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24 mars 2008 1 24 /03 /mars /2008 12:39

   Rien de tels que les bivouacs pour la cohésion d'un groupe.
   Au départ, on nous avait dit : "vous monterez et démonterez vos tentes". Sauf lors d'un départ matinal dans la nuit, lorsque nous arrivions, nos tentes étaient en place, il ne restait qu'à rechercher la sienne. Car pour éviter les chamailleries, chacune avait un numéro, nous n'avions pas à changer ; si on voulait, on pouvait quand même la planter ailleurs. Loin de la tente repérée pour être celle des ronfleurs par exemple ! Du bus non plus nous ne devions pas changer, cela permettait de voir rapidement s'il était complet avant chaque départ, d'y mettre ses bagages...
   Encore que j'ai parfois dû chercher les miens. Plus petits que la majorité, on les rangeait en dernier, et parfois là où ça arrangeait... Un jour, c'est mon duvet qui demeura introuvable ! Ennuyeux mais pas inquiétant : on ne laissait rien en quittant un camp, tout se retrouvait, même des choses non perdues : une polaire n'a jamais retrouvé son propriétaire !

    Le soir et parfois à midi, 4 tentes-mess en enfilade abritaient une longue table. Avec des tabourets hélas pas à la hauteur : grands ou petits, nous avions les mentons au niveau de l'assiette. On s'est habitué au point d'être dérouté quand on s'est retrouvé au restaurant !
   Dés le début, les gens seuls comme moi ont été exaspérés par les places "réservées": au moment de s'installer : non, c'est pris à plusieurs reprises. Nous avons décidé qu'il n'y aurait plus de réservations, que les couples pouvaient être séparés... ! Excellent pour le brassage !

    Un jour à une semaine de la fin, dans mon bus, des morceaux de phrases nous parviennent à l'arrière. "Tout le monde le pense, personne ne parle.".. Il faut parler au nom de tous"...etc...Du fond nous voulons être au courant de ce qui a l'air d'être une contestation... Et là, nous ne sommes pas d'accord, pas avec ceux qui trouvent la nourriture insuffisante (Je faisais attention car malgré la course, je ne tenais pas à prendre du poids !), les bivouacs sans confort, inadmissible ! Bien sûr, le dernier bivouac était sans eau, gênant quand on vient de courir. La veille, on était au bord d'une ravissante petite rivière. "Et l'eau de la rivière, rouge, inadmissible !". Eh oui, l'eau de cette rivière était rouge. Bien qu'on nous conseilla de ne pas s'en servir, j'allais m'y laver tant elle était claire pure et ...froide, comme quelques autres. Quand le doute sur sa qualité a été levé.
   Bref, quand on participe à un tel voyage, en bivouac, quand c'est une première, avec tout ce que cela implique comme surprise, on admet les petits inconvénients, et une première, c'est toujours plus exaltant que quelque chose de trop rôdé...
   Et le soir, quand au briefing, Serge a mis ces contestations sur le tapis en justifiant ces manquements au confort, dus à un pays vaste, et depuis peu organisé pour le tourisme, la plupart ont manifesté leur plaisir de vivre 3 semaines ainsi. Serge a affirmé qu'il tiendrait compte pour les prochaines éditions de ces petits problèmes, qui n'ont en rien gâté la bonne ambiance... Au contraire !
    Nous nous sommes quand même arrêtés dans des campings super-confortables, avec sanitaires impeccables et douches chaudes, 3 ou 4 nuits dans de bons hôtels, et une nourriture excellente ! Les midis quand nous étions dans un camp, un buffet avec des tas de salades variées, crudités abondantes, salades de nouilles composées, fruits à volonté. Aux ravitaillements lors des courses, plein de petites gâteries, avec des fruits, frais et secs... Et le soir on pouvait refaire passer sa gamelle tant qu'on le voulait .
   Quant aux tables du petit déjeûner, de tout, même cette spécialité que tout le monde appréciait : la confiture de lait... et au fil des jours, les gens se montraient de plus en plus juste à l'heure, tout étant sorti des tentes, pour qu'on puisse les démonter sans problème...

    Une dernière anecdote : les passages de frontières. Argentine-Chili dans un sens, puis dans l'autre. On nous avait prévenus : ce sera long, trés long. Nous devrons être sages, discrets... Ce fut encore plus long... Quelques kilomètres avant, il a fallu faire un gros effort : terminer le stock de bananes des ravito, car aucun produit frais ou d'origine animale ne devait passer. Et puis, surprise ! on passerait un à un avec les bagages qui seront fouillés. Zut, il me revient que j'avais encore un gros morceau de gruyère, emmené pour mon long voyage. Je le cherche, pensant qu'il serait immangeable. Mais non, il était encore trés bon. Qu'en faire ? Je le coince dans la barrière prés du poste de douane, tant pis s'il disparait, si on le jette ou si un chien s'en régale. Fouille. Au retour, mon gruyère est toujours là... Le soir ce sont des saucissons qui ressortent lors du repas du soir, amenés et passés par un coureur ! 
   Par contre, le camion du staff, ayant notamment les vélos, dut faire un grand tour, ne pouvant passer la frontière à cet endroit, pour quelle raison ? Sinon un douanier pas d'accord ce jour... Bref, en trés peu de temps, nos organisateurs ont dû nous trouver un hébergement, le bivouac ne pouvant avoir lieu. Quelle aubaine ! Une école a pu nous recevoir en cette période de vacances, et nous avions même des douches, non prévues ce soir-là, gla-cées ! Nuit en dortoirs !
   Le passage dans l'autre sens a été un peu plus facile.

    Il y aurait encore plein de choses à raconter sur l'ambiance de ces camps ! Allez donc faire un voyage avec NED, vous ne serez pas déçus !
 

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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 11:16
  Aller au bout du monde, en Patagonie,  pour courir ! Quelle idée ? Cette expérience, je n'ai qu'une envie, en parler pour que d'autres vivent les mêmes grands moments que moi.
   J'ai tant de choses à raconter : ma... course, le vaste pays, et surtout surtout : l'organisation...

   NED. Retenez ces 3 lettres, pour Nature Extrême Développement. A sa tête, un couple comme on n'en trouve nulle part ailleurs ! Tant l'énergie, la sympathie, la bonhommie, la chaleur humaine qui émanent de lui, sont exceptionnels !

   NED. Allez sur leur site internet. Vous y trouverez leur programme de courses dans le monde entier, certaines expéditions sont rôdées ; d'autres comme ce défi austral, sont des premières.
   Sur ce site, on pouvait suivre au jour le jour, en photos, ce super voyage qui allait de El Chalten en Argentine, à Ushuaïa, le mythique bout du monde, en passant par des réserves chiliennes. L'album y est consultable... si vous avez le temps, car les feuillets sont abondants. CD, DVD vont sortir bientôt, plus les clichés exceptionnels des participants.

   Quelques remarques sur cette expédition. "Allez les jeunes" nous criaient à longueur de journée Serge, l'organisateur... Car la moyenne d'âge... ? disons pas mal de têtes grises, mais quelle énergie ! 

   Des VTTistes entraînés, des coureurs assidus qui en voulaient... De quoi avais-je l'air, moi qui avait résolu de marcher, avec mon petit sac à dos, énorme aux yeux des habitués des courses... Ben, je me suis mise à courir, dans la mesure où mes genoux le supportaient. Si au début, j'étais bonne dernière ( encore que je n'arrivais jamais à plus de 10 min du dernier) : 29ème, j'ai au fil des jours gagné des places...
   D'abord parce que les maux des coureurs obligeaient à quelques abandons... Moi, je tenais le coup, surtout quand on remarqua que les féminines étaient presque dominantes à l'arrivée, par rapport au départ...
  Ensuite parce que j'avais trouvé mon rythme entre le trot, la marche rapide et les photos.
  Si au début, mon temps était plus du double de celui du premier ( mais il fallait voir sa foulée, à Dominique... à couper le souffle...), à l'issue de la 13ème étape, j'étais en dessous, et je n'arrivais plus la dernière !

   Et pour terminer, nous avons cotoyer les pingouins et les éléphants de mer, je reviendrai là-dessus...

   Donc, en 13 étapes, nous avons fait 334,6 km, dont un marathon. Sur piste plus ou moins bosselée si on excepte "la tôle ondulée", un seul jour de repos, et au début, les horaires d'avion ayant été modifié trés récemment.

  
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14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 11:06

L’assistance c’est d’abord plusieurs étapes préalables

            1 à 2 semaines avant, tout le monde s’y colle : arrêter les postes, les doublettes, envisager les passages…sans oublier une petite bouffe. Super sympa.

            Quelques jours avant : Par doublette, récupérer (Merci Flo) les petits (gros parfois !) paquets des champions préparés avec science et amour .

            La veille au soir : Faire le sac…les sacs : il en faut de la place pour les petits ? paquets et pour son propre ravitaillement, parce que ça mange et ça boit une paire de ravitailleurs lâchée dans Mafate par une nuit sans lune. Il en faut des réserves (de la viande  au vin rouge, en passant par le charbon de bois, la bière et les casseroles, sans oublier la tente…) pour tenir le long siège de Roche Plate.

            C’est ainsi que vendredi, au petit matin, vers 3h30, on se retrouve à jeter au fond du coffre un sac qu’on n’oserait jamais coller sur le dos de son meilleur copain…non, je blague.

            1ère étape : le croisement des sentiers de Marla et La Nouvelle, au cœur de la plaine

 des tamarins. Arrivée vers 5h ½. Il ne fait pas chaud.

Nos 1ers raideurs sont prévus vers 7h, mais peu après 6h1/2 voilà que pointe le 1er ORANGE – CANAL+. C’est René, fringant comme un jeune poulain, en tête d’un groupe 6, lancés à fond la caisse dans la petite descente. Un rapide «  ça va René ? » et il est déjà à 20 mètres, puis à 50 quand m’arrive son « oui, très bien », lâché dans un large sourire. Il a dû oublier une casserole sur le feu !!

A peine ¼ d’heure et voilà Bruno. « ça va Bruno ? » « oui, oui » mais son sourire est un peu crispé. Il ne semble pas dans un grand jour aujourd’hui Bruno.

            7h05. C’est pas vrai ! déjà Sandrine. Large sourire, assurance, calme olympien. Elle me dirait presque « qu’est ce que je peux faire pour toi ? ». Petite halte. Juste le temps de compléter les réserves, de papoter un peu et la voilà repartie. Elle est intenable aujourd’hui.

            Tiens, le téléphone « Allo, c’est Geneviève. J’espère que tu n’es pas encore parti. Tu peux laisser mes affaires, je viens d’arrêter ». « Ah merde, la tuile !  Tant pis pour les affaires, elles vont faire le voyage bien au chaud au fond du sac »

            7h40, voilà Flore, toute guillerette avec sa copine. Elle semble libérée d’une pression qu’elle s’était doucement mise, et radieuse après avoir changé sa poche à eau qui lui faisait quelques misères. Et c’est reparti pour la suite de l’aventure. Dans ses yeux, je lis l’adhésion prochaine d’une nouvelle A2Rienne !!

            Nos 4 concurrents sont maintenant passés. Bon vent à eux. Leur route est encore longue.

            Pour nous, c’était une petite mise en jambe, un petit galop d’essai pour préparer la suite auprès des grands raideurs. Et puis la plaine des tamarins c’est bien, main on ne va pas dormir là. Alors, sac au dos, et direction Roche Plate. Et vite si on veut y arriver avant la tête de la course.

            La descente du Bronchard est raide. Je l’ai faite 1 fois, mais elle s’appelait montée !! Mes chevilles et surtout mes genoux me rappellent que j’ai pris du poids, à moins que ce ne soit le sac ! Alors doucement. En route je rencontre 2 membres de l’organisation qui finissent le balisage. « Vous descendez camper au fond » «  Non, je vais ravitailler des copains à Roche Plate » «  Bon courage alors. La montée en face est raide ». Le coup d’œil qu’ils jettent à mon sac puis à la montée en face ne me dit rien de bon. Et ils avaient raison. Elle est rude la montée, et en plein cagnard ! Je peste comme un malheureux. Mais tout a une fin, la montée aussi.

            J’arrive à Roche Plate juste pour voir Thierry Chambry, frais comme un gardon, terminer son échauffement sous l’œil noir de Delebarre qui repart 1 minute devant lui.

            Petit à petit on s’installe, on s’étale, on établit notre camp de base ; on (Flo) monte la tente, on frime un peu dans notre tenue d’enfer : ORANGE et NOIR. Elle en jette. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle fait de l’effet, à tel point que dès qu’un concurrent dans les tons orange arrive, quelqu’un nous appelle « 1 concurrent à vous » C’est super.

            Et les concurrents défilent, espacés d’abord, puis de plus en plus proches.

            Et au fur et à mesure que le temps passe, les visages sont de plus en plus marqués, puis les corps de plus en plus atteints. Et le phénomène ne fera que croître et embellir.

            Mais on n’en est pas encore là. Pour l’instant, le téléphone chauffe. Où en sont nos champions ? On suit les pointages, on appelle les potes. Seb n’est pas bien. On est mal pour lui.

            Enfin Raph et Yann arrivent. Il est un peu plus de 16h30. Les sacs sont ouverts, prêts. Rien à envier à Ferrari lors des grands prix !! Ils sont 2, on est 2. Chacun le sien. Je m’occupe de Raph, presque rigolard, gonflé à bloc, loquace. Flo s’occupe de Yann, un peu plus « en dedans ». On le sent préoccupé. J’admire tout le savoir faire de Flo pour tenter de le décontracter, de lui faire oublier momentanément la course. C’est magnifique. Après un gros ¼ d’heure les voilà repartis. Flo leur fait un petit bout de route.

            Et puis c’est l’attente qui reprend, le suivi  du pointage, les conjectures sur les prochaines arrivées. On suit de près la relance de Seb.

            Et pendant tout ce temps, le long flot des concurrents s’écoule, et on sympathise de plus en plus sur le poste. Tout le monde se prépare à la nuit, la fraîcheur tombe petit à petit. Notre beau maillot finit par disparaître, couvert par un peu de chaleur.

            20h45, voilà Seb. Tout est prêt ! On s’empresse. 2 pour 1. On le bichonne. Il n’arrivait pas à s’alimenter, il avale une saucisse grillée. Le nœud à l’estomac a disparu. Il a repris du poil de la bête, le mors aux dents, la hargne du compétiteur. Sa superbe 2ème partie de course le confirmera. Le voilà reparti très décidé.

            Avec la nuit, et des corps de plus en plus fatigués, voire usés, la plate forme devant l’école s’est transformée en hôpital de campagne. Sous les couvertures de survie, les concurrents prennent un peu de repos. C’est pas le grand confort, pas de matelas, juste un carton pour les plus chanceux, le béton nu et brut pour les autres. Quand on voit passer les 1ers, pleins d’allant et d’envie, on regrette de ne pas faire partie de la meute. On s’imagine bien dans la course. Mais devant toute cette fatigue cherchant un peu de répit, devant cette douleur même que certains masques ne peuvent cacher, l’envie n’est plus tout à fait la même.

            D’après nos calculs Joël et Steph ne devraient pas trop tarder. On scrute les arrivées. A travers les arbres, en surplomb de l’école, de temps en temps un chapelet de petites lumières perce la nuit. Impatient d’attendre, Flo part à leur rencontre, pour les ramener dans sa foulée peu de temps après. Il est presque 22h.

Comme tout à l’heure, 2 pour 2. On les bichonne. Ils on décidé de prendre un peu de repos. Un petit somme est prévu. On refait les sacs, on pousse à la consommation, soupe, boisson, saucisses, et même un petit coup de rouge pour Joël ! Après s’être refaits la santé il faut bien repartir. On sent les corps fatigués, mais les volontés sont fermes. C’est pas seulement du physique ce grand raid. Et ils repartent. Ils semblent apprécier à ce moment là, le fait d’être à 2. Bonne route. Il est 23h.

En attendant le Doc, c’est lui qui doit arriver maintenant, on relance la braise. Il reste des grillades, et la chaleur est bien agréable. D’autres autour de nousviennent aussi en profiter. On suit les pointages, la tête de la course, la progression de Seb, et aussi malheureusement l’abandon de Yan. Quelle poisse ! On est très malheureux pour lui.

Voilà Philippe. Il est presque minuit. 2 pour 1. Là encore on bichonne. Il a l’air très frais. Les grillades sont chaudes, à point, la bière est fraîche. Un vrai gueuleton ! Il peut repartir, presque tout neuf.

Tous nos « hommes » sont passés. Il reste l’équipe féminine, amputée il est vrai d’un élément puisque Geneviève a eu des ennuis musculaires. Compte tenu des pointages, nous les attendons pour le petit matin. Et pendant ce temps là le flux continue. Beaucoup de regroupements se sont faits. C’est sans doute plus facile d’aller en groupe la nuit Ce sont donc souvent des grappes qui se succèdent. Plus ou moins fatiguées, plutôt plus que moins évidemment. La place se fait rare sur la plate forme. On en voit qui s’endorment sans la couverture de survie, comme fauchés par le sommeil en touchant le sol. D’autres repartent, sans doute chassés par le froid plus que  par la réparation  du sommeil. Beaucoup, les yeux hagards, demandent la route.

Vaincu par le sommeil (quelle heure est-il ??), je m’en vais dans la tente pour réapparaître vers 5h30. Flo est parti à la rencontre des suivantes. Il revient avec Line vers 6h. Elle est fatiguée mais radieuse. Elle sent qu’elle va aller au bout. On est aux petits soins. Elle peut aller dormir un peu. Il ne reste que M Agnès qui arrive vers 8h-1/4. Elle aussi est marquée par la fatigue, mais sa volonté d’aller au bout paraît tellement forte . Elle n’a pas besoin de le dire, cela se ressent dans son regard. Simon, son fils est là. Il n’a pas dormi de la nuit. Elle est l’objet de toutes les attentions. 8h30, elles peuvent repartir. Décidées comme elles sont, c’est sûr elles vont aller au bout. On a fait quelques calculs : objectif Deux Bras avant la nuit.

Flo est allé dormir un peu.

L’ambiance n’est plus la même au petit matin. Après l’excitation aux premiers passages, l’enthousiasme de l’après midi et de la soirée, le calme relatif de la nuit, c’est un peu le champ de bataille après la bataille, voire la cour des miracles au petit matin. Quelques éclopés un plus graves commencent à sortir de ce qui doit ressembler à une infirmerie. Les derniers qui arrivent commencent à compter avec les fermetures des différents postes à venir. Une certaine peur  commence à s’emparer des derniers concurrents engagés dans une espèce de course contre la montre.

Il est temps pour nous de refaire les sacs. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ils sont aussi lourd qu’à l’aller. On traîne un peu. On prolonge  avec les bénévoles de l’organisation. Une certaine complicité s’est installée entre nous. On a quand même été là pas loin de 24h. Et puis on n’est pas très pressés de « reprendre langue » avec ce foutu Bronchard. Le soleil est haut et le col des bœufs est loin.

Allez, malgré tout il faut y aller, on n’est pas d’ici. Je vais encore maugréer comme un malade en montant vers la Nouvelle…et après aussi. C’est ce que j’ai fait évidemment.

Le grand raid 2007 est terminé. L’assistance  telle qu’on l’a vécue, telle que je l’ai vécue tout au moins, c’est extraordinaire.

Pour l’ambiance générale. On ne fait pas la course, on est un peu à l’extérieur de l’intérieur !, mais on est dedans et bien dedans. Et c’est une vraie ambiance.

 Pour les relations entre nous et avec vous les compétiteurs. C’est quelque chose ! On rigole , c’est vrai, mais pas seulement. Depuis l’organisation, et jusqu’à la remise des prix, il se passe plein de choses, et beaucoup de choses passent entre les uns et les autres. Mais le clou, c’est le ravitaillement : attendre, accueillir, lire dans les yeux de celui qui arrive la joie et le plaisir de retrouver quelqu’un qu’il connaît et qui est là pour essayer de lui apporter quelque chose, ça n’a pas de prix. On en redemande, j’en redemande.

Merci à tous pour tout cela.
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 09:20

Ceci n’est pas vraiment un récit de course. Je ne vais lister ici que les bons et grands moments que j’ai vécu sur cette édition de la diagonale. Moments qui font que l’on revient toujours animé de la même foi, non pas à déplacer, mais à gravir les montagnes. Moments si forts qu’ils nous font oublier les mauvais, les coups durs, les « qu’estcequejefouslà ???!!!! »,  et tous les sacrifices consentis lors des entraînements.

 

A vrai dire, je ne me force pas vraiment car cette course s’est très bien déroulée pour moi. Bien sûr il y eu des coups de mou mais ce n’est rien par rapport à l’immense plaisir que j’aurai pris durant plus de 39 h.

 

L’avant course et le Départ 

 

Je retrouve avec joie tous les membres de notre fine équipe A2R. On plaisante, on essaie de détendre l’atmosphère mais il y a de l’électricité dans l’air.  Comme tout un chacun je me renferme un peu sur moi et je commence ma course. Toutes mes pensées sont maintenant tournées vers ce challenge. Je ne pense plus qu’à ça. Je suis à fond dans le moment présent. Le Cap Méchant devient mon centre du Monde.

2300 « conquérants de l’impossible » sont réunis là et dans les regards que je croise, je peux lire l’envie, le respect, la folie, le courage. J’ai l’impression de retrouver le clan de « ceux qui savent ». Ceux qui savent que pour aller au bout de leur rêve, il faudra être fort et surtout faire preuve d’humilité. Champions et anonymes réunis, nous sommes tous prêts à écrire notre propre légende.

Le départ approche, le compte à rebours va bientôt être lancé. J’ai la chair de poule. Cela fait presque un an que j’attends cet instant. Des mois et des mois d’entraînements, de séances de fractionnés où le corps demande pardon, de lever à 4h du mat’ pour aller courir les sentiers, pour en arriver là sur cette ligne de départ. C’est parti. Je vis ce départ comme une libération même si c’est un vrai truc de malades. Agoraphobes s’abstenir. Ca pousse de tous les côtés, pressé comme un citron, je me laisse porter par cette vague. Les fauves sont lâchés. Je peux enfin me mettre à courir. A partir de maintenant le Dieu de l’Ultra reconnaîtra les siens. Je ne doute pas un instant que j’en ferai partie. 

Qu’est ce que c’est bôôôô !  

Nous avons « joué » sur l’un des plus beaux terrains de sport du Monde. Que la montagne réunionnaise est belle. On a beau connaître tous ses coins et ses recoins, c’est à chaque fois l’émerveillement. J’en ai encore pris plein les yeux. J’imagine les « extérieurs » qui viennent faire le GR pour la 1ère fois. Ils doivent complètement hallucinés.

Je me retrouve ainsi dans la Plaine des Sables à l’aube avec le soleil qui pointe le bout de son nez sur le volcan. C’est un spectacle à couper le souffle. Ce même spectacle s’offre à moi 24 heures plus tard sur Mafate cette fois ci.

Ces levers du jour ont une saveur spéciale. Après une nuit entière à avancer coûte que coûte, la lumière renaît et avec elle revient l’espoir. Comme le ciel, je retrouve à chaque fois des couleurs.

Autre image gravée, le ballet des frontales dans Mafate. C’est féerique, magique. Ces « étoiles tombées du ciel », toutes toutes petites lueurs me font aussi prendre conscience de la démesure de notre terrain de jeu. 

 Les kilomètres, parfois les mètres,

 

- partagés avec les copains. Ces moments passés avec le Doc, Charles, Jo, Seb (un peu moins pour lui) sont géniaux. Même si on ne parle pas beaucoup, même si Jo a voulu m’éborgner une bonne dizaine de fois avec ces bâtons, je les apprécie pleinement. Rien que de voir ces visages familiers me donne à chaque fois un coup de boost.

- où je me retrouve seul et où tout se passe comme dans un rêve. Foulée légère, zéro douleurs, moral gonflé à bloc, instants d’euphorie et de plénitude où j’ai l’impression de ne faire qu’un avec Dame nature et où je pourrai faire 4 fois le trajet A/R. Une vraie usine à endorphines !

Pour l’anecdote cela m’est notamment arrivé sur Bras rouge : U2 m’accompagne en rythme, je chante et c’est à ce moment que je dépasse le Doc qui lui est au 36ème dessous. Désolé !

 

- faits avec des compagnons éphémères de galère avec qui j’ai juste fait un bout de chemin et échangé un « ça va ? »

 -partagés avec Cédric entre le sentier scout et Deux-Bras. Cela fut une très belle rencontre. A bientôt au Népal sur les « chemins du Ciel »…

 

Durant la course, les sonneries de mon téléphone me signalant l’arrivée de SMS ont rythmé mon avancée. Pas le temps de m’arrêter pour les lire mais je sais que des amis pensent à moi. Cela fait toujours du bien.  Par ce biais je suis également au courant de la progression de ma Flore sur le semi. « C’est bien ma doudou, accroches toi ». Je suis très fière d’elle. Pour sa 1ère course, elle « envoie » . 

 

 

 

Les Assistance royales et les amis.

Que dire encore sur tous ceux et celles qui avaient la tâche ingrate de nous assister. Vous nous avez nourri, lavé, soigné, regonflé, motivé, attendu, encouragé, changé les idées. En un mot : chouchouté. Vous êtes les meilleurs. Ce n’était que du bonheur. J’espère que vous vous reconnaîtrez. Ne m’en voulez pas de ne pas tous vous citer mais j’ai peur d’en oublier. Mention spéciale pour Jean-Louis Sherpa et Flo Sherpa qui auront fait de Roche Plate perdu dans Mafate, un véritable oasis.

C’est d’ailleurs à Roche Plate que j’apprends la quasi victoire de Thierry. Cela me remplit de joie. Je pense à ce qui doit se passer à ce même moment dans sa tête alors qu’il file sur St Denis. C’est énorme ce qu’il a fait. On ne pouvait rêver plus beau vainqueur. Je suis heureux pour lui.

J’ai eu droit à de belles surprises aussi :

Ainsi l’assistance de Dos d’âne restera à part car ma tite Flore m’a fait la joie de m’y retrouver.  J’ai oublié un instant la chaleur écrasante et profité à plein de l’instant.

Sur la RF du Col des Boeufs, un gros merci à Béré qui m’a servi la meilleure soupe du Monde.

Au poste du volcan, Nico et Sylvie m’ont fait un accueil royal au pointage.

Au Colorado, Anne Lise et Jean sont venus m’encourager et me refaire le plein d’ondes positives pour les derniers kilomètres.  

 

La chaleur des ravitos, des bénévoles et des spectateurs. 

A chaque poste de ravitaillement, je n’ai toujours trouvé qu’aide, réconfort et encouragements. Cela fait beaucoup de bien et aide à avancer encore et encore.

De même, c’est toujours un peu bizarre de se faire interpeller par son prénom par des spectateurs qui m’encouragent comme si j’étais dans le tiercé de tête. Mais bon sang, qu’est ce que c’est bon.  

Dernière ligne droite et Arrivée.

En sortant du sentier de la Montagne, je passe sous le pont Vin-Sanh et m’engage dans la dernière ligne droite. Emotions. Comme à chaque fois, j’ai les larmes aux yeux. Cette dernière ligne droite, je la chéris. Ce moment m’appartient. Ces quelques minutes sont d’une telle intensité que j’ai envie qu’elles soient éternelles. Je revis sur ces 300m toute ma course et même les mois d’entraînement. Je sais qu’une fois sur le stade, ce sera fini alors j’ouvre tout et me laisse submerger par mes sentiments. Les encouragements des spectateurs me touchent encore plus. J’ai survécu. Je vole, je ne sens plus rien. Je suis devenu invincible, immortel. Je suis le Roi du Monde…   

Toutes ces raisons ont fait de mon Grand Raid un moment de pur Bonheur. Je vous en remercie encore tous.

C’est pour vivre de tels moments que je continue à pratiquer ce sport de fou. Oui, il y a un peu de folie dans ce que l’on fait mais n’est ce pas là le propre de toute passion ? 

 

 

 

                                                                                                                                            Steph.

 

 

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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 07:13

Pour sa 15ième édition, la diagonale des fous offre un parcours appétissant : 150 Km et 9200 de D+. C’est pas de la rigolade, faut être certainement bien entraîné pour y arriver. Joël met rapidement en route un plan d’entraînement que j’essaye de suivre le plus fidèlement possible. Mais en juillet et août, période de vacances scolaire, je suis assaillie de travail, je ne trouve même pas le temps de faire un footing, alors le doute commence à s’installer, surtout que Joël  s’entraîne sans relâche.

 

Je reprends l’entraînement  début septembre et à 3 semaines de la course, je suis terrassée pendant 15 jours par un virus particulièrement tenace. Je n’y crois plus, et pour me rassurer , malgré l’approche de la course,  je fais 2 sorties à Mafate avec Joël,  histoire de me remettre en jambe. Ca à l’air d’aller, je me sens relativement bien et surtout j’ai un moral d’acier, Ce premier grand raid, c’est cette année que je le ferai, c’est incontournable !

 

 

Enfin le jour de la course !

 

Un co-voiturage est organisé par Marie-Agnès pour nous conduire à Saint-Philippe, rendez-vous à19h00 à Saint-Paul.

 

A 18h00, j’appelle l’ostéopathe, Mon dieu marie joseph, je souffre d’un lumbago ! A 18h30  « mon sauveur » me décoince, mais l’inflammation reste présente.   Pendant le trajet qui nous mène au départ de la course et malgré la conduite très souple d’Hervé, la moindre déformation de la route me fait serrer les dents ! Arrivés à Saint-Philippe, je reste couchée dans la voiture. Marie Agnès décide de me tenir compagnie, on profite pour fermer un peu  les yeux et faire le vide, alors que les autres se dirigent vers le stade pour retrouver les membres de notre Association A2R(association Raid Réunion).

 

 

Cette petite heure au calme m’est salutaire.

 

A minuit, le départ est donné. Je suis bousculée, comprimée, broyée. Portés par le courant, Joël et moi franchissons l’entonnoir  et commençons à trottiner. Un long serpent lumineux se déroule déjà devant nous. Joël piaffe à mes côtés,  s’inquiète de mon lumbago. Je le rassure et après un dernier bisou, il allonge la foulée et disparaît sur la route au milieu des autres coureurs.

 

 

Je trottine lentement pour éviter d’accentuer cette douleur que je ressens aux lombaires. Je rattrape Sylvie. Elle arrive de Mayotte où nous avions fait connaissance lors de la course de l’Ylang. et ignore totalement les difficultés des sentiers réunionnais. Bon courage ! Nous parcourons ensemble à grandes enjambées les 11 Km de la route forestière. Je remplis ma poche à eau au pied du sentier et commence la grimpette qui s’avère être un vrai chemin de croix.

 

Je passe Foc Foc seule sous un soleil resplendissant. Sylvie n’a pas suivi.

 

 

8 h au volcan, Km 23 je pointe1700ième/2200

 

Je retrouve Maud (ravitailleuse A2R),  je troque la casquette contre le bonnet, fait le plein en eau, en sucre et je me sauve, le beau temps m’encourage à avancer.

 

La plaine des sables est immense et magnifique.

 

 

Au piton Textor une jeune femme me sourit et me demande : Mme Poupette ? étonnée et sure de moi je réponds : Taz ! c’est comme ça que je fais la connaissance de Sandrine, assistance de Pierre et Domi, des amis de Joël venus de métropole. Je les rejoins un peu avant Mare à boue.

 

 

12h05 au  50ième Km 1673ième. Je prends une soupe, me pose 1/2h au ravito d’A2R tenu par Didier et Yves et repars pleine d’entrain avec Pierre et Domi vers le Kervégen. Le sentier est minable, boueux à souhait et je repense à ce qu’a dit mon doudou: « t’affoles pas, économise toi jusqu’à Cilaos ». Je patauge comme tout le monde. A la longue l’exercice fatigue plus d’un et Pierre s’arrête pour dormir 10mn sur une petite plate forme providentielle. Domi m’encourage à continuer, il enfile une polaire pour attendre le réveil de son ami. Rendez vous à Cilaos.

 

 

15h54 Kervegen 59ième Km, 1618ième. L’ambiance est chaleureuse, mais je ne veux pas traîner, j’avale une soupe chaude, grignote quelques biscuits et repars. Il fait froid, le brouillard descend, mais je suis heureuse d’être là. Une dernière grimpette jusqu’au gîte du piton des neiges et j’attaque  prudemment la descente vers Cilaos via le Bloc : 1100 m de dénivelé. J’ai les jambes fatiguées et je me permets quelques glissades contrôlées, qui font accélérer le cœur.

 

Je me cale derrière un coureur : 74 ans ! et des jambes plus solides que les miennes, chapeau Monsieur !

 

On arrive à la route, j’allonge le pas, et pointe enfin à Cilaos.

 

 

19h16. 69ième Km et 1541ième.

 

Grosse pause de 3h. Je mange des pattes froides, agrémentées d’une ½ cuillère à café de sauce tomate (le cuisto s’est pas foulé). Je pointe déjà pour le départ, mais je vais au meublé loué par Marie Agnès. Elle en repart à mon arrivée. « Bonne route ! »

 

Quel plaisir de sortir ces chaussures boueuses. J’apprécie la douche chaude et les vêtements propres. Mon sac est prêt, je vais essayer de dormir un peu,  mais impossible de fermer l’œil.

 

 

22h10 je chausse mes « hardrock » toutes propres,  j’enfile les gants, le bonnet, le coupe vent, et une 2ième lampe à la taille.

 

 Je téléphone à Domi et Pierre. Ils ont explosé dans la descente du Bloc et décident d’abandonner là. Dommage. Les sentiers Réunionnais ont eu raison de leur courage. Quant à moi, tout va bien, le moral est intact. Prochain objectif Marla !

 

22h34 je pointe à « bras rouge », 1320ième, malgré l’arrêt de 3h j’ai gagné des places, génial ! je trottine pendant toute la descente et dépasse quelques groupes de coureurs et pointe  1267ième au pied du Taïbit : 24h de course déjà !

 

J’avale une soupe, refais le plein en eau, et attaque la montée : interminable ! J’avance pourtant régulièrement derrière 2 raideurs, qui papotent sans arrêt.

 

 Enfin le col, ils s’arrêtent et je continue, trop contente d’apprécier la descente, je trottine mais toujours prudemment.

 

 

2h48 samedi matin, 1135ième à Marla. Je découvre un dortoir à ciel ouvert, où une centaine de coureurs dorment à même le sol dans leur couverture de survie. Je suis étonnée de trouver Marie Agnès au ravito : plus de jus ! « Allez on repart ensemble ». « Non, j’attends Jens qui dort ». Je reste avec elle le temps d’avaler une soupe. Elle a raison de faire une bonne pause. Je ne m’éternise pas, refais le plein en eau et je dégage.

 

 

Mais il fait froid, et je m’arrête pour passer le coupe vent. Le ciel est constellé d’étoiles, j’éteins les frontales pour profiter pleinement de cette belle nuit étoilée. Le ciel est noir et profond et « zétoil 4h » est majestueuse. C’est comme ça que nous appelons Vénus ici.

 

Dans la dernière montée vers Roche Plate,  Florent, notre ravitailleur est venu à ma rencontre, il fait jour et nous papotons. J’en profite pour prendre des nouvelles des autres A2Riens.

 

 

Roche plate. Samedi matin 6h00. 957ième

 

 Douche, vêtements propres. Je dors ½ heure, pendant ma pause de 2h00. Jean Louis et Florent, en pro, se chargent de mon sac. Marie Agnès arrive lorsque je repars, je décide de l’attendre. Mais finalement elle traîne un peu et je repars quelques minutes avant elle vers 8h30. Le soleil est déjà chaud et j’ai le visage en feu lorsque j’arrive à la Nouvelle.

 

 

11h00 97Km 1124ième

 

Ma pause à Roche Plate m’a fait rétrograder. Je retrouve Philippe, un copain, seul depuis le pied du Taïbit après l’abandon de sa coéquipière.

 

Soupe chaude, le plein de la poche à eau et je repars en sa compagnie. Nous avons le même tempo, nous alternons marche et course. Nous passons le col de fourche et le ravito du « sentier scout » sans encombre.

 

 

Aurère.16h38  113 Km 986ième

 

Je m’affale sur une chaise, fourbue, un bénévole a la gentillesse de m’apporter une soupe que je n’arrive même pas à avaler. Je prends des nouvelles de Joël : arrivé à la Redoute à 14h 49  BRAVO MON DOUDOU !! Alors que plane sur nous le fantôme de la 3ième nuit !

 

1/2h de pause,  faut  être à 2 bras avant la nuit. Nous trottinons jusqu’à la Rivière des Galets et passons quelques gués.

 

 

18h28 samedi soir  123Km 952ième

 

Le poste  de « 2 Bras plage » est animé, Une voix d’homme braille dans un micro. Pause de 2h00. Nous avons le temps de nous faire masser, je change le pansement de mon ampoule et remets des vêtements propres.

 

Philippe m’attend au réfectoire devant un bon rougail saucisses, ça change des pattes froides et du poulet grillé. Nous mangeons avec appétit et nous décidons de dormir 1/2h. Le site est bruyant, je m’allonge mais reste éveillée.

 

 

 20h29 979ième, nous repartons et impossible de trouver le passage dans la rivière, ¼ h à chercher, pas envie de mouiller les pieds. Un couple nous fait signe de passer plus loin sur la gauche. Ils avaient repérer le passage lors d’une reco. Merci m’sieur dame ! Et commence la longue montée vers Dos d’Ane, dans la nuit. Nous dépassons le couple et un raideur qui s’inquiète de l’état du sentier. T’as pas fini mon gars ! Je m’efforce de boire régulièrement et malgré mon écoeurement j’avale un gel toutes les heures. Hervé nous attend à la sortie du sentier. Il nous accompagne jusqu’au stade.

 

 

23h24 130Km 968ième Dos D’Ane : 47h 24 depuis le départ...

 

Je m’assois et Hélène, la femme d’Hervé, enlève mes chaussures, vite j’enfile un collant et mon akamak pour la nuit. Je refais le plein de la poche à eau en y ajoutant de l’adep.

 

Je remplis mon bidon d’eau de Cilaos et grignote du pain et une superbe crêpe préparée par un copain du copain du copain que j’avais rencontré à Cilaos pendant la pause. De son côté Philippe se fait chouchouter par Anne sa coéquipière du début de course.

 

 

Dernière difficulté, le piton bâtard qu’on passe sans trop de soucis. Je ne bois plus que de la Cilaos.  Je ne supporte plus le goût de l’adep, un vrai vomitif. Faudrait vider la poche pour alléger le sac, mais pas le courage. Jusqu’au Kiosque, le sentier est jonché de raideurs dormant dans leur couverture de survie. Vraiment pas envie de leur tenir compagnie !

 

Au Kiosque d’Affouches,  nous avons plaisir à manger du riz chaud et une saucisse grillée. Nous quittons le ravito après 1/2h de pose. nous traînons comme 2 vieux sur la piste, plus envie de courir ! Sur le sentier des goyaviers Philippe commence à souffrir du genou. La fatigue et les bosses du sentier commencent à avoir raison de nous. Philippe ramasse un bâton et je lui en trouve un autre de la même taille et nous voilà clopin-clopant. Peu de temps après, Joël appelle sur le portable de Philippe qui me le passe. Sa voix me réveille, me réconforte. Il me dit qu’avec le jour je retrouverai  la vivacité. Surtout il ajoute : « je suis très fier de toi ma doudou. »

 

Alors qu’on se métamorphosait en zombie, nous voilà maintenant dévalant les pentes vers le dernier ravito.

 

 

Colorado.5h44 dimanche matin 145 Km 932ième.

 

Le temps d’enfiler le tee-shirt d’arrivée, ranger les bâtons, les frontales, nous repartons en marchant. Le vent frais du Colorado nous donne un coup de fouet.

 

Plus que 5 Km… que nous parcourons en trottinant, encore des cailloux…. Le soleil est chaud, je transpire à grosses gouttes.

 

Mon doudou est là, à la sortie du pont, il m’embrasse en passant et court avec nous sur la route. C’est l’euphorie, les gens applaudissent, nous félicitent. Mon frère et ma belle sœur, Taz et Domi sont à l’entrée du stade et nous encouragent. Nous sommes les stars du moment. Nous entrons sur le stade et parcourons les derniers mètres main dans la main. Philippe me pousse devant lui et je franchis la ligne d’arrivée.

 

 

 Dimanche matin à 07h04 150 Km 924ième.

 

 Je ne vois plus que le sourire des gens qui m’accueillent, je pleure de joie.  

 

 

Quelle Aventure ! 55h de course !  

 

 

Marie-Agnès arrivera 2h après moi. Bravo !

 

 

BRAVO à tous les coureurs ( particulièrement à Flore pour sa 1ère grande course) et ravitailleurs de notre Association pour ce beau semi et grand raid et à bientôt pour des moments aussi intenses.

 

 

line

 

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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 16:30

Récit d'un grand Raid 2007.....écourté, voire trés é-courté: s'arréter au volcan ,pas pour un ravitaillement avant de poursuivre cette folle idée d'une arrivée à la Redoute, aprés moultes zaventures, enchainement de montées et de descentes , de rencontres....bref....non, s'arréter au Volcan, Plaine des Sables pour un arrêt définitif pour cause d'un mollet pas d'accord pour continuer...

Dur de voir le médecin , d'espérer un miracle, une potion magique qui permettrait de voir le bobo s'envoler ou simplement de s'atténuer pour repartir, dur de penser à l'équipe(désolée pour les copines d'A2R)et dur de décrocher les épingles et de rendre le dossard.

Court tout celà, mais  une rencontre inattendue me mis du baume au coeur : au pied du Textor,le grand Marco Olmo,lui même, l'air un peu paumé....ni une ni deux, me voilà essayant de comprendre l'italien et  lui proposer un rapatriement dans la voiture de ma copine Géraldine: il avait  rendez vous avec sa femme à Mare à Boue....

Comme quoi, tout peut arriver pendant le Grand Raid....

Le Grand Raid, je l'ai poursuivis en suivant les équipes A2riennes par internet : Bravo à toutes et tous(super les filles, du semi et du grand raid) et puis super les garçons  

Au delà de la déception,je remercie toute l'équipe d'A2R pour son accueil chaleureux, son esprit d'équipe et sa convivialité....même à 10000km ,je suis trés fière de faire partie de ce groupe et porter les couleurs A2R que maintenant, personne ne peut ignorer.

Et la vie continue et déjà un programme qui se profile pour la saison à venir 

 

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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 06:47

La course au dossard !

 

Le GRR 2007 commence par un petit coup de stress, en apprenant la veille du départ, lors du retrait des dossards (merci Steph), que l’organisation n’avait pas reçu mon certificat médical. Branle-bas de combat, une amie chirurgienne qui était de passage à la Réunion ce soir là me refait illico presto un certif (merci Béné), qui sera faxé le lendemain au petit matin (merci Jean Luc), pour qu’un A2Rien de St Denis (merci Marie-Agnès) puisse récupérer mon dossard, à 9h ! On voit déjà tout l’intérêt du travail en équipe !

Maintenant j’ai le droit de souffrir, super !

 

L’attente…

Départ de Saint Pierre vers les 20h30, les amis de Marie-Agnès me prennent au passage direction Saint Philippe. Arrivée sur le stade du départ vers les 21h30, à l’ouverture. 2h30 à attendre, en se reposant dans l’herbe, en discutant… et en faisant le vide dans sa tête. Car contrairement à l’année dernière, je sais désormais ce qui m’attend !  Mieux vaut donc ne pas trop penser à la course…. A 30 min du départ, on part se placer dans la foule. Le Président nous fait l’habituel speech, finissant par le bulletin météo qui annonce quelques passages pluvieux pour les jours à venir. Les meilleurs coureurs des éditions précédentes sont appelés à venir se placer sur la ligne, dont Yann & Seb ! Mince, ça va pas être facile de les rejoindre, j’avais l’intention d’essayer de faire un bout de route ensemble. Le compte à rebours est lancé, 10-9-8-7-6-5-4-3- … et Zouh, les fous s’élancent pour ce qui est annoncé comme le plus dur Grand Raid de tous les temps !

 

 

Du départ au Volcan

 

 

 

Les 2200 s’engouffrent dans l’étroite sortie du stade où l’on se retrouve complètement écrasé, puis porté épaule contre épaule avant d’être libéré quelques dizaines de mètres plus loin, comme un bouchon de champagne ! Toujours impressionnant ce départ !

 

Je mets de suite le turbo pour remonter le peloton qui s’étale déjà à perte de vue sur la route du littoral. Au bout de 10 minutes, j’entends une voix familière qui me dit « Raph on est là ». Ce sont mes deux dalons Yann et Seb partis prudemment sur un rythme régulier qui me convient à merveille. La montée de la route forestière se passe sans encombre. Des coureurs nous doublent, certains déjà hors d’haleine (mais savent-ils que ça fait 150 km ??). La vue des 2200 frontales qui s’étalent est toujours aussi féerique. A 2 km du point de ravitaillement de la route forestière, sachant que je devrai prendre quelques instants pour remplir ma poche à eau déjà vide, j’accélère pour prendre un peu d’avance. Au ravito, je fais le plein en 5s chrono et c’est reparti, je n’ai vu ni Seb ni Yann… le chemin pentu, glissant, boueux, rocheux, racineux du GR s’ouvre devant moi et j’emboîte le pas de coureurs me précédant. Le rythme est soutenu. Tout comme l’année dernière, je tente de dépasser dès qu’une ouverture se présente, pour éviter de s’endormir derrière des groupes. Et à un moment je reconnais les mollets de Yann devant moi ! Cool, le groupe se reforme, il me dit que Seb n’est pas loin derrière. Je colle à son train, le sentier s’élève, tandis que les arbres rabougrissent pour laisser place à la végétation de brands typique des contreforts du volcan. Pas loin de 4h, une pensée pour ma Doudou et les semi d’A2R qui ne vont pas tadrer eux aussi à prendre le départ. Allez Sandy, t’es la meilleure !! Le froid se fait sentir, le givre recouvre les buissons, on enfile nos coupe-vent, de plus en plus de coureurs sont assis au bord du chemin à récupérer, d’autres commencent à ralentir, nous on continue. Je sens poindre à mon genou gauche la douleur tendineuse qui m’avait fait souffrir sur la CIMASA. D’abord très légère elle s’intensifie à l’approche du second ravitaillement de Foc Foc. Ca n’est pas du tout pour me rassurer. Le moral qui en prend un coup. Une tendinite si tôt dans la course, ça n’était pas prévu… Yann part devant, moi je refais le plein d’eau. Je cours sur la grande majorité du plat reliant Foc Foc au Ravitaillement de la Plaine des Sables et ce rythme soutenu me réchauffe les articulations et soulage mon genou.

 

Etant parti une heure plus tôt, la nuit est encore bien installée lorsque j’aborde les grandes plaques de basalte ; je me retrouve tout seul et navigue à vue pour essayer de trouver les traces du chemin à la frontale. Les clameurs du prochain ravitaillement se font entendre, et m’appellent à relancer. J’y retrouve Maud et Béré, et bien sûr toute l’équipe de Quartier Français qui tient le stand et qui me fait une belle fête. Yann vient de filer. Je prends mes 5 minutes, remplis mon sac de victuailles, et vais boire mes 4 soupes chaudes.

 

Je suis autour de la 150 ieme place, un peu plus prudent que l’année dernière, d’autant plus que le chemin était déjà bien plus boueux et glissant.

 

 

 

 

Du Volcan à Mare a Boue

Je repars en trottinant, à travers la Plaine des Sables. Les lueurs de l’aube naissante me font éteindre la frontale. Au pied du coup de cul de l’oratoire Ste Thérèse, je lève la tête et aperçois loin au dessus le coupe vent orange de Yann. Je prends mon temps pour gravir la côte, m’étire 5 s au sommet et amorce la descente sur un bon rythme. La tendinite ne se fait plus trop sentir. Je rejoins Yann vers le Textor et on continue l’aventure ensemble. Les copains de Marie Agnès sont là au ravitaillement à nous encourager. Je m’étire encore quelques secondes. La descente dans les pâturages s’effectue sans encombre, je suis dans une bien meilleure forme que l’année dernière où cette descente m’avait déjà fait mal aux cuisses. Arrivée au Chalet des Pâtres, on continue à courir à petit rythme sur la route bétonnée. Nationale sur 200m puis bifurcation à gauche sur Mare à Boue, toujours en petites foulées. Ce bitume casse tout de même nos jambes, davantage habituées à courir sur sentiers.  

 

A Mare à Boue, gros point de ravitaillement tenu par l’armée, je retrouve le commandant Jean Yves et le lieutenant Didier qui me ravitaillent avec efficacité, sous les couleurs du drapeau A2R. Je change de maillot pour enfiler ma tenue de combat toute neuve A2R ! Ca va chauffer !! Yann, comme à son habitude, a tracé.  

 

Mare à Boue à Cilaos

La montée Kerveguen, je ne l’ai jamais trop appréciée celle-là… Déjà l’année dernière j’y avais reçu mon premier coup de bambou. Et à la gueule du premier km, ça va pas être une partie de plaisir. Depuis 2 ans et pas mal de sorties dans le coin, je n’ai jamais vu ce chemin aussi humide et boueux. Je n’ose à peine imaginer l’état du chemin quand les derniers l’emprunteront après que 4000 pieds l’aient labouré… Je ralentis l’allure significativement, d’autant plus que les 400m de déniv en plus rajoutés à la dernière minute m’effraient au plus haut point. A l’approche de la caverne Bras Chanson je commence à doubler des concurrents en pleine défaillance. Un coureur venu de métropole hallucine pour son premier GRR sur l’état des chemins réunionnais. La boue rend les appuis glissants, les innombrables marches lui pètent les genoux… il me demande si sur la deuxième partie de course il y en aura autant… hum… « un peu près pareil » pour pas le décourager.

 

Petite pause au ravito Kerveguen, puis repars à l’assaut de la face Nord du Piton. Grosse bavante, ces 400m rajoutés, en altitude en plus (entre 2000 et 2400 m) font tourner le moteur à plein régime et risquent de laisser des traces.  

 

Je bascule sur Cilaos dans la descente du Bloc, descente qui je dois le dire commence à me sortir par les trous du nez à force de l’avoir faite et refaite… Bien plus longue que la descente du côteau Kerveguen, elle est tout aussi raide à son départ, et super glissante dans sa partie roulante avec boue et rondins de bois humide traîtres au possible. Cette descente est un chemin de croix pour moi, ma tendinite se réveille et ne me laisse aucun répit. J’arrive en bas vraiment lessivé… mais la partie la plus désagréable est désormais derrière moi. Comme Joël, j’ai hâte de traverser le cirque de Cilaos que je connais bien et de retrouver les sentiers sec de Mafate. Il est 9h, le soleil brille, je repars en trottinant sur la route, jusqu’au stade de Cilaos.

 

Une haie de public ovationne les coureurs entrant dans le stade, c’est vraiment sympa et motivant. Je file retrouver l’équipe de ravitailleurs: les parents de Seb, comme l’année dernière, fidèles au poste sous la banderole A2R. J’enlève le corsaire pour le cuissard, refais le plein de la poche à eau et de barres, puis je retourne à la tente des kiné-ostéo pour me faire dorloter par de jolies demoiselles : un pansement sur une ampoule à la plante du pied et un ptit massage + froid sur ma tendinite. 10 min chrono, je suis refait à neuf et prêt à affronter… une bonne plâtrée de nouilles, avalée rapidement, un peu trop d’ailleurs, burp..

 

Cilaos à Marla

Je sors du stade, il est 11h45, je demande mon classement car je ne sais pas du tout où je me situe : 100ieme ! Super ça, mieux que l’année, avec un état de forme incomparable ! Si mes releveurs me laissent tranquille, ça s’annonce pas trop mal. Descente Cascade Bras Rouge, très prudente, car c’est justement à cet endroit où les releveurs s’étaient fait sentir en 2006, je veux conjurer le mauvais sort.

 

Remontée en plein cagnard à 12h pétante ! J’ai la frite, je trace, tout en buvant un max. Comme l’année dernière, je grignote beaucoup de places sur ce tronçon. Je mettrai 1h pour faire Cilaos-Route Ilet à Corde, bonne moyenne ça !

Au ravito, Danièle Séroc se fait masser la cuisse, ça n’a pas l’air d’aller. Christine Bénard est juste derrière. 

Le Taibit, à nous deux ! Celui-là, on commence à le connaître. Fin août nous étions encore sur ses lacets pour la CIMASA. Je ralentis un peu l’allure, mais continue à remonter des coureurs à la dérive. J’en croise plusieurs qui redescendent, préférant abandonner ici plutôt que de plonger dans l’enfer mafatais d’où ils devront obligatoirement sortir à pied… Toujours un cap mental stratégique à passer, ce col du Taibit.

La descente sur Marla me ravive la tendinite au genou, mais c’est bien loin de la douleur causée  par les releveurs en 2006, je suis gagnant au change !

Juste avant le village, je fais la jonction avec Yann, qui m’annonce que sa douleur au pied est revenue, aie aie, les souvenirs de Mayotte resurgissent…On discute et fait une pause au ravitaillement. 4 bols de soupe avalés, toujours aussi agréable. Quelques étirements… puis Christine Bénard, la désormais 2ieme féminine passe, on attrape son train et c’est reparti !

 

Marla à Roche Plate

La traversée Marla-3 Roches-Roche Plate s’effectue sans encombre, sous un ciel menaçant et un peu de farine. Yann semble bien physiquement mais a du mal à forcer sur ses appuis avec la douleur. On avale la dernière descente en trottinant, et arrive sur Roche Plate par un sentier ouvert pour l’occasion, chapeau l’ONF !!  

 

Accueil mémorable au ravito où Flo et Jean Louis mettent l’ambiance ! La team « orange » est déjà connue avant qu’elle n’arrive, yess !! J’ai à peine le temps de mettre mon collant long que mon sac est vidé, rechargé, la poche à eau remplie, mes épaules massées, un bol de soupe prêt à être avalé… waaaa….Des brochettes et un verre de pif me sont même proposés… euh je laisse l’antioxydant tannique pour Joel, il en prendra sûrement !

 

Marla à la Nouvelle  

Je repars vers les 16h45, rejoins Yann sur la descente vertigineuse du Bronchard. Je souhaite profiter un peu du jour et de ma forme passagère pour envoyer un peu, je fais la descente et dis à Yann que l’on se retrouvera un peu plus loin, quand mes endomorphines m’auront lâché !!  

 

La descente hyper raide laisse place à une montée tout aussi pentue et escarpée. Cette montée à la Nouvelle est interminable… malgré l’heure tardive, je crève de chaud sous mon collant long, j’aurais dû attendre la tombée de la nuit pour l’enfiler. Je maintiens tout de même un bon rythme. Un couple que je croise me fait « vous avez vu ce coucher de Soleil ?! » Je lève mes yeux arrimés à  mes pieds et regarde : le ciel au dessus du Maido est marbré d’un rose intense, c’est magnifique, je reste scotché 1 minute… Pris dans la course, je n’avais pas vu le spectacle..

 

J’arrive à la Nouvelle à la tombée du jour. Un orchestre est en train de s’installer, l’ambiance risque d’être bien sympa aussi à ce poste, je serais bien resté, mais comme dirait Flo, « JUCAF » (J’ai Une Course A Finir)

 

 

La Nouvelle à Bord Martin

Je repars du poste et allume la frontale, la fraîcheur s’installe, je suis bien, et profite du calme crépusculaire.

Quand soudain un hélico surgit juste au dessus de moi et fait du sur place un long moment, soulevant des nuages de poussière et de feuilles ; c’est la télé ? les secours ? je suis vite fixé, au lacet suivant, je vois des gars du PGHM s’activer autour d’une civière emmaillotée de couvertures de survie, avec goutte à goutte improvisé au bord du chemin…. « un malaise » me dit-on… gloups…. Ça refroidit un peu mes ardeurs, jvais ralentir un poil alors…

 

J’arrive sur la fantomatique Plaine des Tamarins, allonge la marche, tout en essayant de ne pas me tordre les chevilles sur les rondins de bois glissants. Je fais un bout de route avec un coureur que je croise souvent sur les courses, sa femme l’attend au col des Bœufs, il va s’arrêter là, plus rien ne passe…  

 

Quand je pense à tout ce que j’avale au long de la course, et qui doit se mélanger en une mixture multicolore dans l’estomac, je remercie mes parents de m’avoir donné un tube digestif en béton… cake puis cacahouètes puis gels puis soupe puis barre d’amande puis pâtes puis coca salé puis bananes….

Et un guarana, un ! avant d’attaquer le col de Fourche, parce que les paupières se font lourdes. Le dernier coup de cul dans la boue me fait très mal, puis les marches de sept lieues en béton juste derrière aussi… Je sens les endomorphines me lâcher une à une… j’arrive au ravito suivant assez émoussé. Là je retrouve mon ami Dédé, qui a un problème au genou, mais il souhaite finir, même s’il ne peut que marcher. Belle abnégation, lui qui envisageait de rentrer dans le top 20.

 

Je repars, sur un chemin gadouilleux mais assez roulant. Merci à tes textos Bérus qui me font bien rire, seul dans la nuit noire.

 

A 20h30 j’arrive au ravitaillement du sentier Scout, Béré est là pour ravitailler Yann et le Doc. Elle m’accompagne un bout, Yann souhaite s’arrêter là. Coup au moral. Dans le Bronchard il avait l’air encore en forme… Je pense aussi à nos ptites femmes d’A2R Marie-Agnès et Line, parties dans cette aventure quasi surhumaine cette année, avec sa boue, son coteau Kerveguen interminable, son Bronchard monstrueux…Quel courage.

 

Sentier Scout à Deux Bras

 

Quand je repars sur le sentier Scout, je regarde mon classement : 50e ! Waaaa, j’en reviens pas, je n’ai pas doublé grand monde depuis Marla… C’est surprenant. Ca me redonne du peps… qui va vite s’éteindre. La descente du sentier scout est longue, longue… je commence à être HS, et ne suis plus mentalement capable de me projeter vers l’arrivée, trop de route et de douleurs à venir, je commence à appréhender la course ravitaillement par ravitaillement…Le prochain : Aurère. Je marche quasiment sur toute la descente, la tendinite est bel et bien revenue, et les ampoules aussi. A l’embranchement de la Plaque, j’accroche le train d’un coureur qui me double, et sers les dents. Ilet à Malheur est calme, même pas un ptit air habituel de Bob pour nous accompagner.

 

A la bifurcation, je tombe sur Karine et Nolwenn qui aiguillent les coureurs sur le bon chemin, ça fait plaisir de voir des visages connus ! Merci pour les encouragements, je continue,  et avale avec difficulté cette foutue grimpette d’Aurère, elle fait mal celle-là ! L’accueil à l’école est encore grandiose, Céline, Marie et Magali sont là pour m’accueillir et me ravitailler, on tchache 5 min ; je retrouve mon lièvre, Philippe, je lui propose de faire un bout de chemin ensemble, et on est reparti, pour la descente sur 2 Bras que l’on fera à fond les manettes ! Voyant assez mal le relief, je colle et saute dans ses pas, mais son allure est trop soutenue et je peine à le suivre, je sens mes ampoules éclater dans mes chaussures, ça chauffe sévère ! Dans le lit de la rivière je prends la tête et zigzague entre les blocs à la recherche du chemin. La fatigue se fait de plus en plus forte, je titube et trébuche par manque d’attention. Je pensais avoir un guarana à Aurere, mais par mégarde je l’ai mis à Dos D’âne, trop loin…Quatre traversées à gué de la rivière des Galets et nous voilà au ravito de Deux Bras, tous les deux vraiment à plat.

 

 

Deux Bras à Dos d’Ane

 

 

 

On se pose pour un ptit thé. Philippe commence à piquer du nez sur la table, je lui dis que je préfère ne pas m’attarder sinon Morphée aura aussi raison de moi, et j’attaque doucement la montée de Dos d’Ane.

 

Comme l’année dernière, cette rude montée se fera à quatre pattes ! je tire sur tout ce que je trouve, câbles, cailloux, racines… A cause de la fatigue, il m’arrive de viser à côté, de louper la prise et de me trouver en déséquilibre précaire face au vide… brrrr…. Ressaisis toi !! En contre-bas je vois se rapprocher tranquillement une lueur. A la moitié de la montée, c’est Christine Bénard qui me rejoint, toujours 2 ieme féminine et qui prend la tête de la cordée. On discute et le temps passe plus vite. Ca y’est, le bosquet de bambous, les dernières marches et voici les réverbères de Dos D’Ane, ouffff, soulagement. On continue sur notre lancée ensemble. 30 min plus tard on arrive au stade, il doit être 2h du mat’, et les courageux parents de Sandrine sont là pour me ravitailler dans le froid de la nuit. Je m’enfile une part du délicieux cake de Sandrine fait avec amour pour l’ensemble de l’équipe.

 

 

 

Dos d’Ane à l’arrivée

Et on repart. On continue à papoter, Piton Bâtard est avalé, il ne reste plus que ces satanées marches à franchir. Pour le coup, je suis content qu’il fasse nuit pour ne pas avoir à courir là dedans.

 

 

 

 

Aux kiosques d’Affouches, la deuxième aube se lève, deux thés plus tard on repart, en trottinant cette fois sur la piste forestière. Dire que je l’avais faite en marchant l’année dernière… Le froid du petit matin me durcit les jambes et les articulations, dure la remise en route. Le chemins aux goyaviers est là, Christine s’élance dedans en galopant, je peine à la suivre. Je pourrais marcher, et m’éviter des douleurs supplémentaires, mais j’ai hâte d’arriver, d’en finir, de revoir Sandrine. Je m’accroche au rythme effréné de Christine, double encore un coureur et arrive au Colarado. Je profite de l’instant 5 minutes, car ça commence à sentir bon l’arrivée, les premiers rayons de soleil arrivent.

 

 

 

 

Je dis à Christine de filer, moi je vais y aller mora mora… Elle refuse et me motive pour finir ensemble, c’est sympa. On descend sur un gros rythme, mes pieds ne sont que douleur, je sens chaque gravier, chaque racine à travers mes semelles (j’aurais dû chausser mes hardrock !). Un coureur recolle et nous dit que ça revient derrière, alors, contents d’intégrer le top 50, on accélère encore pour défendre la place. Sandrine est là juste avant le pont !! La dernière ligne droite est un moment de grand bonheur, une larme de soulagement s’envole. Maud court avec moi ainsi que Sam qui a massé toute la nuit les premiers arrivants. Je franchis la ligne, derrière Christine également aux anges pour cette 2ieme place féminine inattendue, bravo à toi et merci !

 

 

Une édition 2007 à jamais gravée dans ma mémoire, vécue différemment de celle de 2006. Mon contrat est rempli, je souhaitais mettre autant de temps que l’année dernière, mais terminer un peu moins éprouvé : 31h35, tendinite au genou qui a tenu bon avec serrage de dents, et de bonnes ampoules. Le plaisir a été au rendez vous, c’est l’essentiel.

 

 

 

 

Ma surprise vient du classement : 47e scratch, 29e Senior. L’hécatombe d’abandon a aussi été importante devant.

Flo, un GRR sans problème au releveur, c’est génial !!! en plus tu peux marcher après !! ,o) C’est une petite revanche sur 2006, ou ce foutu pépin physique m’avait fortement handicapé.

Mais tout seul, je ne serais jamais allé au bout, un grand merci :

à mes collègues de course : Seb, Yann, Christine, Philippe, 

à nos ravitailleurs hors pairs : Flo, Jean Louis, Maud, Jean Yves, Didier, Parents de Seb, Béré,

 

à nos supporters de métropole : Béru, Clem, Nadège, Rom, Papa Maman Grand Frère Aurélie…

 

à ma Doudou avec qui je partage tous ces moments intenses

 

et bien sûr à toute l’équipe A2R, tous, coureurs, supporters et ravitailleurs autant que vous êtes !! Sans vous et la bonne ambiance de l’équipe, jamais je n’aurais eu le courage et  la motiv’ pour aller faire tous ces entraînements indispensables si l’on souhaite finir cette course de fous et de folles !

 

 

 

 



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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 16:51
 

Ça y est, le 15ème Grand Raid de La Réunion, le 7ème à titre personnel a rendu son verdict. Retour sur une course mythique...


2 400 folles et fous prêts à en découdre

Nous voilà tous réunis à Saint Philippe, il est 23h. Déjà une bonne heure que je discute fébrilement avec Geneviève. Faut dire que la quinzaine précédente a de quoi mettre le doute aux plus optimistes... Mauvaise grippe suivie d'une douleur à l'estomac des plus tenaces. J'essaie d'en faire abstraction, pas trop rassuré le Seb. Ça y est, les compères A2Riens sont là : Joël le vieux lion, Stef le Delebarre local, Raf le champion toute catégorie, Yan le tueur, Doc ... le doc (ouais, facile), Line, Marie Agnès et Geneviève, nos trois drôles de dames. Petite photo de famille, quelques mots rapidement échangés, la tension est palpable. C'est l'heure des incertitudes où tout est remis en cause. Le traditionnel contrôle des sacs débute avant de gagner timidement la ligne de départ au milieu de ces milliers de folles et fous. Quelques discours se succèdent, l'appel des favoris et c'est le gong. 0H, l'heure du doute... Yan est à mes côtés lors des premiers mètres, c'est la cohue, nous nous faisons littéralement propulser contre le muret, difficile de résister. La course part vite comme à son habitude, on cherche notre souffle avec Raf qui a recollé.


Cap Méchant - Foc Foc

Le rythme est régulier, chacun est appliqué à la tâche; ravitaillements fréquents, relâchement sur les faux plats. Tout va bien, quelques mots rapidement échangés, on est dedans. Raf prend quelques secondes d'avance pour refaire le plein, Yan et moi abordons le sentier de Foc foc tranquilles, dans les temps prévus. Le début de la montée est raide, on le savait, pas de souci, on gère... jusqu'à... cette panne. Je ne sens plus mes jambes, mes forces m'abandonnent et des étoiles apparaissent ailleurs que dans le ciel. J'essaie de me calmer, de m'alimenter mais là aussi, c'est la panne. Impossible de manger ni de boire quoique ce soit. La grimpette devient calvaire, je ralentis puis ralentis mais m'interdit l'arrêt, Tout ce qui est pris n'est plus à prendre. Les concurrents me passent les uns après les autres, même ceux qui défaillent se font la belle. Cauchemardesque ! Je me traîne, je ne m'alimente toujours pas et mon moral s'effondre. Arrivée à Foc foc au ralenti, le ressort s'est cassé.


Foc foc - Mare à boue

Le relief s'aplanit, je marche vite et reprends quelques concurrents. Ça a l'air d'aller mieux, j'ai pu boire un peu de coca mais mon estomac brûle, je sens qu'il se refuse à moi. Je relance, gère et parviens enfin au Volcan. La maman de Sandrine est fidèle au poste, elle me donne mes précieuses pommes de terre salées. Je mange enfin un peu, reprends quelques forces pour fondre vers Mare à boue. Cette partie de parcours du GR est ma préférée, terrain souple, relances agréables, paysages somptueux. Je prends enfin un peu de plaisir, il était temps. Mare à boue me tend ses bras ainsi que le papa et le frère de Sandrine épaulés de Bérénice. Ravitaillement court mais efficace, un peu de soupe et nada... Je repars avec un mental regonflé mais l'estomac creux, rien ne passe. Ma défaillance est derrière moi, du moins en suis je convaincu, maintenant, « à l'attaque »...


Mare à Boue - Cilaos

J'attaque le Kerveguen à la fraîche mais les sensations sont moyennes. Incapable de galoper, j'opte pour la marche rapide. La boue succède à la boue, quelques gouttes de pluie s'invitent à la fête, tout cela semble de bonne augure. Hélas, dès lors que la pente s'élève, je me sens à nouveau défaillir. Plus de jambes, plus de jus, plus d'envie, c'est le calvaire. Les concurrents me dépassent à la vitesse de l'éclair tout en discutant : « Oté, nou sa pa dor tèr la, accélèr un ti peu »... « lèss à mwin prend dé trwa foto »... Ouais, et moi qui pioche comme un damné pour lever les guiboles, ça en deviendrait presque vexant. La fin de la montée vers le gîte du Piton est un chemin de croix, je n'en peux plus et mon ventre crie famine tout en me faisant terriblement souffrir. Le mental est au plus bas, j'essaie de trouver des images positives : France - Allemagne de 82, non, pas bon, on paume aux pénos; France - Italie de 98, ouais, on a une chance de cocus... J'ai beau chercher, rien ne peut me sauver. Tiens, OM - VA de 92... et si on payait les 2 400 raideurs pour qu'ils feignent l'abandon ? Ok, je m'égare.

Je bascule vers Cilaos en me remettant en petites foulées, je vous rassure, dix petites minutes et puis s'en vont ! La machine semble cassée, je me sens vidé, épuisé, à bout de forces. Ma décision est prise, mon périple s'achèvera à Cilaos. Mon objectif cette année devait m'emmener dans les 30 premiers, je baisse les armes et capitule, je n'en ai pas les moyens sur cette édition, faut se résigner. Autant rentrer sagement et sans bobos à la case. Il me faudra près d'une heure et quinze minutes pour descendre le bloc puis trente bonnes minutes pour gagner le stade. Mes parents m'attendent et constatent les dégâts. Je m'écroule avec mes dernières volontés complètement épuisé, sans aucune ressources. Les rêves s'envolent, c'est dur, très dur, surtout quand on se prépare physiquement et mentalement depuis dix mois, qu'on se dit qu'on va le faire, que tout est question de volonté et qu'on se répète inlassablement :  « qui veut constamment peut forcément »; quand on organise une bonne partie de sa vie autour de cet objectif alors, oui, la déception est immense.

Je tente de faire le vide mais le coup fait très très mal. Je reste allongé, tout s'arrête... blanc... biiiip... censure... je garde pour moi les minutes qui suivent...Je dors, je ne sais combien... 2h30 m'apprend ma maman. Phil et Stef sont là, sereins, heureux de leurs périples. C'est géant. Je me lève, tâte mon côté de jambe, dossard toujours là. Je suis encore en course. Je réfléchis à peine, la décision est prise, je REPARS. Je veux aller au bout quelque soit le résultat, j'en ai trop bavé à Mayotte. La présence de mes deux dalons me rassure, il faut foncer sans tergiverser.


Cilaos - Roche Plate

Un fond de bol de soupe, toujours pas moyen de m'alimenter correctement, et ça repart... prudemment; la descente vers Bras Rouge est raisonnable, la remontée également. Je gère pour éviter la casse mais visiblement, les presque 4 heures de halte m'ont été bénéfiques. La deuxième partie vers la Taïbit se complique, les vieux démons ressurgissent. Mes jambes faiblissent, mon énergie s'amenuise au fil des kilomètres. Je stoppe chez les tisaniers et m'octroie une infusion « ascenseur ». Je repars avec difficultés, ce GR est décidément horrible. Je bascule enfin vers Marla puis retrouve le dernier ravitaillement diurne. Je m'assoies, récupère et miracle, parviens à manger pâtes et poulet. J'en aurai presque les larmes aux yeux. J'exulte ! La course va enfin pouvoir commencer... Ma ballade nocturne vers Roche Plate est agréable, les jambes vont mieux, je dépasse un à un les concurrents. La folle remontée démarre. J'arrive à Roche Plate, ravi de voir Flo et Jean Louis. Leur assistance est précieuse et le bonheur est dans le pré ! Leur simple présence me procure une joie immense, c'est du pur bonheur. Je me restaure, ça y est, mon estomac est redevenu mon allié. J'attaque le Bronchard le mors aux dents.


Roche Plate - Dos d'âne

La descente s'effectue lentement, la visibilité est réduite, le danger guette. Je franchis la rivière puis me lance vers 700 m de grimpette. L'envie et le plaisir sont présents, c'est bien l'essentiel finalement. Les séquelles de ma première moitié de parcours sont réelles, mon moteur a des râtés ! Pas grave, l'important est ailleurs. Mes enfants m'ont promi un accueil de champion à La Redoute, j'y serai... La nuit se rafraîchit, je m'arrête quelques minutes à La Nouvelle puis me lance à l'assaut du col de Fourche. C'est très très moyen, ma forme est petite mais mon mental à bloc : « bats toi, vas au bout, accroches toi ». J'ai dû ressasser cette phrase des centaines de fois. La descente vers Aurère s'amorce, je déroule avec des jambes lourdes. Il doit être 1h lorsque je rencontre Bérénice au ravitaillement du sentier Scout. Elle attend le Doc et m'apprend que Yan a déposé les armes ici même. Le coup est rude, énorme déception pour mon dalon avec qui je partage mes heures d'entraînements, avec qui j'échaffaude chaque jour un plan de course différent, avec qui je partage rêves et passions. Tout cela fait très mal mais c'est la course. Ces épreuves serviront un jour à nous dépasser, patience.

La descente vers Aurère est sympa, je trottine tout du long et me régale. La nuit sur Mafate est magique, j'éprouve un énorme plaisir d'être seul, ici. La petite grimpette sur Aurère fait mal, je ralentis la cadence. Marie et Nolwenn sont présentes au ravitaillement, cela fait du bien de les voir. Je me sens frais, ma remontée est étonnante (486° à Cilaos, 131° à Aurère). Le classement ne m'intéresse plus depuis fort longtemps mais avouons que l'égo se trouve ragaillardi. Les cailloux succèdent aux cailloux, une légère douleur au genou gauche m'incite à ralentir. J'atteins 2 bras sur une jambe (facile !) vers 4h30 et mes paupières deviennent plus lourdes que mes cuisses. Le repos devient nécessaire, je m'octroie 10' de sommeil dans une tente militaire où l'atmosphère est ronflante. J'avale un bol de riz,m'excuse auprès du militaire en faction de ne pas faire honneur à son plat - « pas grave, tu seras pas fusillé » -, puis me lance vers la terrible montée de Dos d'âne. Le jour se lève lorsque je franchis la dernière grosse difficulté du GR et il faut dire que curieusement, je suis bien ! Je respire profondément, hume ces subtiles odeurs du petit matin en me réjouissant d'être encore présent sur la course. J'arrive ti lamp ti lamp à Dos d'âne et retrouve ma dulciné, ça aussi s'est bon, même meilleur que les odeurs... L'arrêt est bref mais appréciable. Je m'essaie au cake salé, sans succès, décidément ce GR aura été celui de "la mal bouffe".


Dos d'âne - La Redoute

C'est la dernière ligne droite et quoiqu'il arrive ... je parviendrai à mes faims. Je me rassasie de ces nourritures spirituelles avant de m'attaquer au morceau de choix : Piton Bâtard. Les jambes tirent mais qu'importe, à cet instant précis, je suis l'homme le plus comblé de la terre. Bien loin de mes performances antérieures certes, bien loin de mes objectifs rêvés il est vrai, mais réjouis d'être là, tout simplement et fier de n'avoir pas « lâché l'affaire » à Cilaos où les bookmakers les plus optimistes me donnaient à 1 000/1 ! Les kilomètres défilent, je ne double plus grand monde excepté quelques éclopés qui achèvent leur chemin de croix. On échange des mots réconfortants, la solidarité des héros...

Le Colorado est déjà là, tout est vraiment question de relativité, et ma moitié également. Bruno m'encourage, ça fait chaud au coeur, d'autant qu'il doit être grandement déçu d'avoir jeté l'éponge lors du semi. Mes parents qui ont fait le déplacement depuis le sud pour m'espérer à l'arrivée sont également présents. Que du bonheur ! Un bisous à la sauvette de Cécile puis j'entame la dernière descente de la course, Colorado - La Redoute. Je hausse le rythme, malgré mes pieds qui brûlent, et savoure intensément chaque minute qui s'écoule. Elles sont importantes, je me régale à nouveau, seul face à moi même... 40 petites minutes plus tard et j'atteins le stade tant désiré, tant redouté aussi (facile !) et retrouve Katell et Renan qui acceptent de parcourir les derniers mètres aux côtés de leur papa. Sandrine, ses parents, Raf, Bruno, Valérie, mes parents, Cécile m'accueillent avec enthousiasme. LE PIED... finalement, faut pas grand chose pour être heureux !

L'aventure s'est donc achevée au terme de 34h et 34 minutes d'efforts extrêmes. Ma course n'est probablement pas celle dont j'aurais pu rêver mais je ne bouderai pas le plaisir d'avoir vaincu ce GR si coriace. J'adresse très sincèrement des millions de remerciements aux accompagnateurs et aux ravitailleurs sans qui rien n'aurait été possible. Je m'apperçois une fois encore de l'importance de leur rôle, chapeau bas à tous, on vous doit beaucoup.

 Cécile, Katell, Renan, Maman, Chris, vous comprenez, je suis sûr, à quel point ce sport est passion, il est en moi. Il me rend heureux et épanoui, il est un de mes moteurs de vie, c'est en lui que je puise bon nombre de mes ressources. Merci de votre patience, de votre tolérance et de m'autoriser à rêver chaque fois davantage...

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 14:34

 

 

 

 

151km d+/- 9200m… et quelques tonnes de boue sur les sentiers.

 

 

 

 

En 2000 j’avais fait 523ème en 32h41, en 2001, 317ème en 30h12, en 2002, 276ème en 30h39 et en 2006, j’ai bâché à 30 bornes de l’arrivée pour cause de tendinite aiguë d’un releveur, alors que j’étais sur des bases de 32h et à la 178ème position.

 

 

 

 

2007 s’annonçait donc un peu comme une revanche, avec le désir mélangé de bien faire sans me faire mal. Aller au bout restant la priorité.

 Une saison bien chargée volontairement, et quelques grosses sorties dans les 3 derniers mois me permettent d’envisager sereinement cette édition 2007 qui s’annonce particulièrement dure. Je n’ai aucun bobo, pas de début de tendinite à l’horizon. Juste un peu de fatigue à cause d’une grippe 3 semaines avant et les 3 dernières nuits avant la course qui ont été un peu courtes. Il y a du monde au magasin, et en plus de mon stress, je prends en pleine poire celui de mes clients qui arrivent à la dernière minute pour peaufiner leur équipement.

 

Line qui va faire son premier grand raid est aussi un peu sur les nerfs… Elle se plaint du dos, doute de finir, dit qu’elle n’est pas prête.

 

Jeudi 18. Je ferme la boutique vers midi et je rentre à la case. Un peu de riz chauffé, et au lit.

Je somnole vaguement aux côtés de Line, et nous décidons de nous lever vers 17h. Le départ est à minuit, et on a de la route à faire.

 

Je vais chauffer un café. Line m’appelle : son dos est bloqué. Lumbago .

Merde !

 

 

On appelle notre ostéo, y’a urgence. Il peut la voir à 18h30. ça tombe bien, il est à St Paul, là où des amis doivent passer nous prendre.

 

Je prépare nos bagages et nous descendons à St Paul. L’ostéo manipule prudemment Line et nous allons attendre notre taxi au bord de la baie de St Paul. Line souffre. Je l’allonge sur un banc et lui dit de souffler, de se détendre. La manipulation faite, il reste toujours les inflammations du lumbago.

 

 

En voiture vers le sud. Ça papote grand raid, et deux heures après nous arrivons à St Philippe.

 

Line a du mal à sortir de la voiture. Je lui conseille de rester allongée pendant  l’heure qu’il nous reste avant le départ.

Elle arrive ½ heure avant sur le stade. Elle a l’air d’aller mieux. Je suis très inquiet quand même.

Tous ces mois d’entraînement, toute cette préparation. Elle tient à prendre le départ, et avisera si ça se passe mal. Bravo ma Poupette, tu es très courageuse.

 

On remplie nos poches à eau et nous allons rejoindre la foule des raiders qui piaffent d’impatience. J’aimerai me poster plus vers l’avant, mais nous sommes arrivés tard et Line n’ose pas trop faire le forcing. On se retrouve donc en plein milieu de la foule.

 

10, 9, 8, 7 les premiers n’attendent pas et les fauves sont lâchés. On se retrouve emportés par la masse, broyés, comprimés. J’ai peur pour Line qui doit lutter des coudes et des épaules du haut de ses 1,55m…

On sort enfin du stade et on commence à trottiner sur la route nationale.

« ça va ma doudou ? Ton dos ? »

« C’est bon, mais c’est de la folie ce départ ! »

 

Je cours tranquillement à ses côtés pendant 2 kilomètres, et puis je décide de partir à mon rythme. Un bisou, quelques recommandations, et c’est parti.

 

 

Je suis arrivé maintenant au début de la route forestière. Une dizaine de km de montée régulière jusqu’à 600m d’altitude. J’applique la « méthode Cyrano » : 15’ de footing / 1’ de marche. Je double en permanence. Bonnes sensations, mais je suis très vite trempé comme une soupe. Il fait chaud cette nuit.

Au début du sentier, je prends le temps de refaire le plein, à l’écart de la foule, calmement. J’entame cette portion avec prudence. Il nous faut monter jusqu’au volcan, à plus de 2000m, en file indienne dans une ravine, sans possibilité de doubler ou presque. L’an dernier, j’avais laissé beaucoup de jus en essayant de dépasser coût que coûte. Prudence.

 

 

On sort enfin de la forêt, et le froid me picote le bout du nez. Je fais une pause vestimentaire.

 

J’enfile le bonnet, les gants et mon coupe vent. Un copain qui est en poste au volcan m’appelle et m’annonce 3° là-haut.

 

 

Petit à petit, le jour se lève. C’est magique. D’abord un trait rougeoyant à l’horizon sur une mer de nuage, puis une belle lumière qui vient inonder le site du volcan et réchauffer nos carcasses. C’est marrant, les coureurs se mettent à parler, imitant les oiseaux qui pépient autour de nous. Le jour se lève sur une grosse journée pour tout le monde. Je jette un coup d’oeil en contrebas. J’ai une pensée émue pour ma Poupette. Elle doit serrer les dents.

Allez ma Doudou ! ça va le faire.

 

 

Un gars est enroulé dans sa couverture de survie, livide.

 

« ça va ? »

« je me suis cassé la jambe, j’attends les secours… »

« ok, bon courage »

Dommage. Faut dire que ça glisse pas mal dans le coin, un vrai marécage par endroits.

 

 

Foc-Foc : ravito, km 23 et 2300m d’altitude. Une bonne chose de faite ! Nous sommes à présent au bord de l’enclos du volcan. C’est magique ! C’est pour moi la plus belle partie du raid. Je ravitaille, resserre mes chaussures, sors mon coupe vent et repars vers la route du volcan, prochain ravito, plus complet, où m’attend mon assistance.

 

 

J’ai un début d’ampoule au pied gauche. Chaussure mal serrée depuis le début. On verra ça plus tard. Je trottine, je relance doucement, je marche dans les petites bosses, je gère.

 

 

Route du volcan, km 31. 6h23’. Ça fait une bonne demi heure de plus que l’an dernier. C’est bien, c’est ce que je voulais. Ne pas trop bombarder sur cette première montée. Ce sera long pour arriver à St Denis ! Michel qui tient le poste informatique m’annonce 697ème.

 

 

Je retrouve notre poste d’assistance « A2R ». Maud m’aide à ravitailler. Je retrouve là Le Doc et Steph. C’est super ça ! Nous sommes en équipe tous les trois, et je trouve ça super de se retrouver là ensemble. Steph repart le premier et je lui emboîte le pas quelques minutes plus tard. Le Doc gère ses pieds. Je file.

 

La plaine des sables est toujours aussi belle et je savoure ces quelques kilomètres de plat relatif. Il y en aura peu jusqu’à l’arrivée.

Je gravis l’oratoire Ste Thérèse sans difficulté, au train. Enfin un peu de descente. Ça fait du bien à mes gambettes. Je trottine gentiment jusqu’au prochain ravito.

 

 

Piton Textor. Km 40.

 

 

Je retrouve là aussi une assistance. Hélène et son mari qui me passent mes affaires. Je décide de me poser un peu, et de soigner mon début d’ampoule. Steph repart quand j’arrive. Je sors mon collant, mes manchettes. Je mets une double peau sur mon début d’ampoule, je savoure un bon café tout en refaisant le plein de boisson et de gels. ½ heure d’arrêt. J’essaie de joindre Line, mais je tombe sur sa messagerie. Pas de réseau… Je repars avec Le Doc. Je le suis un moment, puis le double et file vers Mare à boue.

Mare à boue. Km50. 700ème. Il est 9h30.

 

Steph ravitaille. Je repars avec lui, alors que Le Doc décide de se pauser un peu. Je sors mes bâtons. Ils vont être très utiles dans l’interminable montée du coteau Kerveghen.

 

D’habitude, le coin est toujours un peu gras. Là, après 4 jours de pluie, c’est Verdun !

J’ai beau adopter un rythme de croisière, je sens que je pêche un peu. Steph part devant, je le rattrape quand ça bouchonne, mais il repart mieux. Je gère…

Cette portion va m’user les piles. J’arrive enfin au ravito.

  

 

Kerveghen. Km 59. 12h04.533ème.

 

 

Je ravitaille très vite car il fait froid, et j’ai hâte d’en finir avec cette montée. Il nous reste encore à gravir le sentier pourri qui nous mènera au point culminant de la course, au gîte du piton des neiges, à 2484m. Là, je suis carrément scotché. Pas de jus. Je me traîne.

Il me faudra pratiquement 1h pour faire ces 2,5km. Galère.

 

Arrivé au sommet je range mes bâtons pour la descente. Je préfère avoir les mains libres pour dévaler les 1100m de dénivelé négatifs qui s’annoncent.

Je connais bien cette descente. Technique sur son premier tiers, elle est très roulante après.

Bon, d’accord, d’habitude, c’est plutôt praticable, mais là, c’est gluant jusqu’en bas.

Je descends en souplesse. Je mettrai à peu près une heure pour arriver à la route.

Je bois un verre de coca, et je file sur Cilaos en alterne marche et course pour décontracter les muscles.

 

 

Cilaos. Km 69. 14h30. Je pointe 513ème.

 

Je retrouve notre assistance. Steph est là. Il va se poser un peu. Il y a aussi Seb qui dort sur une couverture. Il n’a pas pu s’alimenter correctement depuis le début. Ses parents veillent sur lui. Je prends une assiette de pâtes et un peu de jambon au ravito et je file me changer. Une bonne douche, un petit somme de 10’. Je change de chaussures aussi. J’enfile mes Hardrock de Montrail. Spécial Mafate.

 

Je repars après 1h07 de pause. Je traverse Cilaos et me dirige vers le sentier des porteurs. Et c’est parti pour la descente vers bras Rouge. Au début du sentier, un contrôle volant me permet de constater que je suis toujours dans les 500. C’est cool ça.

Je rattrape le Doc qui a fait lui aussi une bonne pause à Cilaos. Il m’apprend que Seb est reparti et que Steph ne devrait pas tarder. Décidément, notre équipe est soudée.

Au fond de Bras Rouge, je ressors les bâtons et attaque la remontée vers le pied du Taïbit avec le Doc. Il décroche très vite. Passage à vide. Je me traîne encore en montée. Décidément, je n’ai pas trop de jus aujourd’hui.

 

 

Pied du taïbit. Km 76. 17h16. 481ème.

 

Devant moi, une des grosses difficultés de la course : le col du Taïbit. D+ 800m. Je bois un thé, mange une banane et je repars au moment où Steph arrive. Il me rattrapera. Il m’annonce que le Doc est en vrac et galère dans la montée…

Je monte tranquille en poussant sur mes bâtons. Comme prévu, Steph me passe. Il est facile. Vas-y mon gars, tant que ça roule, avance ! Je double malgré tout quelques raiders et arrive enfin en haut du col. La nuit tombe à cet instant. Je me couvre et je bascule dans Mafate.

Mafate, mon terrain de jeu, mon cirque adoré. Le sourire revient.

Dans la descente, je double une bonne trentaine de gars. C’est un peu technique, et il fait nuit.

Moi j’aime bien.

 

 

Marla. Km 82. 19h24. 425ème.

 

 

Steph a attaqué un bol de soupe. Je m’en enfile un aussi, agrémenté d’un ou deux petits bouts de poulet grillé, assis au milieu de têtes un peu fatiguées. Steph repart.

« à tout à l’heure ! »

Descente technique jusqu’au lit de la rivière des galets. Il fait bon, je me sens bien. Je suis chez moi là. Bon, d’accord, je me plante en traversant une fois de trop la rivière, mais je reviens vite sur le tracé.

Trois roches. Petit ravito. Je repars avec steph. Il nous reste trois bosses à passer avant d’arriver à Roche Plate où nous attendent Flo et J.Louis, nos ravitailleurs de chocs. Il y aura aussi d’autres amis qui vont nous bichonner.

Décidément, Steph a la pêche et me distance de 5 minutes.

 

 

 

 

Roche Plate. Km90. 21h54. 363ème.

 

 

 

 

 

 

 

Là, c’est le grand jeu. On a droit à du boudin et des saucisses grillés ! Flo et J.Louis s’occupent de mon sac, changent mes pilent, tout en surveillant la cuisson des grillades.

Je me tape même un petit coup de rouge. P…n ! ça fait du bien. Merci les gars !

 

 

 

 

J’ai eu des nouvelles de Ma Poupette régulièrement, jusqu’à ce que son gsm rende l’âme. Plus de batteries. Mais elle avance, à son rythme. C’est bien, elle tient le coup. Elle va bientôt repartir de Cilaos.

 

 

 

 

Je file à la douche et me tape un petit somme de 10’. Steph en fait de même et nous repartons après 1h15 d’arrêt. Je me sens bien, mais Steph a sommeil.

Nous descendons  vers « fond Mafate », par le fameux Bronchard. Faut rester vigilant. Les à pics sont vertigineux. On double pas mal de monde là-dedans. Nous voilà à nouveau au fond de la rivière des galets. Après un peu d’équilibre sur les galets humides et une échelle à flan de rocher, on attaque la fastidieuse remontée vers La Nouvelle. Là, faut pas se déconcentrer.

Le sentier est étroit, à pic, en surplomb. J’ai toujours du mal avec la montée, mais Steph reste derrière et me fait la causette, histoire de ne pas s’endormir.

 

 

 

 

La Nouvelle. Km97. samedi 1h24. 358ème.

 

 

 

 

 

 

 

Tiens, on a gagné 5 places en s’arrêtant une heure au dernier ravito… Les raiders sont raides. La deuxième nuit va commencer son travail de sape.

Il fait à peu près 2 ou 3° ici, ça caille un max ! Une soupe, deux soupes, un café.

« on y va Steph ? »

« ….sommeil » marmonne-t-il.

« Allez, si tu cales là dans le froid, tu vas pas repartir de sitôt. »

« humf…. »

 

 

 

 

C’est reparti. Tiens, il y a là aussi Cédric, une connaissance du forum. Il repart avant nous.

A peine reparti, je décide de mettre un collant. Steph qui a peur de s’endormir debout continue. Je peine à relancer. Il « file ».

Je m’arrache péniblement dans la montée vers la plaine  des tamarins. J’y arrive enfin. Là le sentier traverse un plateau à la végétation fantomatique. Je crois voir des coureurs, ce sont des troncs d’arbres… Et puis je m’endors. Oui oui, là debout, en marchant. Pouf ! Extinction des feux. Je manque me casser la gueule et pose in extremis mon cul sur un galet.

Ben mon gars, là, t’es pas clair. Je m’enfile deux guarana, je grignote un peu de pâte d’amande, et je repars, prudemment. Merde alors ! c’est pas le moment de dormir là.

A quelques centaines de mètres un grand feu illumine le sous-bois. Quelques bénévoles de la Croix rouge se réchauffent au coin du feu et avec un bon Charrette. Steph est affalé de tout son long.

« je cale un peu là, j’ai trop sommeil »

Je m’allonge à côté du feu. C’est mouillé par terre, les bénévoles braillent comme des putois.

Pas envie de ça. Je dégage.

« steph, j’y vais, tu me rattrapera, comme d’hab »

 

 

Je me motive. Plus que quelques mètres d’ascension jusqu’au col de fourche avant de basculer dans le cirque de Salazie et embrayer sur 1600m de D- dans Mafate, via le sentier scout.

 

 

En haut du col le temps est superbe, le ciel étoilé, je n’ai plus sommeil. Un gars est en papillote dans sa couverture de survie…

« ça va ? »

« mouais, petite pause, je suis cuit »…

  Je bascule de l’autre côté. Oups, prudence, c’est gras par là, et je ne suis plus très frais. Mais je rattrape quelques zombies. A la route forestière, petit bivouac sympa. J’y retrouve un fournisseur qui tient le poste. Je bois vite fait un bon thé chaud et je repars.

  Col de bœufs / sentier Scout. Km105. 4h18. 309ème. 

 

 

 

La descente m’a ravigotée, mon classement aussi.

Tiens !? Bérénice, la sœur de Yan au poste de ravito.

«  Yan a arrêté, mal au genou »

« merde ! »

« j’attends Le Doc, alors autant me rendre utile »

Elle m’aide à ravitailler et je repars.

Je croise aussi Cédric.

« ça va ? »

« ça va, ça va »

Il repart tranquillement.

Un dernier petit bout de pain, et je file.

  Je me sens bien. Je connais bien le terrain. Ça descend et j’aime ça. Je sens en moi un semblant de pêche qui revient. Il serait temps ! Le randonneur du début de course a laissé (enfin !) la place au compétiteur.

Ça va chier !

Le jour se lève doucement pendant que je déboule dans le sentier scout. Je rattrape Cédric, apparemment pas trop à l’aise dans les descentes.

 Aurère. Km 113. 6h40. 283ème. Yes !

 Après une petite remontée bien casse-pattes, j’arrive avec joie au ravito.

Je me sens bien. L’an dernier, c’est là que ma tendinite m’avait obligé à l’arrêt définitif.

 

 Encore une assistance A2R. Je déleste mon sac d’une deuxième lampe inutile, de ma veste de pluie (il fait beau), et de deux ou trois conneries qui pèsent pour rien dans mon sac. 10’ minutes d’arrêt, et c’est reparti. Steph et Cédric arrivent ensemble.

Je fais remarquer à Steph que l’on peut encore passer sous les 40h de course. Allez, on y croit ! je file.

Ce nouveau let-motiv en tête, je dépose encore pas de mal de raiders dans la descente vers Deux Bras.

 

Deux-bras. Km123. 7h54. 252ème.

 J’arrive là remonté comme une pendule. Le timing de ce que je dois y faire est minuté.

Je me change, remplie ma poche à eau, mange une orange et une banane, et c’est reparti.

23’ d’arrêt.

Une petite traversée de rivière un peu délicate, et j’attaque la terrible remontée vers dos d’âne (d+ 800m). Je me tape un ou deux gels, histoire de pas me faire un hypo et j’essaie de monter régulièrement, sans à-coups. Passé la première partie jusqu’à l’échelle et les mains courantes, je me retrouve à l’ombre. Le sentier est agréable. Une légère brise me caresse le visage.

Je me déconnecte de la course. Je savoure. J’écoute les oiseaux, j’admire les feuillus. Je souffle. Ti lamp ti lamp comme on dit ici, j’arrive à l’église de Dos D’âne en 1h30.

Comité d’accueil A2R, ça fait du bien. « allez Joël !! » C’est Flore, la copine de Steph et René. Ce dernier m’accompagne jusqu’au stade où se trouve le ravito. Il fait une chaleur à crever, et après deux nuits blanches, j’accuse le coup.

 

 

Dos d’âne. Stade. Km 130. 10h24. 246ème.

 

 

J’ai du monde pour m’aider, c’est sympa. René, Hélène et son mari. Ils me félicitent, me donnent des bonnes nouvelles de ma Poupette. Je suis hyper crevé, mais content. Je sais que je vais finir, et que Line aussi, beaucoup plus tard, mais elle finira, je le sais. 

 

 

Je me restaure à l’ombre d’une tente. Je remarque une raideuse, Muriel Denis que je connais comme cliente, et aussi pour ses bonnes places sur les courses de montagne. Je ne la savais pas adepte du GRR. C’est son sixième m’apprend-elle …

On repart ensemble.

La remontée vers « roche verre bouteille » est un vrai calvaire en cette fin de matinée très ensoleillée. Un chemin de croix. Je marche à 2 à l’heure. Muriel papote et me raconte sa course. Mais comment peut-elle encore parler ?!

On en finit enfin avec ce raidillon, et nous voilà sur la crête. Une dernière bifurcation sur la gauche : en route vers St Denis ! On papote, mais on reste dans le tempo. Bon, d’accord, en montant « piton batard », plus personne ne parle : mais c’est le dernier escalier vers la délivrance ! Quelques raiders nous remontent.

« dis donc, on va pas se faire reprendre les places durement gagnées quand même ! »

« t’as raison, allez, en footing jusqu’à l’arrivée » 

C’est vrai que je n’ai plus besoin de la hargne du compétiteur pour avancer. Je sais que là, je suis pratiquement arrivé. Je savoure.

Colorado. Km145. 13h43. 233ème.

J’aime bien Colorado. C’est le dernier ravito, c’est l’arrivée moins une heure.

 

Muriel a tendance a jouer relâche. Je la booste un peu pour finir en trottinant 

Ça y est , on voit le stade, on entend les commentaires du speaker.

On passe sous le pont, une dernière ligne droite sur la route qui mène au stade. Comme c’est bon. J’ai les larmes aux yeux. Les spectateurs nous félicitent, nous encouragent.

J’aperçois ma sœur et mon beauf, on rentre enfin sur le stade. Plus que deux cent mètres.

Domi, Soul et Taz sont là et me félicitent. Je laisse passer Muriel devant, et on franchit la ligne.

 

La Redoute. Km150. 14h49, 38h49 de course. 233ème. (14ème V2 / 167)

 

Je remercie Muriel pour son agréable compagnie, j’embrasse ma sœur, les copains. Ça y est, c’est fini. Mais quelle aventure, quelle course !

 

Je pense tout de suite à Line qui doit encore être quelque part dans Mafate. Courage, courage !

 

Steph arrivera 50’ plus tard et Le Doc dans la soirée, à l’arrache.

Notre équipe est allée au bout, ça c’est top !

 

Cédric finira aussi dans la soirée.

 

Un grand coup de chapeau à Line qui finit en 55h et trois nuits sans dormir sur les sentiers défoncés de La Réunion.

 

Bravo Ma Poupette. Belle leçon de courage.

 

 

 

 

 

 

 

 

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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 12:24

 RAID DE L'YLANG

- La Course aux 7 erreurs -

C'est un angle quelque peu particulier que je choisis de prendre pour vous compter mes mésaventures Mahoraises vécues en ce triste et sombre jour du 29 juin 2007. Aussi, chers coureurs, voici les 7 erreurs à ne pas commettre si vous souhaitez, à l'inverse de votre serviteur, venir à bout du terrible Raid de l'Ylang de Mayotte.


Erreur n°1 : la préparation prime-t-elle ?

Si l'entraînement est une chose, il ne fait pourtant pas tout. Ma première grosse erreur aura été de penser que les seules heures d'entraînement consacrées à mon sport de prédilection suffiraient à elles seules à me garantir une arrivée sans souci. Eh bien non ! si la préparation est une composante nécessaire à la réussite de mes objectifs, elle n'est hélas pas suffisante.

Erreur n°2 : Fraîcheur et repos pour un cocktail détonnant...

Ce manquement constitue « l'erreur du débutant » par excellence. Prendre le départ d'une aventure longue d'une trentaine d'heures d'efforts solitaires avec la jauge d'énergie « sur réserve » et son stock de fraîcheur sur « +40°C » ne peut conduire qu'au chaos absolu. Sans vantardise déplacée, je me considère à ce jour comme un ultra trailer averti, et pourtant... Les signes précurseurs se sont fait connaître bien vite : fatigue du matin, séances d'entraînements difficiles, humeur irritable (merci Cécile), fébrilité, sentiment que vous courez après le repos sans jamais pouvoir vous en saisir...

 


 

 

Erreur n°3 : Un ultra trail de 145 bornes, facile ! Fingers in the nose...

Joël le vieux lion et Yan le fougueux guépard m'avaient pourtant mis en garde : « cette course est un véritable guet-apens où « snipent » des dizaines de coureurs embusqués, où chaque rayon de soleil te transpercent la peau, où l'atmosphère saturé te confisque les moindres molécules d'O2, un supplice orchestré par Mohamed II en personne ! ». Bon, ok, j'en rajoute un peu, ils parlent pas aussi bien mes dalons d'A2R mais qu'est-ce qu'ils rugissent fort... Revenons en au sujet, je m'égare... Je me remémore encore les heures qui ont précédé mon calvaire : « 3 tronçons de 8 heures, je la joue facile jusqu'à Miréréni puis j'attaque »; no souci ! « Pendant ce temps, Yan, tu te fais un brushing à Soha et un lifting à Bandrélé ». Des vacances quoi ! Ah, j'oubliais, « on se démerde quand même pour finir 3 et 4 , histoire de... » Ouais... Voilà une bonne leçon à retenir, une course de ce calibre, un ultra de 150 bornes, ça se respecte bordel, ça se gagne, ça se transpire, ça se supplice, ça se transcende bref ça SE MERITE.


Erreur n°4 : Lucidité mon amour, où étais tu ?

Y a des jours comme ça où rien ne semble fonctionner : erreur d'orientation 15' après le départ (perte d'une demi-heure environ), médaille porte-bonheur qui lâche au bout d'une heure, élastique de casquette qui rend l'âme en plein soleil de midi, kamel back mal fermé occasionnant une perte sèche de « mon précieux » ( et à peu près au même moment que la casquette...); bref, quand les éléments semblent s'être ligués contre vous et s'acharnent pour contre-carrer vos plans, il convient de garder « sang froid » et lucidité. Lever le pied, s'alimenter convenablement, boire plus que de raison et positiver mentalement en se disant que les choses ne pourront QUE s'arranger... Cette gestion du « tout va mal » constitue pourtant un de mes points forts, je ne m'affole que très rarement et parviens plutôt bien à garder le cap mais visiblement pas ce jour là. En voulant m'accrocher, me battre, me débattre, en découdre avec « cet ami qui me veut du mal », je n'ai fais qu'agrandir l'ornière dans laquelle je m'enlisais. Un peu à l'image des sables mouvants : au plus vous vous agitez, au moins vous survivez. Et en ce 29 Juin, j'y suis allé de « bon coeur » ! au firmament de l'astre RAMSES II (cousin de MAHOMED). Je me vois relancer le rythme, allonger les foulées sur les parties roulantes, épuiser peu à peu les quelques calories que mon corps semblait vouloir encore m'accorder.


Erreur n°5 : A la poursuite des dalons perdus...

Le grand classique mon Seb ! Dans le top 10 de la connerie, je le place volontiers en « number one ». Alors que mon début de course semblait aussi réussi que l'entâme de match de la France contre l'Angleterre lors de la coupe du monde de foot de 1982 (but dès la 45ème secondes), je me suis mis à vouloir suivre le rythme de mes deux dalons, Yan et raph, visiblement dans une bien meilleure forme physique ce jour là. Pas longtemps, je vous rassure, trois petites heures et puis s'en vont... et qui m'ont coûté très chères puisqu'à l'origine de crampes, fatigues et autres petits désagréments. Dans un ultra, seul compte votre propre rythme, n'écoutez que vos sensations rien que vos sensations et dites "inch allah".


Erreur n°6: Casser, oui, se déshonorer, jamais...

S'il est permis de réaliser un grand nombre d'erreurs sur un ultra (et ABDALLAH II pourra en témoigner), il en est une que je considère comme inadmissible : l'ABANDON. Attention, j'en appelle à la raison des dieux tout puissants, pas un arrêt contraint par une blessure meurtrissante, celle qui pourrait vous anéantir à vie. Non, moi je parle de l'abandon du « ras le bol », du « plus de jus », du « peux plus », du « je veux mon lit tout chaud et mon bol de cacao ». Cet abandon là me laisse un tel arrière goût dans la bouche (et pas que de chocolat), un tel sentiment de honte et de gâchis que je le dis haut et fort : PLUS JAMAIS CA.


Erreur n°7 : ...

Et si la 7ème erreur n'en était pas une, justement ? Si elle consistait à tirer de vrais leçons de cet échec, à repartir de l'avant en capitalisant l'arrière, en analysant au mieux les raisons d'une telle débâcle et en y apportant les améliorations qui s'imposent. Il n'y a pas d'échecs en ultras, seulement des expériences. Alors, chiche, rendez vous au prochain Grand Raid avec un Seb le couteau entre les dents et de la suite dans les idées...


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