. Je me réveille au bout de 30 minutes en me demandant un peu où je suis. Le kiné me fait un strapping très serré au pied droit pour lui éviter de bouger afin que le releveur ne s'enflamme pas trop. Je repars de Deux Bras une heure plus tard en ayant perdu une trentaine de places. Pas grave. Je me suis fait plaisir jusque là en grignotant des places mais je sais que de toutes façons, à partir de maintenant, le classement n'a plus aucune importance. Je suis très en avance sur mes prévisions les plus optimistes. Il ne me reste donc plus qu'à boucler les 25 derniers kilomètres en serrant les dents. La montée de Dos d'Ane se passe plutôt bien et je débouche sur la route après 1h30, en croisant Marcelle Puy descendue à la recherche d'un de ses dalons du CAPOSS. Dominik, une collègue de l'hôpital vient à ma rencontre en haut du sentier et m'accompagne sur les quelques kilomètres de bitume jusqu'au ravitaillement (km 128) où je retrouve aussi ma sœur Sophie. Cela remonte vraiment le moral car je sais que la fin s'annonce très longue et que la douleur sera de plus en plus forte. Sophie s'inquiète de me voir boiter et me demande si ça ira. Je lui dis que je mettrai le temps qu'il faudra mais je ne vais pas m'arrêter à moins de 20 kilomètres de l'arrivée. Je lui promets de l'appeler au Colorado, dernier ravitaillement avant l'arrivée afin qu'elle puisse me retrouver sous le Pont Vinh San. Après 33 heures de course (275ème), j'entame alors la dernière ascension du parcours qui me mène sur la crête de Dos d'Ane. J'ai l'impression de marcher sur le fil du rasoir : le sentier fait moins d'un mètre de large : d'un coté, 800 mètres plus bas, la Rivière de Galets, de l'autre, 300 mètres en dessous, la commune de Dos d'Ane. Impressionnant ! Une fois sur la crête, la succession de petites montées et de petites descentes met mon genou au supplice. Je me fais maintenant dépasser par wagons entiers et c'est dur pour le moral même si je sais que cela durera comme ça jusqu'au bout. Parvenu à la Plaine d'Affouches, je marche lentement sur la route forestière et m'assoupis plusieurs fois sans même m'arrêter. Dormir debout est vraiment une sensation étrange. J'ai quitté Dos d'Ane depuis maintenant cinq heures quand j'arrive enfin au Colorado (340ème). J'appelle Sophie et lui dis que je pense arriver dans environ 1h30. La prévision me semble assez large mais je me trompe en fait lourdement. Cette dernière descente sera un calvaire. A chaque fois que je pose le pied gauche, j'ai l'impression qu'un couteau me transperce le genou. J'avance pierre par pierre et m'arrête tous les 10 mètres. Les larmes me montent aux yeux : je vois le stade en contre bas mais j'ai l'impression qu'il ne se rapproche jamais. Tous les concurrents qui me doublent ont un mot gentil et m'encouragent à les suivre mais je n'y arrive tout simplement pas. C'est trop dur. Au bout de deux heures interminables, je débouche enfin sous le pont Vinh San où m'attendent Sophie, Christophe et ma nièce Maylis. Christophe vient me soutenir pour les derniers mètres de descente et Sophie me donne le tee-shirt officiel que je suis censé porter en passant la ligne d'arrivée. Ils m'accompagnent pendant les 200 mètres de ligne droite jusqu'à l'entrée dans le stade. Je savoure enfin pendant le demi tour de piste qui reste. Ca y'est, j'y suis. Je n'ai plus mal, je finis même par courir pendant les 50 derniers mètres, je passe devant Stéphane L. et son appareil photo sans même le voir. Je ne ressens même plus aucune douleur. Le corps humain est quand même bizarre ! Top chrono : 40 heures et 5 minutes et 405ème au scratch. J'avais prévu 40 heures. Je crois qu'on peut dire que le contrat est rempli. On me remet ma médaille, je réponds aux questions d'un journaliste (les quelques banalités que je lui lacherai seront effectivement retranscrites dans le supplément du JIR du lundi) et je m'allonge sur l'herbe du stade, entouré de Sophie, Christophe et Maylis ainsi que des collègues du boulot et Stéph et Flore qui 'ont gentiment attendus malgré le retard dans le timing ! Je pense à Emilie, mon petit Baptiste et ma petite Margaux qui veut tellement "aller courir dans la montagne avec papa". Partis en Métropole en éclaireurs avant notre retour définitif à la fin de l'année, ils n'ont pas pu être là pour m'accueillir. J'espère que la lecture de ce petit récit leur permettra de vivre cette aventure par procuration. Merci au grand Stéph pour m'avoir amené avec lui à A2R. Merci à Séb pour son plan d'entraînement aux petits oignons (et bravo pour ta perf ! Enorme !!!) Merci à Joël pour le matos : aucun souci de ce côté là. A peine une moitié d'ampoule au pied droit. Merci à Yan pour avoir souvent servi de pont de mire dans les séances de fractionné. Merci à Florent pour son réservoir de blagues inépuisable Merci à Stéph et Flore pour les photos, les gels, les encouragements et tout le reste ! Merci à A2R, merci à vous tous pour ce que vous m'avez permis de faire !

Damien
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 19:57
 Nous sommes le samedi 13 juin à 6h et on se caille ! Stephane et Flore font le contrôle des sacs et nous donnent les dossards pendant que les chauffeurs ramènent les voitures à saint Paul. Quand ils reviennent, le contrôle des sacs étant terminé, Stephane explique le parcours du mini raid, puis Papa explique celui du maxi. Ensuite les photographes passent à l'action. Une fois la plupart des photos terminées, c'est le départ. UN, DEUX, TROIS, PARTEZ !!! 

      


Et tout le monde se met à courir sauf moi : j'attends Cécile qui n'a pas fini ses photos, mais qui me dit d'y aller, qu'elle me rejoindra. Je marche et je rattrape Florie-Anne et Florent qui parlent. Ensuite j'entends Cécile et Flore discuter à l'arrière, quelles pipelettes !
Nous dépassons Agathe qui fait ses lacets, mais elle nous repasse devant juste après. Enfin nous arrivons à la canalisation, je mange une barre de céréales à la pomme (quel délice !) et boit un peu. Nous marchons, Cécile rattrape. C'est la fin de la canalisation, il y a une montée, une descente, puis la bifurcation. Je goûte le gel (que je n'ai pas aimé) que papa m'avais donné, puis nous voilà repartis ! Après avoir marché nous arrivons à l'école, c'est bête, j'ai oublié mes cahiers. On caresse les bichettes, mangeons nos sandwiches, faisons le plein en eau et on repart! Il y a une grosse montée, une descente, et .....L'ARRIVEE!!!

Florie-Anne et moi traversons la ligne ensemble! Nous sommes 4°et 5°.  Nous l'avons fait en 5h40. Puis quand tout le monde est arrivé, on va s'installer aux gîtes. Ensuite on va voir les autres (dans l'autre gîte). Avec les enfants on fait une bataille de goyave, c'est drôle ! Puis on va manger. Après, on va là ou mangent les autres pour recevoir les prix = un tee-shirt et une médaille magnifiques, sans oublier le super diplôme! Ensuite on se couche. Le lendemain, on rentre en passant par la rivière des galets (j'ai les pieds trempés) puis en quatre-quatre toujours sur la rivière. Après, on rentre à pied, sur la route jusqu'à la maison.

La course était super. Alors bravo aux coureurs et merci infiniment aux accompagnateurs et aux organisateurs !!!!!!


     


Katell

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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 09:27

La course ne s'est pas très bien passée car je me suis fait mal à la cuisse. Je suis aussi parti un peu trop vite, sinon c'était chouette. Le soir on a bien rigolé, ensuite on est allé manger, c'était super bon. Le monsieur était très gentil, après on est allé se coucher, on était tellement fatigué qu'on a pas parlé on s'est tout de suite endormi.


      


Le matin quand on s'est réveillé il faisait beau on a continué de rire. Ensuite on est allé déjeuner, quand on est revenu il y avait une grande montagne, le ciel était tout bleu, il n'y avait aucun nuage ni sur la montagne ni dans le ciel, c'était magnifique.

Arrivée au gîte (c'était au moins à 800 mètres de là où on a mangé) il y avait une poule et Siméon, Benjamin et moi on lui courait après.

Nous sommes ensuite repartis, comme d'habitude les enfants étaient devant. Quand je me suis fait mal c'était comme « Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu » mais à la place c'était « J'ai participé, j'ai foncé et je me suis blessé ». C'était super.


Merci à Joël, à Stéphane(s), à Jean Louis, à Flore, à papa et à tout les participants de la course et aussi ,bravo à Théo.

         



A bientôt



Renan




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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 18:15

Avec papa on avait fait les courses la veille et il m’a acheté mon premier cuissard qui m’allait à merveille : merci !

Pour faire cette course j’ai dû me lever à 4 heures du matin, préparer mon sac tout seul (ce qui fût difficile étant donné que j’avais perdu la listes des choses obligatoires) , y mettre ma couverture de survie, de la crème solaire, un sifflet, une réserve alimentaire (barres de céréales, patte de fruits, compotes, sandwichs, barres de chocolat, boisson énergisante), trousse de secours, k-way, casquette, lunette de soleil, MP3.




 
Il y avait deux parcours : Le Maxi Raid (trente kilomètres) et le Mini Raid (vingt kilomètres). Moi et mes copains nous avons fait le Maxi Raid qui partait de Sans-soucis, passait par la Canalisation des Orangers (qui était relativement plats), descendait à Cayenne (ou je me suis tué à remonter et à descendre à remonter et à descendre à remonter et à descendre) et remonter à roche plate où deux gîtes étaient réservés pour la nuit.
   

Le soir nous avons mangé en entrée une délicieuse salade de choux et un exquis rougaille boucané en plat de résistance et en dessert deux gâteaux que je n’ai pas trop aimés. Pendant la course il a plu un petit peu au début et ce n’est qu’à la dernière montée que j’ai été fatigué. Je suis arrivé 4éme en 6 h 20 devant Mathieu et Renan : j’étais hyper content ! Le soir au gîte nous avons fait une bataille de goyaves pourris dont mon pull à un douloureux souvenir. Après le repas il y a eu la remise des prix où j’ai reçu : une superbe belle médaille en bois qui représente la réunion avec deux coureurs en or dessus, un diplôme et un tee-shirt (A2R)… avec lequel j’ai dormi et couru le lendemain.

        

Pas de commentaires sur la nuit : dodo rapide car Mathieu nous a dit que le lendemain il y aura encore 30 bornes à faire. En plus, ils étaient tous crevés (sauf moi, bien évidement, mais je ne peux pas parler seul) donc personne n’a parlé. Au retour nous avons pris le trajet du mini raid et j’ai été déçu : « quoi, on n’a pas parlé pendant toute la nuit pour faire seulement 10km ! » C’était plus court parce que nous avons pris le 4*4 : serrés mais joyeux ! Après, on est rentré jusque chez Seb à pieds : fastoche tout de même ! L’année prochaine, Marybel le fera avec moi !

 Conseils à tous pour le prochain raid junior : n’oubliez pas vos baskets !
 

 


   

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 19:40

Rappelons tout d'abord le principe de ce raid multisport : une équipe de 3 personnes, en l'occurence moi-même flanquée de Margot et Sylvie, dont 2 sont en course pendant que la 3° fait l'assistance. Et l'assistance, ce n'est pas de tout repos. On peut changer de coureur à chaque changement de discipline. On doit s'arrêter tous les soirs entre 18h et 6h, là où on est. On est suivi par une balise GPS, pas de triche possible. Cette année au programme : enchaînement sur 6 jours de course à pied, VTT, roller, canyoning, kayack, rando aquatique et course d'orientation. Il y en pour tous les goûts.
Il y a 3 niveaux de parcours : extrême, raider et aventure, en fonction des portes horaires de passage à certains points. On part tous en extrême, puis on bascule sur les autres circuits plus faciles si on ne va pas assez vite.
Il y a cette année 16 équipes, dont 1 seule Féminine, nous, l'équipe RUN ESCAPADES.



                                             


Phase primordiale : la préparation du matos : Tout doit loger dans notre fourgon d'assistance, qui sert aussi de cuisine, de séchoir et de lit. Il faut y caser 4 vélos (3 country et 1 descente), 1 cantine pour la bouffe + 1 grande glacière, un trépied au gaz, les affaires de canyoning, roller etc + les affaires perso, et de quoi dormir un peu confortablement dans le fourgon, tout ça x3. Bref, c'est plein. On installe des cordes à linge sous le toit pour tout faire sécher.
                                                                                                    
Briefing : Puis direction Cilaos pour le briefing la veille du départ. On découvre le parcours. Je passe la soirée à tracer les cartes d'après le raid-book, surtout bien placer les CP de pointage. Il serait dommage d'en louper ou de les chercher.

Le raid :
10 mai : Dimanche 4h, départ sur la place de Cilaos. C'est Sylvie et moi qui ouvrons le bal avec un aller-retour Cilaos - Piton des Neiges. C'est le seul trail que je ferai. Sylvie est plus rapide que moi en trail, donc nous nous encordons et elle me tire dans la montée. Ca aide, mais ce n'est pas agréable d'être tirée. Pour une fois j'ai pris des bâtons. Puis on double pas mal dans la descente. C'est là qu'on reconnaît les réunionnais par rapport aux Zoreilles fraichement débarqués. Et nous avons un avantage évident sur eux : on connaît bien les sentiers. On trouve facilement le CP intermédiaire, pendant qu'il y en a qui doivent le chercher. On pointe 6° sur 16 à Cilaos, on ne devrait pas finir dernières !
                                                        

                                   

Margot et Sylvie prennent le relais pour un petit trail : Cilaos - Ilet à Cordes - Piton de Sucre. J'ai juste le temps de faire la route en fourgon et préparer les affaires de canyoning. Et nous embarquons Margot et moi pour Fleur Jaune intégral. Je passe en tête et je porte le sac, il y a tout un tas de matériel obligatoire à trimbaler. Les cordes sont toujours installées en double. Dès que je suis prête à descendre, je passe l'autre corde à Margot et vérifie systématiquement son harnachement. Je n'ai jamais fait Fleur Jaune aussi vite. Il y a beaucoup d'eau, on en prend plein la tronche. Puis nous avons une marche dans la rivière. Il faut trouver le bon passage avec toute cette flotte. Enfin le dernier rappel de la Chapelle de 130m. C'est superbe, mais là, qu'elle est lourde la corde ! Le descendeur est carrément brûlant avec les frottements. Puis c'est le sentier de remontée de la Chapelle vers Cilaos, en portant la combi mouillée. Mais mon sac a tellement frotté contre la roche dans les cascades qu'il a un énorme trou au fond et le bidon étanche passe. Je ferai la remontée avec le bidon à la main, ça commence bien !

Puis au programme c'est trail de Cilaos à Plaine des Cafres par le gîte du Piton des Neiges, avec une porte horaire à Mare à Boue. Je suis de repos. Comme je fais le même trajet en fourgon, je passe devant la case. Donc dodo à la case, pendant que les copines dorment dans la cabane de Kervéguen, tout là-haut. Mais faire l'assistance n'est pas la joie. Comme je n'aime pas ! Faire sécher tout le matos de canyoning, préparer les vélos pour la suite, faire le cuistot pour 3 affamées qui ne magent pas tous la même chose en course et être à 6h à la Plaine des Cafres. En fait je ne chôme pas.

Les filles loupent la porte horaire de 20mn pour rester en extrême. L'organisation leur propose quand même de rester en extrême, mais elles choisissent de passer en raider. Je pense qu'elles ont eu raison, car si on dépasse déjà les temps au début, on va basculer en raider après.

Voilà la 1° épreuve de vélo, pour Sylvie et moi. Montée au Nez de Boeuf sur la route volcan, dont une partie en piste, puis descente de la rivière des Remparts vers St Joseph, puis remontée à Grand Galet le long de la rivière Langevin. J'ai d'abord fait très fort. En arrivant au pointage au Nez de Boeuf, je croyais avoir détaché mon pied de la pédale auto, et bien non. Je me suis donc étalée à un endroit tout plat, devant tout le monde et devant la caméra... Puis nous étions tellement sûres de nous, qu'on n'a pas pris le bon chemin. Je m'en suis rendue compte tout de suite heureusement. Puis c'est la descente vers la rivière, avec les 400 premiers mètres de dénivelé tellement raides qu'il faut porter le vélo. Là j'ai vraiment galéré, j'en ai bavé. C'est le passage que j'ai trouvé le plus dur dans le raid. Que c'est lourd un VTT ! Le sentier est très étroit, avec le vide d'un côté, et des virages très serrés, et des gros rochers et j'en passe. Quel plaisir dès qu'on a pu enfourcher nos montures ! Bonne descente.  Arrivé dans le fond de la rivière, c'est le sable. Je l'avais fait il n'y a pas longtemps. On a dégonflé les pneus et on est passé comme une fleur. Il y en a qui ont poussé les 10 km. Puis un petit sentier qui remonte la berge, pour rejoindre Langevin. Là c'est de la route, avec 2 superbes montées que j'ai faites à pied. La pente des rampes est raide. Combien ? Je ne sais pas, mais c'est raide !

Puis un nouveau trail de Grand Galet - Plaine des Sables - Piton de l'Eau - Plaine des Palmistes. Je fais l'assistance et ai encore la chance d'aller dormir à la maison. Les copines dorment juste avant lalaine des Sables, en haut de la rivière Langevin. De mon côté, je ne sais pas du tout quand elles vont arriver. Il y a une porte horaire à l'oratoire Ste Thérèse, elles y passent 3h avant, donc on est toujours en raider, à l'aise. Du coup le circuit passe par le Piton de l'Eau.

Quand elles arrivent, c'est transfert en fourgon à Bassin La Paix, la belle cascade de la rivière des Roches à St Benoit. On y arrive sous la pluie. Du coup, l'épreuve suivante de randonnée aquatique et kayack jump (descendre les cascades en kayack) est annulée. Dommage, je voulais faire le kayack jump. Nous continuons les plaisirs par une tyrolienne Margot et moi, pour passer la grande cascade. La difficulté est de se décrocher du cable de la tyrolienne une fois arrivé en bas. Margot se retrouve un pied attaché en l'air et la tête sous l'eau. Pas très confortable. Elle finit par s'en sortir. A mon tour. Comme je suis légère, j'arrive tout au bout du cable. Je dois bien être la seule. Mais là, je n'atteinds pas les rochers avec mes pieds, je suis trop petite. Si je me décroche, je me fracasse sur les rochers. Je suis obligée de faire marche arrière pour me décrocher au-dessus de l'eau, et plouf. Puis arrivent les 2 kayacks par la même voie des airs. Ce sont des kayacks raft, passe-partout. On descend la rivière jusqu'à l'embouchure. Je ne connais pas cette portion, c'est très beau. Nous rencontrons des pêcheurs de coquilles, qui pêchent au masque. Il y a peu d'eau, on est souvent obligé de descendre du bateau et pousser. C'est assez éprouvant. Pour faire bouger notre poids dans le bateau et éviter qu'il s'échoue, on adopte plein de positions différentes : assis, couché, à genou etc. A un moment, on passe dans des buses sous le radier juste en amont de l'ancienne RN2. Enfin l'embouchure.

Là nous n'en avons pas fini avec le mileu aquatique, et on change d'embarcation. Toujours le même couple, Margot et moi, cette fois dans un kayack 2 places en plastique, c'est stable mais lourd. Il faut passer la vague de l'embouchure. Aucun problème, je maîtrise les commandes à l'arrière, tandis que Margot n'en mène pas large devant. Cap plein nord, notre destination est Ste Marie, à 30km. Au bout d'1h30, on est à l'heure fatidique de la pause bivouac. On beache (=accoster, ça s'appelle comme ça) sur les galets de Champ Borne, à St André. Il faut repasser la vague dans l'autre sens, toujours de main de maître. Sylvie a le droit de nous rejoindre avec le fourgon. On plante la tente à côté des ruines de l'église, le kayack passera la nuit sur la "plage". Et une bonne douche au robinet du cimetière voisin. A 5h du mat passent des pêcheurs qui nous réveillent car on n'a pas le droit de camper là évidemment. Ah, le raid, ils comprennent.

On repart Margot et moi debon matin. Revague à passer. Mais là, beaucoup moins de succès que la veille. On n'y arrive pas du 1° coup et on chavire plusieurs fois. On perdra notre bouteille d'eau qui n'était pas attachée. Margot a la trouille, elle veut capituler et rejoindre Ste Marie à pied ! Encore une tentative qui sera la bonne, la persévérence paye. Et c'est reparti pour 4h de pagayage, sans eau. En fait je me rends compte qu'on a beaché à un des plus mauvais endroits, ce qui me sera confirmé par un organisateur après, la fameuse vague est beaucoup plus petite après l'église de Champ Borne. Ah ces réunionnais qui ne connaissent pas leur mer !

On arrive au port de Ste Marie, il faut le connaître car on ne le voit pas du tout depuis la mer. Mes bras vont-ils se reposer ? Que nenni. J'enchaîne sur une belle montée en VTT, après une douche à la bouteille pour me dessaler. Donc voilà la montée de la route du piton Fougère. Réputée raide. Effectivement, j'en fais un bout à pied. On sent la fatigue, car normalement c'est montable. On est même arrivé à se tromper de chemin et à rallonger la montée, tant qu'à faire, car le raid book ne prend pas la ligne droite. Sylvie me tire dans la partie basse. Pas facile d'être tirée en vélo, la corde ne doit pas se prendre dans les roues des vélos.

Puis c'est un trail avec la montée vers Piton Fougère et redescente sur Bé Cabot dans le fin-fond du cirque de Salazie. C'est pour Margot et Sylvie. J'ai juste le temps de faire la route en fourgon. Il faut dire qu'elles ont oublié la carte et se trompent de chemin. Elles m'appellent pour savoir s'il faut tourner à gauche, mais elles sont incapables de me dire où elles sont et il y a des sentiers partout sur ce piton. Il ne fallait pas tourner à gauche. Elles ont pris un sentier plus court, et nous écoperons d'1h de pénalité.

On reprend les vélos Margot et moi vers le col des Boeufs. On monte un peu à pied à Mare à Martin, la partie la plus raide. Après ça va. Margot me donne la tente à porter. On s'arrête à 18h pile à 10mn du terminus, à Bord Martin. On a une bonne place avec un kiosque. Un organisateur passe une minute plus tard, oui oui, on a bien respecté le règlement. Je m'enfile ma barquette de pâtes froides, plus celle de Margot. Il commence à pleuvoir. Nous avons une toute petite tente de raid, très légère et... qui prend un peu l'eau. Je dors quand même comme un loir. Nous sommes haut, et il faut remettre les vêtements froids le lendemain matin dans la nuit. Brrr ! 10 mn après, nous sommes au CP.

Direction le Maïdo par 3 Roches en trail, où il y a normalement un canyoning dans la superbe cascade de 3Roches. Malheureusement, il est annulé à cause de la pluie de la veille. Dans un sens, il n'y a pas le matos de canyoning à porter. Du coup, c'est Sylvie et Margot qui le font.

Je les retrouve donc au Maïdo pour une descente VTT jusqu'au Tour des Roches. C'est le tracé de la Mégavalanche. Que du sentier, pas forcément balisé. J'ai habité plus de 10 ans dans le coin, pas besoin de carte. D'ailleurs une équipe de garçons qui passent en même temps que nous l'ont bien compris et nous suivent. Sylvie prend le VTT de descente. Aussitôt parties, mon vélo n'a plus de frein arrière ! Je vais déguster à faire 2000m de dénivelé sur le frein avant ! En plus, je perds carrément la roue arrière dans les champs de cannes. Avec les vibrations elle s'est desserrée. Plus de peur que de mal. On descend tout de même une partie en haut à pied, car c'est raide, très glissant avec la pluie de la veille, et ça longe de charmants barbelés. En bas au Tour des Roches, le CP n'est pas évident à trouver, mais je connais le coin. On termine au cimetière marin de St Paul.

Là c'est transfert en fourgon à St Leu, l'épreuve de roller sur la route des Tamarins ayant été annulée. Dommage, ces 0km m'auraient plu. C'est remplacé par du VTT, encore,  dans les hauts de St Leu. Nous devons repartir à 17h30 de St Leu. Nous avons 2 options : ou on part avec la tente et on s'arrête 1/2h après pour bivouaquer, ou on part le lendemain à 6h sans la tente. On a 1800m de grimpette à faire, on choisit l'option 2. Nuit sur la plage du coup ? En plein Tempo Festival à ST Leu, c'est rapé. Nous préférons un parking très tranquille à l'école des Colimaçons, tout près du départ de demain matin. Sylvie dort dans le fourgon et Margot et moi installons des lits picot, on a tout prévu dans notre logistique, pour une nuit à la belle étoile. Au réveil le lendemain matin, j'ai changé de voisine ! Je ne me suis aperçue de rien tellement je dors bien. Margot avait tellement la trouille qu'elle s'est réfugiée dans le fourgon au miieu de la nuit. 


Pour cette dernière étape de VTT. on monte jusqu'à la route forestière des Tamarins, pour redescendre à Croc Parc à l'Etang-Salé par le Tévelave. Margot et Sylvie s'y collent, je bave d'envie en les voyant partir dans la nuit. Me revoilà au volant du fourgon, pour apprendre que Margot n'en peut plus, elle monte tout à pied, et à la bifurcation circuit Aventure - Raider, elles tourneront à droite dans l'Aventure sur la route Vaudeville, pour ne pas monter les derniers 200m de dénivelé vers la route forestière des Tamarins. Quel dommage ! On se retrouve donc dernières, avec le plus long temps en Aventure... puisqu'on a fait presque tout le parcours Raider, donc plus long que les autres Aventures (Piton de l'Eau, Piton Fougère et Col des Boeufs en plus). Mais c'est la règle. On passe d'un coup de la 11° à la 16° place, à 4h de la fin.

Dans la forêt de l'Etang-Salé, nous attend une course d'orientation. Je pars avec Sylvie. J'ai la carte et la boussole, et Sylvie connaît la forêt comme sa poche. On torche ça en 4 coups de cuillère à pot. Fastoche.

Ultime épreuve : le roller, du golf à la plage. Ben oui quoi, du roller sur le sable ! Toujours pour Sylvie et moi. Ce n'est pas long, par la piste cyclable de la route du Gouffre. On finit juste avant le port, d'abord dans les rochers puis sur la plage. On a dû emmener des chaussures avec nous.

Et voilà l'arrivée où Margot nous rejoint. Il est vendredi midi. 340km, 16000m de dénivelé et 5 jours et demi de belles aventures. Merci à mes équipières, et à tous ceux qui nous ont aidées : RUN ESCAPADES et VEOLIA PROPRETE La Réunion. Nou artrouv dans 2 ans !

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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 13:48



Une course de 555 km non-stop dans le désert
du 8 au 22 novembre 2008
Organisée par Alain Gestin Organisation


L’année dernière, j’ai participé à la 333, le même principe de course, sur 333km. Cela m’a donné envie de faire plus long. Alors va pour la 555 cette année.
Parcourir 555km dans le désert, de jour comme de nuit, avec des points de contrôle obligatoires tous les 22km qui servent de ravitaillement. On y trouve de l’eau et un repas sommaire. Il n’y a pas de sentier dans le désert, l’orientation se fait au GPS, qui indique le chemin le plus direct, en faisant fi du relief. Car le désert, ce n’est pas du tout une étendue plate de sable.
Tout cela le plus rapidement possible.
Et avec l’organisation Gestion, c’est-à-dire qu’il vaut mieux aimer l’aventure. Le prochain ravitaillement ? On ne sait pas ce qu’on va y trouver. S’il est là, tant mieux, sinon tant pis, on se débrouillera sans.


Je tiens tout d’abord à remercier les partenaires qui m’ont permis de participer à la 555 :

VEOLIA PROPRETE LA REUNION
REUNION TERRASSEMENT
AUTOMOBILES REUNION
RD TRONIC
REP
SBTPC
CREDIT AGRICOLE DE LA REUNION
3A CONSULTING


et l’association A2R




Départ :
Je retrouve le groupe de coureurs à Roissy le samedi 8 novembre, pour le vol vers Le Caire. Nous sommes 22 à tenter l’aventure de la 555, dont 4 femmes, bonne proportion !
Arrivée en Egypte le soir et nuit à l’hôtel au Caire, avant le transfert en bus à l’oasis de Barahia, dans le désert à l’ouest du Caire. Nous y arrivons en début d’après-midi.
Nous aurons l’après-midi à l’hôtel pour finir de préparer les drop-bag, les sacs d’affaires personnelles qu’on peut déposer dans les points de contrôle (CP). J’en mets un tous les quatre CP, soit environ tous les 100km. Si tout se passe bien, cela me suffit. S’il y a le moindre problème, ce sera dur. Je suis prête pour y aller à la dure. Je n’ai pas besoin de grand-chose : des chaussettes de rechange, un peu de ravitaillement, de pharmacie et surtout des piles. C’est le plus lourd, et il en faut un nombre certain pour la lampe et le GPS, qui en consomme toutes les 14 heures.
A part ça, je suis le plus autonome possible avec ce que j’ai sur le dos.
Il faut également contrôler les points GPS des CP que j’ai saisis manuellement. La moindre erreur peut être fatale, ce serait dommage de se perdre dans le désert. Nous n’avons aucun moyen de communication avec l’organisation.
Dernière nuit confortable avant le grand départ.
Ultime préparation le matin avec mon équipement de course. Je ne connais que trop le soleil tropical, j’y vais donc bien couverte : collant et manches longues. Pas question de bronzing en plein désert à 40°C. Quant aux chaussures, j’ai des guêtres cousues dessus pour empêcher le sable d’y pénétrer.
Et c’est parti, le lundi 10 novembre à 12h30, à 50km de Barahia. En pleine chaleur, et à l’heure de se mettre à table. Pas pour moi !


Lundi : Jour 1
Je pars en trottinant à mon rythme, dans le sable. Il y a des petites collines, il faut serpenter à travers.
J’opte pour une trajectoire directe, de CP en CP, le chemin le plus court, et aussi le plus éprouvant physiquement en fonction du relief et de la nature du sol. Tant que je n’aurai pas de douleurs aux pieds dans les cailloux ou le sable mou, je garderai ce choix. Après, j’aviserai. Je pourrai passer par les points intermédiaires, il y en 3 entre chaque CP, qui permettent de rallier la piste de 4x4 de l’organisation, ou carrément suivre la piste.
Je cours pratiquement tout le temps jusqu’au CP1. Il y a plusieurs coureurs à vue à l’approche du CP, nous suivons des trajectoires parallèles. Bernard me rejoint. Il me dira à l’arrivée de la course que j’avais l’air très à l’aise. En fait, dès le départ, je ressens une forte montée d’acide lactique dans les cuisses, comme si je n’avais pas couru depuis 3 mois. Ca commence bien, je m’apprête à courir 500km en ayant mal aux cuisses.
Je ressens rapidement des frottements de la sangle du sac sur le ventre. Les frottements, c’est un de mes points faibles. J’en ai toujours. Je me suis bien protégée avec de l’élastoplast, mais c’est bien la première fois que ça chauffe sur le ventre. Je rajoute immédiatement de l’élasto, pas question d’attaquer 500km avec le ventre à vif.
Je dérange un beau scorpion, bien plus impressionnant que les petits réunionnais. 
Courte halte au CP1, juste pour manger un morceau de pain égyptien. De toute façon, il n’y a rien d’autre.
A mon passage, Alain dit qu’un tiers des coureurs est passé.

Je repars avec Paolo, que je quitterai 200m plus loin, il suit la piste et moi je pars bien plus à droite. Je ne le reverrai pas… avant le lendemain de mon arrivée.
Je cours toujours tout le CP, je me sens bien.
On traverse le désert noir. Il y a beaucoup de cailloux noirs dans le sable et des petites collines noires.La nuit tombe tôt, dès 17h30. C’est la pleine lune, et je n’ai pas besoin de la lampe. On voit bien le terrain, pas besoin de rejoindre la piste, même de nuit. Il faut juste rester vigilant.
Il ne fait pas froid pour l’instant. Heureusement, car mes affaires de nuit sont au CP2. J’aurai au moins fait les deux premiers CP très légère, à part les 3 litres d’eau à porter.
J’ai le droit à un couscous au CP2, servi par Isabelle, l’infirmière. Quel luxe !
J’attaque le CP3 et la première nuit. La lune m’accompagne jusqu’à 4h. Elle est énorme. C’est une bonne compagne. Elle me donne le cap, ce qui m’évite de regarder sans cesse le GPS. Il faut juste recaler de temps en temps, car elle bouge.
J’adopte un rythme d’alternance course/marche. Je cours 5km, puis je marche un peu.
Au CP3, les bédouins m’offrent du riz égyptien. Quel délice !


Mardi : Jour 2
Plus de lune en fin de nuit, c’est le noir complet. Juste le petit halo de la lampe.
Le jour se lève.
Le désert est toujours plein de cailloux, avec des couleurs changeantes, noirs, gris, roses. C’est superbe et on ne s’en lasse pas, même à un rythme piéton. Les massifs s’arrondissent.
Je suis seule, je ne vois personne à part les bédouins aux CP qui se succèdent sans problème. Les 100 premiers km sont maintenant derrière moi.
Les douleurs aux cuisses disparaissent. Tant mieux.
Aux CP, je vois les pointages des coureurs qui sont devant, et je suis 5° ! Avec mon petit rythme ! Je ne suis pourtant pas une coureuse rapide, je fais du 8km/h en courant et 6 en marchant, toujours en alternant course et marche. Par contre je ne sais pas du tout ce qui se passe derrière, où est le suivant, et la suivante, et qui c’est.
Il fait chaud en milieu de journée, cela ne me gêne pas. Je fais attention à boire régulièrement, même quand je n’en éprouve pas le besoin. Les 3 litres y passent à chaque CP.
J’atteins les 150 km, pratiquement sans arrêt. Pour moi c’est une bonne base, par rapport au Grand Raid de la Réunion. Je vais me forcer au CP7 à continuer, pour ne pas dormir avant le CP8, à 180km.
J’enlève mes chaussures pour la première fois au CP7, pour me masser les pieds. Aucun problème de ce côté.
On commence à voir des formations calcaires, qui donnent de grosses formes blanches. On approche du désert blanc.

Je galope toujours sans difficulté pour la seconde nuit. Je me sens même euphorique tellement je suis bien. C’est une sensation de bien-être et j’ai l’impression de faire corps avec mon environnement.
J’arrive au CP8 dans la nuit. Alain m’y accueille. Il m’apprend que Pasquale qui était en tête avec une bonne avance a abandonné, ainsi qu’Etienne. Je me retrouve donc 3° !  J’ai des nouvelles des autres coureurs : Roberto qui est devant a les pieds en sang et que c’est Paolo qui est derrière moi, mais où ?
Quand j’arrive, la tente du CP est vide. Pas grand chose à manger, juste des salades et des ananas en boîte, et pas de drop bag. Tant pis pour les chaussettes. Je m’apprête donc à faire 200km de plus avec les mêmes. Je décide de dormir 1 heure, la première depuis le départ. Il n’y a que 2 couvertures dans le CP, elles sont prises. Je pique celle d’Alain. Je mets ma montre à sonner… et me réveille au bout de 2 heures. Je n’ai pas entendu ma montre. Pas grave, c’est que j’en avais besoin. Du moment que je me suis réveillée et que je n’ai pas dormi 8 heures ! Pendant mon somme, Pierre est arrivé, je ne l’ai absolument pas entendu. Et les drop bag aussi. Je peux changer de chaussettes.


Mercredi : Jour  3
Je repars en fin de nuit, bien reposée et toujours en forme.
Je passe une grande dune, puis j’arrive dans les formations calcaires, qui sont phosphorescentes dans la nuit.
Le CP9 est dans les collines. Bernard m’y accueille et me dorlote. Il me signale qu’il n’y a rien à manger au CP10 et me donne des barres de céréales pour que je n’y meure pas de faim. Pierre arrive quand je repars. On se retrouvera plusieurs fois dans les CP suivants.
Encore quelques collines à franchir avant d’entrer dans une grande plaine très sableuse dont on ne voit pas le bout, très large, bordée de dunes. C’est très beau. Le CP10 est au milieu. J’y arrive en fin d’après-midi. Je soigne ma première petite ampoule sur un orteil. Rien de méchant. Voilà les infirmières qui arrivent quand je repars. Trop tard, mon pied est déjà soigné. Elles me confirment que Roberto souffre beaucoup des pieds.
Je repars vers le désert blanc, et croise deux 4x4 de touristes et une moto. Grands signes sympathiques. Je n’ai pas vu foule depuis 3 jours. La troisième nuit s’annonce. J’arrive à une grande descente à travers une magnifique falaise calcaire. Le sable est très mou et il y a plein de traces de 4x4, c’est difficile d’y courir, mais je suis à l’aise. Je retrouve les sensations de la plage de Saint-Paul. J’aperçois devant une petite lumière : Roberto ! Moi je cours sans lampe, et je me rapproche tranquillement et sûrement. Le 4x4 des infirmières me double. Je rejoins Roberto sans effort et le double avec un mot d’encouragement. Il essaie de me suivre, mais il est tout de suite largué. Je pense qu’il a tort de me suivre car je vais tout droit, ce qui n’est pas conseillé pour lui avec l’état de ses pieds. En plus il maîtrise mal le GPS. Soudain je distingue dans la nuit une énorme masse orange devant moi. Une belle dune. Je la franchis sans problème. J’avale les montées comme si de rien n’était. Derrière, c’est un terrain très pierreux. Oui, je plains Roberto. Et moi, je suis maintenant 2°.
J’arrive au CP11 dans la nuit. C’est la petite oasis de Magic Spring. Des petites dunes très vertes avec des palmiers. Le CP est en haut. Il y a foule, c’est le dortoir des organisateurs. Sabine l’infirmière me passe son matelas et son sac de couchage pour 1 heure de repos. Etienne, l’informaticien de service, corrige une erreur sur les points GPS. Mais mon GPS n’a pas aimé. Il ne veut pas redémarrer. Pas rassurant du tout. Le GPS, c’est la seule sécurité qu’on a. S’il est défaillant, on reste sur place. Heureusement, le mien finit par redémarrer, mais par sécurité Etienne me prête le sien. J’en aurai deux maintenant.
Je commence à avoir du mal à m’asseoir et me relever après plus de 200km, tellement les jambes sont raides. J’adopte le déplacement à 4 pattes dans les CP, ce qui fait rire tout le monde, surtout les bédouins, mais est très efficace.
Roberto est arrivé et se fait soigner les pieds. En fait, il n’a rien avec lui pour ces soins !
Alain m’informe que le CP suivant est au Doigt de Dieu, un petit massif calcaire avec des formes très verticales. Pierre aussi est arrivé, il ne s’arrête pas. Il me propose de continuer ensemble, mais il suit les points intermédiaires et pas moi. On se sépare donc. J’arrive dans le massif du Doigt de Dieu. Il faut prendre la bonne vallée, qui monte pendant plusieurs km, dans un sable bien mou. Je n’ai qu’une trace de pas devant moi, celles de Patrice, et une trace de 4x4. C’est magique. Pierre est donc derrière. Je monte sans difficulté.
Au Doigt de Dieu, je suis à 2km du CP12. La lune est couchée, la nuit est d’encre. Le terrain devient très pierreux, je veux suivre la piste, mais la perd dans les pierres, et je tombe sur un énorme pierrier. Impossible de passer, je dois le contourner. Je retrouve les traces de 4x4, et j’arrive à une espèce de col dans les pierres. Mon GPS m’indique que je suis à 700m du CP… avec un sommet entre lui et moi. Ca ne passe pas. Et je suis à 200m du point intermédiaire suivant, celui qui est après le CP12. Il est en fait à 200m en dessous de moi, juste à la verticale ! Bref, je me suis fourvoyée dans ces petites montagnes. Je cherche vainement une autre trace de 4x4… dans la nuit noire et dans les pierres. Sans succès. Demi-tour jusqu’au Doigt de Dieu. Je finis par trouver le bon chemin, avec beaucoup de difficulté. J’étais partie un tout petit peu trop à gauche. J’arrive au col suivant. Mon GPS indique le CP à 200m, 100m, 50m, 20m, quelque part sur la droite. Je ne vois rien, tout est noir, il n’y a qu’une paroi verticale. Puis 50m, 100m. Ce n’est pas possible, je m’éloigne du CP. Redemi-tour. En fait la tente n’est pas allumée, je suis passée devant sans la voir. Je suis tellement sous pression que le bédouin de service en prend pour son grade, et que j’en réveille Pierre qui a largement eu le temps de faire un somme. Il en profite pour repartir. Le pauvre bédouin est charmant après avoir été bien houspillé, il prend soin de moi. Je dors 1 heure, j’en ai bien besoin pour me remettre de mes émotions, ce n’est pas du tout terrible de se perdre en pleine nuit.


Jeudi : Jour  4
Je repars au lever du jour. Je suis rapidement juste en dessous de l’espèce d’à pic où j’étais coincée hier soir. Puis c’est une belle ligne droite dans le sable au pied du massif du Doigt de Dieu, avant de rejoindre à nouveau une zone pierreuse.
Voilà Roberto qui me rattrape. L’infirmière lui a redonné des pieds neufs ma parole. Lui aussi s’est perdu, mais Alain l’a remis sur le droit chemin. Il me demande s’il peut venir avec moi car il ne sait pas utiliser correctement son GPS et ne veut pas rester seul. D’accord, mais je fais ma route et je vais à mon rythme. Il se cale derrière moi et me suit exactement pas à pas.
On arrive à un surplomb, il faut traverser la vallée à nos pieds et trouver un passage pour franchir le mont en face. Puis c’est une zone très sableuse avec des tous petits arbustes. On retrouve la piste de 4x4, et on aperçoit Pierre devant, il n’est pas loin. Roberto démarre en trombe pour le rattraper avant le CP. Quant à moi je garde mon rythme et arrive quelques minutes derrière eux.  Le CP 13 est situé dans une petite oasis, avec une fontaine ! De quoi se débarbouiller, quel plaisir !
Puis Gérard arrive rapidement. Il a été malade au début de la course et n’avançait pas. Maintenant il remonte toute la course. Lui aussi s’est bien perdu au Doigt de Dieu.
On repart tous les quatre les uns après les autres, avec quelques minutes d’écart.
C’est toujours très sableux, avec plein de collines et des zones très calcaires, d’un blanc très lumineux. Nous sommes en plein désert blanc.
Au CP14, Roberto est déjà reparti quand j’arrive. Gérard est là et Pierre débarque quelques minutes après moi. Ils repartent ensemble, devant moi.
J’aperçois au loin la zone des champignons, formations calcaires très caractéristiques. Comme je coupe tout droit, je n’y passe pas.
Au CP15, Gérard et Pierre sont déjà repartis, mais Roberto est là. Il est furieux car il s’est fait doubler en prenant la piste. Il est passé dans les champignons. Peu m’importe, je sais que Gérard est beaucoup plus rapide que moi, hors de question de le suivre.


J’ai des chaussettes de contention pour le sport. Je ne savais pas si je pouvais les garder pendant 500km. Je sens mes pieds qui commencent à gonfler un peu, et les genoux aussi. Si j’enlève les chaussettes, je ne pourrai pas les remettre, c’est sur. Elles maintiennent bien les mollets, qui ne gonflent pas. Je décide de les garder, et les garderai jusqu’au bout.
Et c’est à nouveau une nouvelle nuit qui s’annonce. Je sens que je manque de sommeil au milieu du trajet, et je me couche dans le sable. Il y a beaucoup de vent et il fait froid, 5°C peut-être. Je m’endors illico. Ma montre me réveille une demi-heure plus tard. Quelle curieuse sensation. Je me réveille facilement, mais je mets plusieurs minutes à retrouver mon équilibre, et le sens de l’orientation une fois debout. C’est quoi ces étoiles ? C’est laquelle que je dois suivre ? Et ça repart. Soudain une énorme masse orange se dresse devant moi. Une dune, vraiment énorme. Impossible de la gravir de front, elle est très raide. Je la prends de biais, et finis à quatre pattes. La vue est extraordinaire en haut au clair de lune, et il y a d’autres dunes devant moi. Je dévale la descente dans le sable mou, comme une gamine, en faisant néanmoins attention à ne pas forcer dans les genoux. C’est que les jambes sont bien raides. Encore deux dunes plus petites et faciles à monter. Je monte facilement, sans effort physique particulier. C’est un bon test pour moi, habituée à la montagne. Je sens tout de suite dans les montées si les jambes sont fatiguées. Tout va bien de ce côté là.
J’arrive à une oasis cultivée. L’horreur. Les champs sont en fait des cuvettes creusées dans le sable, les unes à côté des autres, dans un sable très mou, et les bords sont très raides. Il faut absolument rester en hauteur, ne pas descendre dans les cuvettes, ce qui oblige à zigzaguer. Sans voir quel est le meilleur passage puisqu’il fait nuit. Je ne m’en sors pas trop mal. Je dois y faire un arrêt pour changer les piles du GPS. Je suis assaillie de moustiques. En plein désert !
Ce CP a été l’un des plus difficiles de la course pour moi.
Le CP 16 est juste après l’oasis. J’y retrouve Roberto, allongé, en plein délire. Il crie dans son sommeil. Il n’a pas l’air bien dans sa tête, mais le bédouin et moi ne pouvons pas grand chose pour lui. Je suis dévorée par les moustiques sous la tente, ils sont voraces et piquent à travers les vêtements. Comme je suis bien fatiguée, j’y dors tout de même une heure, planquée entièrement sous la couverture. Ni les moustiques ni les cris de Roberto ne me perturbent.


Vendredi : Jour  5
Les pierres réapparaissent, puis encore une belle dune. Il fait jour maintenant, c’est facile de trouver le bon passage pour la franchir. Façonnée par le vent, elle est encore très raide. J’admire celles que j’ai franchies cette nuit derrière moi. Impressionnant.
Au CP17, je vois Pierre qui le quitte juste quand j’arrive. Je suis accueillie par deux jeunes bédouins. Ils n’ont pas grand chose à me donner à manger. La traditionnelle soupe, suivie d’une plaque entière de chocolat. J’ai le droit à un concert de musique égyptienne.
Vers le CP18, c‘est une longue descente en pente douce de plusieurs km, impeccable pour y courir sans effort. Je longe ce qui semble être une mine, il y a un gros trafic de camions au loin. Puis je longe une grande oasis. En bas, je bute sur une belle mare, le point d’eau de l’oasis. Impossible de passer. Ah je n’aime pas les oasis ! Je dois faire un grand détour pour la contourner. Le sol est recouvert d’une croûte de sel qui craque sous les pas. J’en profite pour en manger un peu.
Puis je traverse une route. Et voilà qu’un beau 4x4 rouge s’arrête et l’égyptien au volant me propose de me prendre en stop. C’est gentil, mais non merci !
J’arrive droit sur une grande zone de culture, avec des sillons très profonds et très mous. C’est l’enfer de traverser ça, épuisant.
Décidément, pour arriver au CP18, j’aurai eu des surprises en coupant tout droit. Ca fait partie du jeu.
Une énorme dune se dresse devant moi. La montée est très longue, je la prends de biais. Après le champ très mou, j’en ai plein les pattes. J’y retrouve les trois traces des coureurs qui sont devant moi.
Au CP18, je vois sur le pointage que Pierre a pris un peu d’avance, ce qui ne m’étonne pas. Je décide de dormir une heure avant d’attaquer la nuit. J’en repars à 20h, juste avec le lever de la lune sur les dunes, toute orange. Magnifique spectacle.
M’attendent maintenant 100km de dunes ininterrompues, qui vont dans le même sens que moi. C’est tout droit et plat. Il n’y a qu’à suivre les traces du 4x4 de l’organisation. Facile.
C’est sans compter sur la fatigue accumulée, je n’arrive pas à trouver un rythme de course qui me va, et un arrêt dodo s’impose. Je me couche dans le sable à quelques mètres des traces. J’allais m’endormir, quand le bruit d’un 4x4 me réveille. Mince alors ! Cela fait des lustres que je n’ai pas vu l’organisation, et c’est juste quand je veux dormir qu’ils se pointent. Par prudence, j’allume ma lampe, ce serait bête de se faire écraser en plein désert. Bernard me rassure, on me voyait de loin, avec les bandes réfléchissantes de mon sac, qui me sert d’oreiller. Je ne me lève même pas, trop difficile de passer du stade horizontal à vertical et vice-versa. De quoi ai-je besoin ? A manger ! Il m’offre une boîte de riz au lait que je dévore sur place. Merci Bernard !
Impossible de me rendormir après ça. Tant pis, je repars pour les 8km qui me séparent du CP. Je les fais en marchant… et en dormant. Calée au milieu des traces toutes fraîches du 4x4, j’avance les yeux fermés. Si je dévie, la sensation est différente sous le pied quand j’atteins la trace de la roue, et ça me réveille instantanément. Je me recale au milieu et c’est reparti. Quelle galère ! Une nuit bien difficile et longue, sans admirer les étoiles filantes cette fois-ci !
Je m’écroule au CP19 et j’y dors deux heures. C’est ce qu’il me fallait, je suis ragaillardie pour repartir, avant un bon repas, comme le ravitaillement est passé juste devant moi.


Samedi : Jour  6
Me voilà avec 400km dans les pattes. J’alterne toujours la course et la marche, en raccourcissant les périodes de course à 2km, puis 1km. Je cours toujours à 7km/h.
Tiens, je sens une deuxième ampoule qui pointe son nez au niveau du tendon d’Achille. Elle ne me gêne pas vraiment. Toutefois, après chaque arrêt, je ressens la douleur due aux ampoules. Je fais alors très attention à ne pas modifier ma foulée, pour ne pas compenser par une mauvaise position qui pourrait entraîner d’autres choses beaucoup plus graves comme les tendinites. Mes deux petites ampoules, ce n’est rien à côté, et la douleur disparaît très vite avec les échauffements.
Le spectacle des dunes que je longe et très beau, et pas du tout monotone comme je le craignais. J’enchaîne les CP 20 et 21, toujours avec plaisir.


Au CP21 j’y retrouve Pierre, qui n’a pas le moral. Il veut arrêter. Ah non Pierre ! Il ne reste que 100 petits km ! Il repart. Il y a aussi Bernard n°2 qui est là, un coureur qui a abandonné. Il me donne des nouvelles de l’arrière. C’est Paolo qui est derrière moi. Roberto est à l’hôpital. Son délire du CP16 est plus grave que je ne pensais, mais je n’en sais pas plus.
Je dors une heure avant de repartir dans la nuit vers le CP22. La lune se lève de plus en plus tard. Je trouve que je ne vois pas grand chose, et je nettoie mes lunettes en marchant. Elles sont pleines de poussière de sable. Bien mauvaise idée, car je ne contrôle plus mon GPS et je dévie très vite sans m’en rendre compte, pour me retrouver par inadvertance au sommet d’une dune. Je n’ai rien à faire là, mais mon GPS m’indique exactement l’axe de la crête de la dune, si bien que je ne sais pas de quel côté en redescendre. C’est malin. Je vais devoir suivre la crête pendant plusieurs km avant de rattraper le bon chemin en bas sur la droite. Avant de remonter vers le CP23.


Dimanche : Jour 7
Je dors une heure avant de repartir au lever du jour vers le CP24. Quelle surprise en sortant de la tente : je suis dans un épais brouillard ! En plein désert ! Le soleil ne le perce qu’à 10 heures du matin. C’est une étrange sensation, car si je vois le relief proche, je ne sais pas où je vais, comme dans la nuit. Surtout que ça commence à être bien vallonné, ça monte et ça descend sans arrêt.
Je passe à coté d’un cadavre de chameau bien sec. C’est étonnant, car il n’y a pas de caravane de chameaux en Egypte.
Avec le retour du soleil, le paysage se dévoile. C’est une succession de dunes à perte de vue qu’il faut franchir. Je vois les traces de mes trois prédécesseurs. Puis, c’est une bonne descente vers une vallée bien plate, recouverte de cailloux noirs.
Là me rejoint le 4x4 d’Alain, l’organisateur.
Le relief est de nouveau vallonné au CP24, avec des tas de cailloux. J’ai les pieds en bon état et je peux toujours les lever, je cours tout droit, surtout que la piste a l’air de zigzaguer pas mal.
J’arrive au CP25 en fin d’après-midi. Le dernier ! J’y retrouve Alain. Qui me propose la traditionnelle salade avec ananas. Le même régime jusqu’au bout. J’apprends que Roberto a une péritonite. En plein désert, il a du déguster. J’apprends aussi que l’arrivée n’est qu’à 13km, un tout petit CP !
Il y a un fennec qui se balade autour de la tente, pas farouche du tout. Comme je me déplace toujours à quatre pattes, nous sommes à la même hauteur.
Je repars pour le final à 18h30. Il fait nuit noire, la lune n’est pas encore levée. Alain nous a prévenus qu’il faut prendre un canyon difficile à trouver et qu’il nous mettrait un 4x4 pour nous guider à l’endroit fatidique. Je n’y ai jamais cru, d’ailleurs il n’y a pas de 4x4 au CP. Je suis scrupuleusement la piste, qui est très large. Elle est même repérée par endroit avec des pierres blanches. Le sable est mou et pas très agréable, mais je galope, le cheval sent l’écurie. Près du point du canyon, la piste est bordée par deux parois verticales dont je ne vois que le bas dans le noir. Je suis bien dans le canyon, c’est bon. Puis la piste grimpe tout d’un coup. Et j’arrive à un pierrier bien raide. Ce n’est pas possible. Les 4x4 ne peuvent pas passer là. Je redescends et vois d’autres traces plus à droite, avec des pas. Je les suis, et arrive à un à-pic vertigineux, complètement vertical. Le vent y est violent, ma casquette s’envole. Je n’irai pas la rechercher. Heureusement que la fin est proche, je n’en ai plus besoin. Néanmoins, je suis perdue, à 2km de l’arrivée ! Le décor est complètement montagneux et doit être grandiose, mais pas pour moi ! Désespérée, je fais demi-tour. Monter et descendre dans le sable mou, après 555km, je m’en passerai bien. Il y a des traces de 4x4 partout, lesquelles sont les bonnes ? Je n’ai plus de piles dans mon GPS. Je m’assieds dans le sable, je me calme et je  change les piles. Je finis par trouver la bonne piste. Le voilà le fameux canyon, je le découvre au moment où la lune se lève. Là où je croyais y être, en fait je n’y étais pas encore. Je passe le col et vois une succession de parois verticales impressionnantes sur ma droite. C’est là que j’étais.
Puis c’est une bonne descente dans le sable très mou. Avec le vent, il n’y a plus aucune trace et mon GPS veut m’envoyer à gauche, mais c’est un sommet. J’ai peur de louper à nouveau le passage et je ne profite pas du tout de cette descente.


Je finis par retrouver des traces de pas et de 4x4. En bas, sur la gauche, je vois les lumières de l’oasis de Dakhla : l’arrivée ! La piste est maintenant bien marquée et j’arrive au campement de l’arrivée. Il est 23h. J’aurai mis 4h30 pour faire 13km !
Il n’y a pas âme qui vive. Je rentre dans une des tentes, tout le monde dort. Ce sont les coureurs arrivés avant moi. Je les réveille : ils m’attendaient, mais ils se sont tous endormis.
Quelle arrivée épique !


 


Et voilà mes 555km effectués en 155 heures, soit 6 jours et demi.
Avec une quatrième place, et première féminine pour terminer l’aventure.

 

       

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 13:55

A2R à l’ISALO RAID 2008

 

La participation au Raid de l’Isalo auquel je pensais depuis quelques temps s’est concrétisée avec la décision de passer nos dernières vacances dans l’Océan indien, à Madagascar. 21 jours de vacances dans la grande île avec comme point d’orgue le raid de l’Isalo (en tout cas pour moi mais pas forcément pour Cécile !).

Après une semaine de taxi brousse, de train et surtout de découverte des paysages et de  la population malgache, nous arrivons à Ranohira, porte d’entrée dans le parc de l’Isalo et point de départ de la course, le jeudi 24 juillet en fin d’après midi. Le temps de trouver une chambre d’hôtel et nous nous retrouvons pour le briefing d’avant course avec Jean-Marie en chef d’orchestre. Une cinquantaine de coureurs sont inscrits, une bonne moitié de locaux, quelques réunionnais, des vazas et une délégation de l’ambassade des Etats-Unis.



Le vendredi nous profitons de notre journée libre pour faire une ballade « mora mora «  de 6 heures dans le parc permettant de voir les sites les plus connus : la piscine, la cascade des nymphes, les piscines noire et bleue. Tout ceci me met l’eau à la bouche et il me tarde de découvrir plus complètement ses splendides paysages. Le repas du soir n’est pas vraiment idéal puisqu’après ½ heure d’attente, j’ai quand même pu avoir un plat de pates mais la portion était plus que congrue. La suite le confirma.

 Le départ est donné à 2 heures du matin dans un village de Ranohira désert. Avec 50 participants, il n’est pas question de bousculade et après quelques minutes je me retrouve déjà seul dans la savane. Les 37 premiers km se situent sur un plateau en herbe et sur une bonne piste de sable. Il est donc tentant de dérouler en trottinant d’autant que le température est idéale (15°). Le deuxième ravitaillement après 26 km de course se trouve dans un village et là, surprise : tous les habitants sont assis devant leur case enveloppés dans des couvertures, les yeux grand ouverts mais aucun mot, aucun geste ; une impression très particulière. Après un premier passage de rivière, j’arrive au premier bivouac qui marque la fin de la piste et l’entrée dans le massif de l’Isalo. Il est 6 heures et le  jour commence à se lever timidement. Les gens du village nous ont préparé une soupe de pate et du riz dans la marmite sur le feu de bois. 37 km en 4 heures, un démarrage sur les chapeaux de roue et je me sens des ailes pour attaquer la montagne.

Nous rentrons à ce moment au cœur du massif de l’Isalo et nous ne retrouverons un accés routier et des habitations que 50 km plus loin à quelques km de l’arrivée. Quelques inquiétudes donc en pensant à un possible problème physique et aux difficultés d’évacuation que cela représenterait, mais la beauté et le caractère sauvage du site compensent très largement ceci.



Le sentier se déroule sur des paysages variés dans une nature très tourmentée enchaînant montée dans des canyons pelés, descentes sur des dalles, longues traversées sur des plateaux à la végétation herbeuse longeant des gorges profondes à la flore luxuriante, passage en forêt. Les ravitaillements, tous les 8 à 10 km sont tous situés dans des endroits splendides au bord d’une rivière dans une forêt ombragée. Ils seront d’autant plus les bienvenus qu’à partir du 45ième km, j’ai commencé à avoir des difficultés d’alimentation, plus rien ne voulait passer et en me forçant , je réussissais alors à avaler en ¼ d’heure une malheureuse barre ou tube de gel. Ma forme variait alors au gré des apports énergétiques que je pouvais ingurgiter.



Un grand merci au passage aux ravitailleurs qui ont du transporter à pied sur 30 km pour certains, gamelles, tentes, eau …

Malgré un très net ralentissement du rythme, je sortais du massif de l’Isalo à la tombée de la nuit (18 h) après avoir doublé quelques raideurs épuisés. Mais quelques km avant l’arrivée, je suis interpellé par un vigoureux « allez René » venant de l’arrière et doublé tambour battant par un jeune guide malgache du parc avec qui j’avais discuté dans les premiers km de la course. Il me semblait alors déjà bien fatigué et je pensais que la suite allait être pour lui un long calvaire !

Le clou de ce magnifique parcours est une arrivée dans le village de Ranohira, très animé à l’occasion de sa fête annuelle et toute la gentillesse et la sympathie des malgaches se manifestent une nouvelle fois.

Une destination que je vous conseille donc sans aucune réserve pour votre raid extra réunion de 2009.

René    

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 21:25

Un beau dimanche en métropole; le premier de l'été et quelques 3000 participants pour toutes les courses organisées : un 11 km, un 22, un 44 et la taille XXl de 85 km.....

J'avais opté sagement (c'est possible!!) pour le Marthon des Burons, la taille en 44, s'il vous plait.

Des paysages magnifiques, 1300 métres de dénivelées +, de la boue , des ruisseaux, une belle ambiance, 1600 au départ de cette édition , à l'angelus......

Et j'ai donc sorti le maillot d'A2R pour la deuxiéme grosse fois de l'année depuis 3 semaines ( La Pastourelle en Cantal le 31 mai, a déjà vu nos couleurs...)

Du plaisir avant tout et une belle course, au feeling, en profitant de regarder les paysages et ...le bouts de mes pieds, casse gueule le parcours, bien valloné et plein d'embûches naturelles...

A l'arrivée, 5 heures et 51 secondes après le départ, une 22 place V1F et un excellent moment à promener le maillot (au fait, le FUTURA sera bientôt plein à craquer à ce rythme,mes poursuivants me demandent souvent l'adresse....,)         Voici donc quelques nouvelles d'un des 3 expats d'A2R,même loin, l'union fait la force...                  

                   
 

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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 15:26

 












Face à la folle aventure que vous avez vécue ensemble, cher(e)s ami(e)s A2Rien, je me sens bien petit et ose à peine glisser ce bout de récit, au milieu de vos photos de sommets « himalayesques »…


Il y a un mois, le frère de René, Claude Barthelon, qui habite la banlieue grenobloise et qui m’avait accueilli fort chaleureusement lors de mon arrivée, me propose de récupérer son dossard pour ce trail de début de saison, une mauvaise entorse le forçant à y renoncer.

J’accepte bien volontier, d’autant plus que cette course m’avait déjà titillé lorsque nous habitions sur Aix les Bains. Mais à l’époque, 50 bornes me semblait totalement hors de portée.

J’ai donc 1 mois de préparation devant moi… Hum un peu juste, d’autant plus que je n’ai que très peu rechaussé mes trabucco depuis…. un certain GRR 2007. Pour couronner le tout, le mois d’avril correspond à mon stage en charpente… ou les journées de 10 heures sous la neige et la pluie réduisent considérablement ma volonté de sortir courir une fois mon cul posé sur la chaise de la cuisine.

Quelques footing & des sorties peau de phoque en altitude les week end précédent seront mon unique entraînement. Je ne sais pas du tout où j’en suis. La saison de ski, et les montées- descentes d’échafaudages m’ont fait prendre des tours de cuisse, mais niveau endurance, c’est l’inconnue complète.

Je me pointe donc ce dimanche matin à 7h dans ce village de Voglans, à proximité immédiate de Chambéry. Je me sens un peu seul. Depuis maintenant 3 ans, je m’étais habitué à préparer et vivre à plusieurs nos rendez-vous sportifs.

Une amie de chambé passe à l’impromptu m’offrir des croissants, bienvenus compte tenu du réveil précoce pour venir de Grenoble, gentille surprise, merci Sarah.

 



Le départ est donné à 8h, me place en queue de peloton. J’entends des discussions tournées autour de l’état délicat des sentiers sur le Plateau du Revard, ou la neige recouvre encore une bonne partie du parcours. On verra bien.

 

Départ hyper rapide, sur un terrain on va dire très… « roulant » ,o) (tu vois le genre Nico ?)

Je remonte rapidement jusqu’à l’avant poste, me surprends même à doubler… DAWA ! Quelle foulée ! régulière, sereine…
Moi je suis taquet, comme d’hab’, je ne garde rien sous la semelle. Au pied du Col du Perthuiset, les grosses difficultés commencent. Je pensais pouvoir récupérer en marchant dans la montée. Quenini !! Cette montée ressemble… à la montée du Maido via Sans Souci, c’est à dire « roulante » !! Donc obligé de courir !! 1400m de deniv d’un coup tout en trottinant, ca change du rythme réunionnais. DAWA me repasse et je colle à son allure, jusqu’au sommet. La haut, les cuisses en feu et le souffle court, je craque et laisse filer le beau champion.

Sur ce plateau situé à 1400 m, réputé pour son enneigement et ses pistes de ski de fond, la neige est encore bien présente en sous-bois… et change complètement la donne ! On s’enfonce jusqu’aux genoux, les appuis sont précaires, glissants, foireux, les chevilles vrillent et les gamelles s’enchaînent. Un peu galère, mais après tout, c’est ça des courses en pleine nature ! faut savoir se faire à toutes les conditions. J’imagine qu’au Népal, la neige,  vous avez du en bouffer bien plus que ça !!

 

Une fois le Plateau traversé dans toute sa largeur, j’attaque la montée de la Croix du Nivolet, qui surplombe la ville de Chambéry, et qui s’embrase à chaque couché de soleil du fait de son revêtement métallique. Les jambes sont raides, les genoux grincent et les crampes se font menaçantes. La haut, on m’annonce « 14ieme ». Allez je vais essayer de tenir cette place inespérée. Apres quelques bouts de jolis pâturages, on attaque la descente. C’est ce qu’attendait la mécanique, usée par les montées et les montagnes russes du Plateau… Je lâche les chevaux, allonge au max. L’expérience réunionnaise a été extrêmement bénéfique pour bien appréhender les descentes. Piètre descendeur là bas, je vole littéralement sur cette  descente annoncée « technique ». Je mange 6 places, et repasse DAWA ! On discutera 5 min, entre un maçon et un apprentis charpentier on causera…. Course à pieds bien sûr ,o)

La descente continue, je maintien l’allure. Puis le fond de vallée arrive, avec son plat, sa chaleur… je suis cuit cuit cuit, cassé vidé. Il reste 5 kilomètre. J’envisage de finir en marchant. DAWA me repasse, et m’encourage. Toujours un mot sympa. Lui, il a gardé son allure du début, sa foulée légère et régulière… pffffiou, un monde d’écart…Je continue en petite foulée chaloupée. Le manque d’entraînement, de sorties longues se fait cruellement sentir.

Je termine en 4h50.
Aux anges.
C’est incroyable ce qu’une simple course peut nous faire souffrir, nous enrichir, nous transcender…

On attend vos récits !! à vos claviers !!

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